Daesh n’a pas de présence dans les régions syriennes frontalières avec la Palestine occupée.
A l’instar des autres protagonistes internationaux qui s’immiscent dans le théâtre syrien, les Israéliens aussi pourraient faire la même chose, en avançant le même prétexte : combattre Daesh.
Après avoir minimisé le danger que pourrait représenter pour l’entité sioniste cette milice wahhabite, voilà que le chef de l’état-major israélien se met soudainement à surfer sur cette soi-disant menace.
Lundi dernier, Gadi Eizenkot avait évoqué l’éventualité que Daesh lance une attaque contre Israël dans le Golan, à proximité de la frontière, pour pallier aux revers qu’il subit en Irak et en Syrie.
Or la présence de Daesh au sud de la Syrie est presque inexistante. Selon la chaîne de télévision américaine Sky News, l’EI est déployé à Raqqa, Deir Ezzor, à Hassaké, Alep, c'est-à-dire au nord de la Syrie, et dans les régions frontalières avec la Turquie, ainsi que dans les zones frontalières avec le Liban. Il vient d’être évacué des quartiers périphériques sud de la capitale. Mais il n’a jamais eu aucune présence dans le sud syrien où c’est plutôt le front al-Nosra d'a-Al-Qaïda et l’ASL qui sont les plus présents.
Il s’avère aussi (comme le rapporte le Yediot Aharonot), que cette allégation sur une présumée menace de Daesh a été martelée en marge de la conférence réalisée par l’Institut d’Etudes de Sécurité nationale, (Institute for National Security Studies-INSS), un think tank israélien influent dans les prises de positions officielles. Elle est avancée dans le sens qu’Israël devrait se comporter avec elle comme d'une occasion pour non seulement mener des frappes contre Daesh mais aussi pour intervenir militairement au cœur de la Syrie, au delà de la frontière.
Dans la rhétorique de l’institut, cette intervention est présentée comme s’inscrivant également dans le cadre de la défense du royaume hachémite jordanien.
Sachant que dans les recommandations élaborées par l’Institut en question, l’une d’entre elles insiste sur la nécessité d’empêcher aussi bien Daesh que le pouvoir syrien d’assoir son emprise sur cette région du sud de la Syrie, (frontalière avec la Palestine occupée) et d’aider « l’opposition modérée », à y maintenir la sienne, et ce avec la collaboration de l’Arabie saoudite et de la Turquie. Les milices qui agissent dans cette région sont d'ores et déjà sous le commandement de la cellule jordanienne MOQ.
« Pour réaliser les objectifs (en Syrie), Israël doit développer des outils nouveaux, plus créatifs, et plus efficaces, en collaborant avec l’allié américain, l’Arabie saoudite et la Turquie, pour déraciner l’Iran de la Syrie, et changer le régime d’Assad… Au cas où la Syrie est divisée, les parties syriennes avec lesquelles Israël peut collaborer sont les organisations sunnites modérées et les Etats qui les soutiennent comme l’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe en plus de la Jordanie et de la Turquie… Il faut diagnostiquer et tenter de cristalliser un plan sécuritaire actualisé au Golan , que ce soit en lien avec l’accord de séparation des forces en vigueur, ou en fonction de règles d’action différentes », a recommandé l’Institut dans sa dernière étude, dans un appel à une intervention plus affirmée et plus efficace en Syrie. Voir pour occuper la Syrie.
En conjuguant ces conseils avec les récents propos du Premier ministre israélien, sur la difficulté que la Syrie reste unifiée, il est clair que quelque chose se trame pour la Syrie. A Davos, Netanyahu s’est targué à plus d’une occasion qu’Israël jouit désormais du soutien des régimes arabes contre l’Iran et raffolait le plus de celui de l’Arabie saoudite. Son euphorie dans les couloirs de Davos était telle, comme s’il avait obtenu un feu vert pour passer à l’acte.