Selon de nombreux experts, c’est la politique saoudienne de plafonner sa production et d’immerger le marché qui est derrière la chute des cours de pétrole.
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé lundi son intention de maintenir ses investissements en dépit de l'effondrement des cours du brut, tout en réduisant substantiellement les coûts.
"La discipline budgétaire devient prioritaire", a déclaré le président d'Aramco, Khalid al-Falih, lors d'un symposium économique organisé à Ryad.
"Nos investissements (pour accroître nos) capacités dans le pétrole et le gaz n'ont pas baissé", a-t-il dit, précisant qu'Aramco avait réussi à limiter de nombreuses dépenses "simplement en réduisant les coûts".
Les cours du brut se sont effondrés, passant de plus de 100 dollars le baril début 2014 à moins 33 dollars le baril actuellement.
Fortement dépendante du pétrole, l'Arabie saoudite a procédé à des coupes sans précédent dans son budget 2016. Elle cherche à diversifier son économie et envisage même d'introduire Aramco en Bourse.
L’Arabie saoudite et d'autres membres de l'Opep refusent de réduire leur production pour tenter d'éliminer du marché des producteurs peu compétitifs, comme ceux qui exploitent le pétrole de schiste.
Selon de nombreux experts, c’est sa politique de plafonner sa production et d’immerger le marché qui est derrière la chute des cours de pétrole.
Mais M. Falih a affirmé à des journalistes, en marge du symposium, que son pays n'était pas responsable de la chute des prix du pétrole.
"Aramco --et par conséquent l'Arabie saoudite-- n'écoule un quelconque baril que s'il a un client", alors que d'autre pays chargent leur brut dans des tankers et commencent seulement après à chercher des acheteurs, a-t-il affirmé.
Le président d'Aramco a souligné que son pays souhaitait des "prix modérés" du baril.
Il a d'autre part estimé qu'il y avait deux options pour l'introduction en Bourse d'Aramco qui contrôle des réserves prouvées de plus de 260 milliards de barils.
"L'une est de céder une part importante de l'activité en aval", comme le secteur chimique et les opérations de marketing. L'autre est de proposer un pourcentage de la compagnie elle-même à des investisseurs, a-t-il indiqué.
Lors du même symposium, le ministre saoudien du Commerce et de l'Industrie, Tawfik al-Rabia, a admis que son pays était confronté à des épreuves sans précédent.
"Nous faisons face à un grand défi avec les prix du pétrole", a-t-il dit, ajoutant que l'effondrement des cours avait forcé les dirigeants à "vraiment réfléchir", en particulier sur les moyens de "sortir de cette dépendance vis-à-vis du pétrole" (73% des revenus de l'Etat).
Le président d'Aramco a pour sa part estimé que la croissance de l'Arabie serait "mieux répartie" à l'avenir, avec une augmentation des revenus provenant de la "high tech", de la santé et du tourisme.
Confrontée à l'effondrement des prix du pétrole, l'Arabie saoudite vient d'adopter un budget 2016 avec un déficit prévu de 79,3 milliards d'euros et de sévères mesures d'austérité.
Avec AFP