L’ambassadeur saoudien en Irak a tenu des propos suspicieux sur les véritables intentions saoudiennes pour l’Irak.
Rien ne freine les efforts américains visant à exécuter leur projet de division de l'Irak. Sous une couverture internationale et avec le soutien des pays du Golfe, à leur tête l'Arabie Saoudite, un projet de division de l'ouest de l'Irak s'amorce.
L'attisement de la haine confessionnelle est l'outil favori auquel ont recours les pays du Golfe pour justifier toute politique en ce sens.
Exploitant les incidents qui ont eu lieu dans la ville de Meqdadiya, située dans la province de Diyala, les médias saoudiens et qataris osent tout: brandir le slogan mensonger de "l'oppression contre les sunnites", prétendre que cette ville est assiégée par les "milices chiites", imputer à la plus haute instance religieuse chiite du pays la responsabilité des incidents du 12 janvier en cours.
Ces médias, à l'instar de la chaine de télévision qatarie al-Jazeera, disent détenir des témoignages et des aveux sur des atrocités commises suite à la destruction de mosquées dans la deuxième plus grande ville de Diyala.
Mais ces mêmes médias n'ont présenté à l'opinion publique aucune preuve tangible. Ils prétendent que des décapitations ont lieu en pleine rue, que des vieillards sont foulés aux pieds, que des hommes sont menottés aux minarets des mosquées avant de les faire exploser.
Tout est exposé verbalement sans aucune vidéo, photo ni enregistrement sonore à l'appui.
L'objectif de ces allégations mensongères: convaincre la population que les forces de la mobilisation populaire sont un groupe aussi terroriste que la milice wahhabite Daech.
Que s'est-il passé effectivement dans la ville?
D'après des informations citées par le journal libanais al-Akhbar, des hommes armés habillés en noir ont mis le feu à sept mosquées et brûlé plusieurs magasins. Ils ont tué dix personnes, certaines ont été exécutées dans les rues.
Tous ces incidents sont survenus, selon ces médias, au lendemain de deux attentats suicides revendiqués par Daech et qui ont fait des dizaines de morts et de blessés parmi les chiites de la ville.
Condamnations en bloc
Ces développements ont poussé le Premier ministre irakien Haydar Abadi à visiter la province de Diyala pour rencontrer des dirigeants sécuritaires au centre du commandement du Tigre.
S'en est suivie une deuxième visite d'Abadi après le déploiement de renforts militaires à Meqdadiya. Il avait alors évoqué dans un point de presse que Daech possède des agents qui "s'empressent de faire exploser les mosquées après chaque attentat afin d'aiguiser les divisions" communautaires.
"D'aucuns veulent nous faire plonger une nouvelle fois dans la scission, mais ils ne réussiront pas", a-t-il martelé.
Les déclarations d'Abadi ont été précédées par les positions du porte-parole du comité des forces de la mobilisation populaire, Ahmad al-Assadi, qui a précisé que les incidents de Meqdadiya n'ont pas lieu sur fond confessionnel, parce que "tout un système régional, international et intérieur dirige le processus de déstabilisation".
Des politiciens irakiens sont allés dans le même sens: "Certaines parties tentent de mélanger les cartes pour brouiller les projets nationaux en jouant à l'escalade à Diyala", alors que d'autres ont indiqué que "d'aucuns exploitent la bataille contre Daech pour exécuter un agenda horrible fondé sur la division communautaire qui entrainera le pays dans une guerre destructrice".
A Diyala, les notables s'en sont pris aux tentatives de certaines forces politiques d'internationaliser les derniers incidents dans la ville, appelant "les politiciens d'hôtels qui ont joué le rôle primordial dans la catastrophe de Meqdadiya en juin 2014, à se taire".
Et de poursuivre: "Nous avons surmonté une division horrible ces derniers jours. Les sunnites et les chiites aspirent à vivre ensemble".
Pour le secrétaire du conseil de la province de Diyala, Khodor Obeidi, "Daech tente d'aiguiser la division après ses revers cuisants à al-Anbar".
Une membre du conseil de la province, Amal Imrane, est allée dans le même sens: "Des intrus cherchant à déformer l'image des forces de la mobilisation populaire sont responsables de ces actes" terroristes.
Trois pistes
Face à ce qui a précédé, on peut établir trois constats: soit les miliciens de Daech ont commis ces agressions dans le but de provoquer la zizanie entre les habitants multiconfessionnels de Diayala, soit des groupes opposés aux forces populaires ont fait exploser les mosquées pour faire croire que les "milices chiites" se vengent des sunnites, ou encore que des factions non liées aux forces populaires ont commis les exactions de Meqdadiya.
Dans tous les cas, il est clair que les forces accusées à tort "de couvrir les actes des assaillants", surtout la marjeiya, se sont efforcées de calmer la situation. Mais la dégénération de la situation démontre que certaines parties sont décidées à provoquer l'escalade. Une décision qui serait liée à l'ensemble des développements régionaux.
Des outils irakiens au service de leurs maitres
Sur le plan politique, les forces alliées de l'Arabie Saoudite riment avec la campagne médiatique des pays du Golfe.
"L'Union des forces irakiennes", le plus grand bloc sunnite d'Irak, a décidé de boycotter les séances parlementaires et gouvernementales pour protester contre les incidents de Meqdadiya.
Bien que les représentants de cette union aient tenu une réunion avec le représentant onusien, qui leur a transmis des assurances de la part du Premier ministre et du chef de l'organisation Badr qui chapeaute les forces de la mobilisation populaire, l'alliance des forces irakiennes s'est dit décidé à "réclamer une protection internationale de la province de Diyala".
Une demande similaire a été formulée par la soi-disant commission suprême chargée des affaires des provinces sunnites.
Celle-ci a imputé aux forces de la mobilisation populaire la responsabilité des meurtres et des expulsions à Diyala.
Même son de cloche chez Tarek Hachémi, ancien vice-président irakien condamné à mort pour son soutien aux actes terroristes. Ce dernier a appelé les pays du Golfe, et surtout l'Arabie Saoudite, à prêter main forte aux sunnites d'Irak, prétendant que Diyala est exposé à un génocide. Il a accusé l'Iran de "mener une campagne afin de provoquer des changements démographiques dans la province avoisinante, et de la vider de sa population sunnite pour des raisons géopolitiques".
Dans la foulée de ces déclarations, l'ambassadeur saoudien en Irak Thamer Sabhane a tenu des propos inhabituels. Selon lui, "son pays veut remettre les Irakiens dans leur position initiale". Une déclaration qui suscite beaucoup d'interrogations sur les véritables intentions saoudiennes en Irak.
Traduit par notre site du site al-Akhbar