PHRI a condamné l’utilisation par Israël de la détention administrative.
Les autorités israéliennes d’occupation ont décidé d’alimenter de force le gréviste de la faim palestinien Muhammad al-Qiq, en violation de l’éthique médicale, a déclaré mardi l’organisation Physicians for Human Rights Israël (PHRI).
Dans un communiqué, le groupe a appelé les médecins de l’hôpital HaEmek à Afula à « cesser le traitement forcé (sur al-Qiq) et de stopper les pressions exercées pour qu’il mette fin à sa grève de la faim. »
La porte-parole Lital Grosman a souligné que le traitement forcé restait différent du gavage, une pratique controversée approuvée par les députés israéliens en juillet de l’année dernière et que les médecins israéliens ont jusqu’à présent refusé de mettre en œuvre.
L’annonce de PHRI survient un jour après que l’un des avocats du groupe ait visité al-Qiq. Le journaliste âgé de 33 ans et originaire du sud de la ville de Dura en Cisjordanie, est en grève de la faim depuis 55 jours pour protester contre sa détention administrative - un internement sans procès ni accusation.
PHRI a déclaré qu’il était « clair » que al-Qiq avait été « parfois soumis à un traitement médical contre sa volonté et sans son consentement, en violation de l’éthique médicale et de la loi sur les droits du patient. »
Il a déclaré que le gréviste de la faim avait été « relié contre sa volonté à une perfusion de sel et de vitamines, et qu’on lui a fait une prise de sang avec la permission du comité d’éthique de l’hôpital ».
« Al-Qiq a été attaché à son lit et immobilisé de force par les gardiens de prison, tandis qu’un membre du personnel médical faisait la perfusion. Pendant quatre jours, al-Qiq est resté attaché à son lit, relié à la perfusion, demandant en vain qu’elle soit retirée. »
Le jeudi, PHRI a fait savoir que les médecins ont enlevé le goutte à goutte et ne l’ont pas ré-administré. Toutefois, les médecins ont tenté vendredi de faire pression sur Al-Qiq pour qu’il brise sa grève en prenant une boîte de nourriture liquide.
PHRI a déclaré que ces mesures « contredisent les déclarations de l’Association médicale mondiale sur les grévistes de la faim, auxquelles le personnel médical en Israël est engagé, ainsi que la Déclaration de Malte qui interdit à la fois les pressions pour mettre fin à une grève de la faim et le traitement médical forcé. »
La porte-parole a également cité la Déclaration de Tokyo, qui « interdit la participation des médecins à la torture, y compris l’alimentation ou le traitement forcés des grévistes de la faim. »
PHRI a déclaré aussi que ces actions ne suffisaient pas en soi à « casser » la grève de la faim d’al-Qiq et ne constituaient pas un gavage, mais qu’elles « constituent des violations importantes de l’éthique médicale. »
Malgré les assurances de l’hôpital qu’il « n’avait aucune intention ou désir de ’gaver’ ses patients », Grosman a exprimé des inquiétudes que les médecins continuent de faire pression sur al-Qiq pour qu’il rompre sa grève. « Nous espérons que le personnel médical respectera ses souhaits, » dit Grosman.
Le groupe a ajouté que le service pénitentiaire israélien n’avait jusqu’à présent pas répondu à une demande pour qu’un médecin indépendant soit autorisé à voir al-Qiq.
Des groupes de défense des droits de l’homme et des experts médicaux considèrent que le gavage équivaut à la torture, et l’Association médicale israélienne avait souligné l’an dernier que ses médecins devaient « continuer à agir conformément à l’éthique médicale, qui interdit aux médecins de participer à la torture de prisonniers. »
Le lundi, PHRI et l’association Addameer ont présenté une pétition « demandant de mettre fin à l’immobilisation d’al-Qiq à son lit, en faisant valoir qu’il ne pose aucun danger ni ne pouvait pas échapper, et qu’il n’y a aucune justification à le maintenir attaché. »
PHRI a condamné l’utilisation par Israël de la détention administrative - la décrivant comme « la base de cette grève de la faim et des précédentes » - et a appelé à la libération immédiate de al-Qiq.
Ces derniers mois, Israël a considérablement augmenté son utilisation de la détention administrative, avec le nombre de détenus restant sans procès et accusations passant de 340 en septembre à près de 660 à la fin décembre.
Source: Info-Palestine