"Personne n’a jamais vanté l’efficacité du Pentagone. Mais même ceux qui essayaient de justifier ses bavures et sa prodigalité ont éprouvé une honte terrible"..
L’incident lié au missile américain de type Hellfire livré par erreur à Cuba témoigne de l’inefficacité de la logistique militaire du Pentagone, qui n’a cessé d’accumuler les bavures ces derniers temps, a relevé le chroniqueur de l’agence Bloomberg, Tobin Harshaw, spécialiste dans le domaine de la sécurité nationale.
"Personne n'a jamais vanté l'efficacité du Pentagone. Mais même ceux qui essayaient de justifier ses bavures et sa prodigalité ont éprouvé une honte terrible", a-t-il souligné.
Preuve à l'appui, le chroniqueur de l'agence Bloomberg a cité plusieurs exemples de dépenses irrationnelles et impulsives de la part du Département de la Défense des États-Unis. En voici le palmarès.
En décembre dernier, des analystes de l'agence de presse ProPublica ont dressé la liste des projets américains menés en Afghanistan que l'inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Afghanistan (SIGAR) considérait comme inutiles ou douteux, voire comme un pur gaspillage, étant donné que leur montant total s'élève à 17 milliards de dollars. La Cour des comptes américaine a à son tour indiqué que la moitié des biens de l'inventaire du service logistique du Pentagone, estimés à 14 milliards de dollars, était devenue obsolète et inutilisable.
En mars dernier, le journal américain Washington Post a en outre révélé que le Pentagone ne parvenait pas à localiser une cargaison de munitions envoyée au Yémen, dont le montant s'élevait à 500 millions de dollars et dont une partie non négligeable aurait été détournée par le fils de l'ancien président.
Tous ces incidents, poursuit M. Harshaw, pourraient être liés aux vicissitudes de la guerre en Afghanistan, en Irak ou au Yémen, mais le missile envoyé à Cuba, un pays sanctionné par les États-Unis, constitue sans aucun doute un signe alarmant pour le gouvernement américain.
Les bavures commises par le Pentagone, poursuit le chroniqueur, ne s'arrêtent pas là, loin s'en faut. Ainsi, l'année dernière un laboratoire militaire situé dans l'Etat de l'Utah a envoyé par mégarde des enveloppes contaminées au bacille du charbon à des destinataires américains et étrangers. Quelques mois après, des échantillons de peste noire ont été retrouvés sur des enveloppes expédiées par une base militaire de l'État du Maryland.
En septembre 2013, plusieurs drones de surveillance américains ont été "perdus" soit en Afghanistan, soit sur le chemin du retour aux États-Unis. Huit mois plus tard, ils ont été retrouvés, par hasard, dans l'État du Texas.
En 2014, une entreprise militaire privée, ayant signé un contrat de 305 millions de dollars avec le Pentagone en vertu duquel elle s'engageait à expédier aux États-Unis 27.000 véhicules, n'est pas parvenue à en trouver une partie non négligeable dans sa base de données. Ainsi, 70% des voitures ont disparu ou ont été livrés avec un retard considérable.
En 2006, quatre têtes de missiles dotés d'ogives nucléaires ont été envoyées par inadvertance à Taïwan ainsi que plusieurs fusibles électriques pour missiles balistiques intercontinentaux.
En 2007, un bombardier de type B-52 doté de six ogives nucléaires a survolé pendant plusieurs heures le territoire des États-Unis. Dans un rapport secret dévoilé par la suite, le Pentagone estimait ne pas être en mesure de suivre simultanément les centaines de missiles de son arsenal nucléaire.
En guise de conclusion, M. Harshaw a souligné que le Congrès des Etats-Unis devait rapidement mettre en cause les services de transport du Pentagone, sans quoi les Castro se verront livrer de nouveaux Hellfire.