23-11-2024 09:33 AM Jerusalem Timing

Pour la presse française, Erdogan paie "le prix de l’ambiguïté"

Pour la presse française, Erdogan paie

Au lendemain de l’attentat qui a frappé la Turquie, la presse française appelle le président turc à clarifier ses positions face aux terroristes.

Après l'attentat-suicide, attribué par le gouvernement turc au groupe État islamique (EI), qui a fait dix morts mardi à Istanbul, la presse française estime mercredi que le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan paie « le prix de l'ambiguïté » et que son pays est la « poudrière de l'Europe ».

Pour Libération, la Turquie est devenue « la poudrière de l'Europe ». « Longtemps, les islamo-conservateurs turcs au pouvoir ont considéré que les djihadistes étaient de très efficaces combattants contre le régime de Bachar el-Assad, dont le renversement était leur priorité, mais aussi contre les Kurdes », rappelle Marc Semo, qui souligne qu'Ankara « a vraiment commencé à combattre l'État islamique l'été dernier ».

Raymond Couraud, de L'Alsace, pense qu'Erdogan paie « le prix de l'ambiguïté ». « Le leader turc a-t-il vraiment pris la mesure exacte du péril ? » s'interroge-t-il. « Erdogan est traité en ennemi par l'EI au même titre que nous », constate Philippe Gélie, du Figaro. « Si déplaisant que cela lui paraisse, il n'a qu'un moyen de sortir de la nasse où il s'est jeté : s'enrôler pour de bon dans la bataille que mènent déjà ses alliés de l'Otan en renonçant à ses illusions et à ses compromissions. »

« Le ver est dans le fruit turc »

« La Turquie a longtemps joué un rôle ambigu sur le théâtre syrien, entre opposition au régime d'Assad et guerre civile contre les Kurdes », analyse Jean-Louis Hervois, de La Charente libre, qui pense lui aussi qu'elle « en paye à son tour le prix ». L'EI « attirera toujours une cohorte de frustrés à la recherche de sensations fortes », affirme Patrice Chabanet, du Journal de la Haute-Marne, qui déplore également « le double jeu de la Turquie ».

Denis Daumin, dans La Nouvelle République du centre ouest, dénonce « toutes les ambiguïtés du régime islamo-conservateur d'Ankara, allié des uns, soutien des autres, client des troisièmes ». « La Turquie fait désormais figure de cible », note Xavier Brouet (Le Républicain lorrain) , pour qui les attentats en Turquie « démontrent ici l'inanité de toute compromission avec l'État islamique ».

Soulignant lui aussi que le président turc a longtemps dansé « le tango entre son allié américain au sein de l'Otan et une bienveillance relative vis-à-vis des bouchers de Daech », Alain Dusart, de L'Est républicain, relève que 21 % des Turcs « estiment que Daech représente l'islam ». « Le ver est dans le fruit turc ! » déduit-il.

Source: Le Point