L’efficacité des antibiotiques est sérieusement affectée
Plus de 80 grands groupes pharmaceutiques et de santé ont appelé jeudi à Davos à coordonner les efforts pour lutter contre la résistance des super-bactéries, un sujet de préoccupation croissante dans le monde, et demandent la mobilisation de fonds publics.
Cette déclaration faite au Forum économique mondial est signée par de grandes sociétés du secteur telles que le français Sanofi, les suisses Novartis et Roche ou encore les géants américains Pfizer et Merck & Co, qui appellent à faire un meilleur usage des antibiotiques.
L'efficacité déclinante des antibiotiques inquiète de plus en plus la communauté scientifique.
Fin novembre, des chercheurs chinois ont par exemple annoncé avoir découvert un gène rendant inefficace certains antibiotiques donnés en dernier recours quand les autres traitements ont échoué, relançant les craintes que des infections aujourd'hui traitables puissent recommencer à tuer.
"Nos résultats sont extrêmement inquiétants", soulignait le Pr Liu Jianhua, de l'Université agricole de Canton.
Les groupes pharmaceutiques signataires de l'appel ont également demandé aux gouvernements de soutenir financièrement le développement de nouveaux antibiotiques.
Les signataires, qui incluent également les géants britanniques AstraZenaca et GlaxoSmithKline ou la société française de diagnostics Biomérieux, ont également dit soutenir le plan d'action mis en place par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour préserver l'efficacité des antibiotiques.
La résistance grandissante des bactéries aux antibiotiques est une priorité majeure pour les systèmes de santé, ont souligné les signataires de cette déclaration.
Ces médicaments, aujourd'hui tenus pour acquis, sont absolument nécessaires pour soigner des infections mortelles mais également indispensables pour des procédures telles que les transplantations, les chimiothérapies ou encore le traitement du VIH.
Leur sur-utilisation accélère cependant l'émergence de micro-organismes résistants, qui entraînent une perte d'efficacité de ces "médicaments miracles", pointe l'OMS sur son site
"L'industrie pharmaceutique, et la société dans son ensemble, ne peut pas se permettre d'ignorer la menace de la résistance des antibiotiques", a déclaré Lord Jim O'Neill, qui était en charge d'une vaste rapport sur la résistance des antimicrobiens, cité dans un communiqué.
Cet engagement constitue "une étape majeure" pour revitaliser la recherche et développement, a-t-il ajouté, tout en saluant les engagements pris par les sociétés pharmaceutiques.
Selon ce rapport, les infections découlant de la résistance à ces médicaments pourraient entraîner quelque 10 millions de décès supplémentaires par an d'ici 2050 et coûter jusqu'à 100 trillions de dollars à l'économie si ce problème n'est pas résolu.
Malgré des milliards investis au cours des vingt dernières années, aucune nouvelle classe d'antibiotique pour les bactéries dites à gram négatif n'a été homologué au cours des 40 dernières années, ont pointé les signataires de la déclaration.