23-11-2024 10:56 AM Jerusalem Timing

Le Hezbollah dément le Time : son entretien est une fabrication du TSL

Le Hezbollah dément le Time : son entretien est une fabrication du TSL

Le magazine américain dont les manipulations ne manquent pas a prétendu avoir effectué un entretien avec un des présumés accusés par le TSL.

Le Hezbollah a catégoriquement nié que l’un de ses membres accusés à tort par le Tribunal spécial pour le Liban a accordé une interview au magazine américains Time, dans lequel il s’est défendu d’être impliqué dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

«  Cette histoire est une pure fabrication du Tribunal international » a accusé un communiqué du Hezbollah, affirmant que l’entretien n’a pas eu lieu.

«  Il n’y a jamais eu de rencontre, de réunion ou d’interview avec aucune source responsable du Hezbollah, ni avec aucun des quatre recherchés », assure le Hezbollah.

Le quotidien britannique avait publié jeudi ce qu’il a présenté être un entretien avec un des quatre résistants accusés à tort par le TSL, précisant que celui-ci avait eu lieu dans la maison d’un responsable du Hezbollah, que l’interviewé en question était arrivé seul à mobylette, et qu’il avait mis comme condition de rester sous couvert de l’anonymat, après avoir toutefois révélé au journaliste sa véritable identité, en lui montrant sa carte.   

Traduction d’AsSafir

Le quotidien libanais  AsSafir  a ce samedi diffusé la traduction de ce soi-disant entretien.
Question : pourquoi avez-vous accepté d’effectuer cette interview ?
Réponse : parce que je voudrais adresser un message au monde entier que je n’ai pas participé à l’assassinat de Rafic Hariri. Toutes les accusations proférées contre moi sont fausses.

Q: Mais que pouvez dire sur l’analyse des datas de communications ?
R : Tout le monde sait que le Mossad israélien peut manipuler le data de téléphonie mobile à l’aide de ses agents au Liban. Certains de ces collaborateurs ont présenté des preuves claires sur cette question, après avoir été arrêtés. Ils ont reconnu qu’Israël pouvait manipuler les datas du réseau de communication. Si le tribunal international s’était basé sur des preuves réelles, je me serais rendu dès le premier jour.

 

Q : permettez-moi de retourner au jour de l’assassinat. Ou étiez-vous le 14 février 2005 ?
R : J’étais en mission militaire et donc je ne peux révéler ou je me trouvais. Mais je vous assure que j’étais loin du Saint Georges à une distance d’une heure et demie, et je peux le prouver.

Q : donc vous niez votre participation dans cet acte terroriste ?
R : Bien sûr. J’ai été choqué par l’info sur l’assassinat de Hariri. On s’est arrêté un ami et moi dans un café pour suivre l’affaire via une télévision. Le lendemain, je me suis rendu au travail, comme de coutume, et j’ai rencontré mes collègues. Si j’avais participé comme ils le disent à ce crime, j’aurais pris de mesures de précaution au moins.

Q : Après la formation du tribunal, est-ce-que vous vous attendiez à figurer parmi les quatre accusés ?
R : Pendant longtemps, la Syrie est resté l’accusé numéro un dans cet attentat ; et elle a fait l’objet de pressions et de sanctions de la part de la Communauté internationale. Et lorsque la Syrie fut disposée à collaborer avec la Communauté internationale, c’est le Hezbollah qui est devenu l’accusé. Et nos noms ont figuré parmi les assassins.

Q : Tans que vous êtes persuadé de votre innocence, pourquoi vous ne vous rendez-pas au tribunal international ?
R : Je ne me soumettrai pas à un tribunal dont l’objectif principal est de mettre fin au Hezbollah, et non de découvrir les véritables criminels. C’est un tribunal politisé. Et ce de l’aveu de nombreux de ses membres. S’il avait vraiment voulu découvrir la vérité, il aurait cherché ailleurs qu’au Liban. Qu’il dépêche ses enquêteurs vers des états voisins, et ils trouveront les vrais suspects dans ce crime.

Q : Vous voulez dire la Syrie ?
R : Bien sûr que non ! Ils devraient se rendre en Israël qui détient le leitmotiv pour l’assassiner, et qui a le plus intérêt à le faire. Vous ne voyez pas que c’est lui et ses alliés à qui profitent ce crime.

Q : Pensez-vous que le Hezbollah peut vous livrer au tribunal ?
R : si j’avais été coupable, il l’aurait fait dès le premier jour. Je le dis une fois pour toute : je suis innocent de toutes les accusations adressées contre moi.

Q : Et les autorités libanaises sont en train de vous rechercher.
R : Les autorités libanaises savent très bien mon adresse. Si elles avaient voulu m’arrêter, elles l’auraient fait depuis longtemps. Tous simplement, elles ne peuvent pas le faire.

Q : Quel est selon vous le destin du tribunal ?
R : Dès le premier jour qu’il a été politisé, il a perdu sa crédibilité. Je suis certain qu’il va continuer son travail. Mais le Liban ne respectera pas es décisions. Si la communauté voudrait éliminer la résistance, la Syrie et l’Iran, il devrait chercher d’autres moyens.

Q : Quels sont vos projets futurs ?
R : Je vais poursuivre le cours normal de ma vie.

Remous au gouvernement

Cet article a suscité des remous au sein du gouvernement libanais. Le ministre de la justice Shakib Kartabaoui a contacté le procureur général le juge Said Mirza, lequel a nié catégoriquement savoir le lieu de résidence des quatre accusés. Mirza s’est engagé à demander des clarifications et à entamer les mesures juridiques adéquates pour connaitre l’identité de la personne interviewée par le magazine britannique.

La colère ciblée de Hariri

A noter que le chef du courant du Futur n’a pas manqué de profiter de la publication de cet entretien pour fustiger le président de la république Michel Sleimane et le Premier ministre Najib Mikati et les accuser d’être impuissants face au Hezbollah.

«  Il semble que personne de tous ceux-là (le Premier ministre et les membres de son gouvernements) ne veulent entendre, lire, voir, ou même parler ; c’est la politique des oreilles bouchées et des têtes enterrés dans le sable face à tout ce qui est lié au Hezbollah. Sa mainmise sur les décisions gouvernementales et sur la – du pouvoir au Liban est de mise, et personne ne peut contredire l’opinion, les directives ou la volonté du guide suprême de la république libanaise » a-t-il lancé d’un ton moqueur, dans un communiqué.

 

Selon lui, ce qui a été révélé dans le Times est très grave, car c’est «  une déclaration claire et nette de la part du Hezbollah que l’état libanais, (…) n’a qu’une seule fonction celle de couvrir ses infractions et les violations qu’il commet à l’encontre du Liban et des Libanais ».

Hariri a accusé le gouvernement libanais d’avoir deux visages et deux langages. Et de préciser : «  un langage adressé aux Libanais et à la Communauté internationale, pour justifier son incapacité à remplir les engagements du Liban donnés au TSL, et un autre langage à travers lequel il prend les décisions visant à saborder le parcours du tribunal, et à protéger les accusés… ».

Pourquoi cette nouvelle manipulation du Times

La question s’impose.

Force est de constater que l’agence France Presse, à l’instar de Hariri, a mis en exergue dans ce faux entretien les assertions selon lesquelles les autorités libanaises étaient bel et bien au courant du lieu de résidence de ce présumé accusé et s’abstiennent de l’arrêter car elles ne peuvent le faire !

Il semble fort que l’objectif de cet entretien monté de toute pièce est de mettre sous pression les autorités libanaises, tout en mettant en cause ses dires qu’elles ne savent pas où se trouvent les présumés accusés.

Etant de mèche, Hariri l’a bien compris. Curieusement son communiqué néglige sciemment les autres parties du faux entretien dans lesquelles les accusations d’implication dans l’assassinat de son père sont démenties.