Kadhafi serait prêt à se retirer si les frappes de l’Otan cessent, selon l’ancien président croate.
De violents combats à la roquette et à l'artillerie lourde avaient lieu mardi autour du complexe résidentiel du colonel Mouammar Kadhafi dans le quartier de Bab-al-Aziziya à Tripoli.
Le complexe est situé non loin de l'hôtel Rixos où sont logés les journalistes étrangers. L'établissement a été secoué vers 09H00 GMT (11H00 locales) par une forte explosion à proximité, créant un mouvement de panique parmi les reporters qui se sont réfugiés au sous-sol.
Des avions, vraisemblablement de l'Otan, survolaient la ville, où des affrontements entre rebelles et forces fidèles à Kadhafi se déroulaient dans d'autres quartiers non loin de l'hôtel Rixos.
Des soldats du régime étaient postés autour de l'hôtel, où sont terrés une trentaine de journalistes internationaux, et des échanges de tirs à l'artillerie lourde étaient entendus.
Des affrontements ont eu lieu lundi toute la journée dans plusieurs quartiers du centre-ville, ont indiqué des témoins en faisant état de la présence de tireurs embusqués pro-régime sur le toit d'immeubles. Les rebelles ont pris le contrôle des locaux de la télévision d'Etat, qui a cessé d'émettre.
La bataille de Tripoli n’est pas encore terminée
Lundi, le chef du CNT a confirmé que la bataille pour Tripoli n'était pas encore terminée. "L'époque de Kadhafi est révolue (...) mais nous ne pouvons pas dire que nous contrôlons Tripoli", a-t-il dit .
Des affrontements se déroulent à "Bab al-Aziziya et certaines zones alentour ne sont toujours pas sous notre contrôle et par conséquent nous ne savons pas si Kadhafi se trouve là-bas", a ajouté Mustafa Abdel Jalil. "Nous espérons que Mouammar Kadhafi sera capturé vivant pour qu'il puisse avoir un procès équitable".
Les rebelles sont entrés dimanche pratiquement sans résistance de la part des forces pro-Kadhafi dans la capitale, où les habitants oscillent entre crainte et jubilation.
Ils ont atteint la place Verte, un lieu symbolique où les partisans du régime avaient l'habitude de se rassembler et que les insurgés ont rebaptisée "place des Martyrs".
Kadhafi prêt à se retirer si les frappes de l'Otan cessent
L'ancien président croate, Stipe Mesic, proche de Mouammar Kadhafi, a assuré mardi que le dirigeant libyen lui avait dit la semaine dernière dans un "message verbal personnel" qu'il était prêt à se retirer "complètement" de la vie politique si les frappes de l'Otan cessent.
"Je peux confirmer que le colonel Kadhafi était prêt à se retirer complètement de la vie politique et publique, avec un engagement ferme qu'il n'y aurait pas d'entraves à la mise en place du multipartisme et des réformes, mais à la condition préalable d'une cessation des frappes de l'Otan", a déclaré M. Mesic dans un communiqué cité par l'agence officielle Hina.
M. Mesic a précisé que le "message verbal personnel" de Mouammar Kadhafi remontait à la "semaine dernière" et qu'il en avait informé lundi les ambassadeurs américain, chinois et russe en Croatie.
"Les autorités de Tripoli ont tenté de faire parvenir ce message, via tous les canaux disponibles, aux pays qui ont joué un rôle crucial dans l'organisation et la réalisation des opérations en Libye", a-t-il assuré.
Mensonge de la CPI, Seif al-Islam donné pour capturé refait surface
Seif al-Islam, l'influent fils de Mouammar Kadhafi, donné pourtant pour capturé par la rébellion et la CPI, a fait une apparition dans la nuit de lundi à mardi.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait assuré dans la nuit de dimanche à lundi avoir reçu "des informations confidentielles selon lesquelles" Seif al-Islam avait été arrêté par les rebelles.
Mais Seif al-Islam a démenti en personne son arrestation en se présentant dans la nuit de lundi à mardi devant des journalistes à Tripoli.
Or, après son apparition, la Cour pénale internationale (CPI) a nié le fait d’avoir confirmé l'arrestation, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, de Seif al-Islam.
Le deuxième fils du dirigeant libyen, dont la rébellion avait annoncé l'arrestation lundi, a invité en pleine nuit quelques journalistes à le rejoindre à Bab Al-Aziziya, le complexe résidentiel de son père à Tripoli.
"Je suis là pour démentir les mensonges", a-t-il indiqué aux journalistes emmenés sur place à bord d'une voiture blindée.
"Tripoli est sous notre contrôle. Que tout le monde soit rassuré. Tout va bien à Tripoli", selon lui.
Selon Seif al-Islam, les forces loyales au régime ont fait subir de "lourdes pertes aujourd'hui aux rebelles qui prenaient d'assaut" Bab Al-Aziziya.
Son frère Mohamed, dont la rébellion avait également annoncé l'arrestation lundi, s'est échappé, a indiqué dans la nuit un haut responsable des rebelles à Benghazi, fief des insurgés dans l'est du pays.
La communauté internationale se prépare à l’après Kadhafi
La rébellion libyenne a proclamé révolue l'ère de Mouammar Kadhafi après sa prise de contrôle de la majeure partie de Tripoli.
Plus de six mois après le début du soulèvement en Libye à la mi-février, la communauté internationale a estimé lundi que le régime libyen "touchait à sa fin", après le lancement samedi par les insurgés d'une offensive sur Tripoli.
Avec l'ouverture d'une période d'incertitudes dans ce riche pays pétrolier, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a convoqué un sommet sur la Libye cette semaine, le Groupe de contact se réunira jeudi à Istanbul et un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine est prévu vendredi à Addis Abeba.
Autre son de cloche en Chine où, mardi, la presse d'Etat a estimé qu'il était de la responsabilité de l'Occident de "nettoyer le désordre qu'il a mis" en Libye.