22-11-2024 03:19 PM Jerusalem Timing

Geagea soutient Aoun pour la présidence libanaise: état des lieux

Geagea soutient Aoun pour la présidence libanaise: état des lieux

Le Hezbollah est au courant des contacts en cours entre les Forces Libanaises et le Courant patriotique Libre.

Lundi, le chef des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea a soutenu la candidature à la présidence libanaise du chef du Courant Patriotique Libre Michel Aoun .

Ce fait inattendu a mélangé les cartes sur la scène politique libanaise. D’après le journal libanais al-Akhbar, Saad Hariri, le chef du courant du Futur  est le grand perdant : il a perdu et son allié Samir Geagea, ainsi que celui dont il a soutenu la candidature à la présidence, Sleimane Frangiyeh.


Les milieux politiques proches de Geagea confient à al-Akhbar que la décision surprise découle « d’une lecture profonde de la conjoncture locale, régionale, et internationale. Geagea a décelé des changements de la conjoncture, et a pris alors l’initiative sans aucune couverture régionale ou internationale ».

Sur le plan politique interne, tout porte à croire que Samir Geagea n’a point profité des Hariri au cours de dix années d’alliance. Le dernier exemple en date s’illustre par le soutien que celui a porté à Sleimane Frangiyeh, bête noire des FL, pour occuper le poste vacant de la présidence.

Sur le plan international, Geagea observe comme tout le monde l’échec du plan de renversement du président syrien Bachar el-Assad, un échec confirmé avec l’intervention directe russe en Syrie et l’accord nucléaire mis en application entre les Etats-Unis et l’Iran.

Quelle est la portée de l’initiative de Geagea ?

Selon al-Akhbar, la nomination du général Aoun permettra à Samir Geagea de renforcer son statut politique sur la scène chrétienne, lui qui vient de perdre le soutien des partisans du Courant du Futur.

Ainsi, Geagea ne dépendra plus du Futur dans tout scrutin électoral prévu. Au contraire, le Futur aura besoin de s’allier avec les FL pour garantir une majorité parlementaire, quelle que soit la loi électorale adoptée.

Donc, après dix ans de marginalisation, Geagea s’est imposé en tant qu’acteur politique sur la scène libanaise.

Citant des sources fiables, le journal al-Akhbar rapporte que l’Arabie Saoudite et le Futur ont tenté de dissuader Samir Geagea. La dernière tentative a eu lieu deux jours auparavant, lorsqu'un haut responsable saoudien l'a contacté. Mais en vain.

Qu’en est-il des deux camps politiques 8 et 14 mars ?

S’agissant du camp du 8 mars, le Hezbollah était parfaitement au courant des contacts entre Aoun et Geagea, par le biais de Gibran Bassil. Des sources éminentes du camp du 8 mars rapportent que pour le Hezbollah, Michel Aoun est plus proche que jamais de la présidence. De plus, le Hezbollah estime qu’en fin de compte le courant du Futur va se résigner, et acceptera la candidature de Michel Aoun, rapporte-t-on de même source.

Quant au chef du Parlement Nabih Berri, il préfère toujours accorder son soutien à la candidature de Sleimane Frangiyeh . « Que personne ne mise sur la capacité du Hezbollah à nous convaincre de changer de position. Si Frangiyeh décide de retirer sa candidature, nous allons le convaincre pour la maintenir », indique une source proche du chef du Parlement.

Passons au camp du 14 mars. Saad Hariri avait dit à Michel Aoun qu’il le soutiendrait s’il  acquérait le soutien des chrétiens. Cette fois, Aoun a obtenu le soutien de la majorité chrétienne, avec une couverture ecclésiastique. Hariri tiendra-t-il à sa promesse ?

Pour les phalangistes, la suspicion règne. « Pourquoi Geagea a choisi ce timing pour faire cette annonce ? ». Des sources du parti des Phalanges admettent au journal al-Akhbar : « Notre parti œuvre essentiellement pour un consensus chrétien. Mais deux parties ne peuvent pas réduire la rue chrétienne, à l’instar des deux parties chiites ».

Bref, pour les phalangistes, l’image est toujours confuse.

Le député Walid Joumblatt a quant à lui déclaré qu’il tiendra une réunion avec son bloc parlementaire avant de prendre position. Des sources proches rapportent qu'il estime que « l’accord des maronites constitue un danger plus grave que leur désaccord ».