Américains et Saoudiens ont coopéré étroitement ensemble dès le début de la crise syrienne.
Depuis le début de la guerre syrienne l'administration américaine a annoncé deux projets: le premier, parrainé par le Pentagone, ayant pour but "de former et d'équiper l'opposition modérée afin de faire face à Daesh". Alors que le deuxième est sponsorisé par la «CIA» .
Or, personne ne pouvait cacher l'échec du programme du Pentagone de former des «rebelles modérés pour combattre Daesh», surtout que les responsables et les médias l’ont officiellement arrêté l’an dernier.
Cela dit, un article du «New York Times» , diffusé il y a deux jours, a publié des informations publiées pour la première fois sur le rôle de l’ Arabie Saoudite dans le financement du projet de la «CIA» et celui des États-Unis dans le commandement des opérations militaires sur le territoire syrien.
«Dès sa création, le projet de la CIA baptisé Tymber Sycamore, était soutenu par les Saoudiens» ont affirmé des responsables américains qui ont été interrogés par le journal américain sous couvert de l'anonymat.
«L'agence a appris qu'elle bénéficiait d’un partenaire prêt à la soutenir » est écrit dans l'article. Le régime saoudien a joué, comme d'habitude le rôle «de signataires de chèques» sachant que son financement a de loin dépassé celui des contributions de Qatar et de la Turquie dans le projet. Certes, l’administration américaine a tenté de dissimuler le chiffre exact des sommes en jeu, mais certains responsables saoudiens ont estimé que le soutien saoudien s’élève à «quelques milliards de dollars».
L’article (de Mark Mazzetti et Matt Abozo) considère que le soutien saoudien à la CIA en Syrie s’inscrit dans le cadre de «la coopération permanente qui date de dix ans» et mentionne une série de guerres que la CIA a menées et financées par l’Arabie Saoudite sans que cette dernière n'ait un intérêt direct dans ces guerres. L'article énonce les différents chapitres du rôle de l’Arabie Saoudite dans le financement des guerres américaines en Angola, en Afghanistan, au Nicaragua et en Syrie.
Justement, concernant cette dernière avant même l'approbation officielle d'Obama sur la mission de formation de la CIA, l’agence a signé en 2012 «une série de contrats d’armements avec l'Arabie saoudite, dirigée par Bandar bin Sultan au niveau des services de renseignement notamment sur l’affaire avec la Croatie», révèle l'article.
Mais un article du Times a mis en lumière le rôle premier de Washington dans la gestion de la guerre sur le terrain en Syrie, tandis que d'autres tels que l’Arabie Saoudite, le Qatar, et la Turquie jouaient le rôle de «banques de financement».
L'article souligne que depuis le début de l'année 2012, et sur plus d'un an, les Américains ont donné le feu vert à un trafic «d’argent et d’armes légères venant du Qatar, de l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe via la frontière turque, destiné aux combattants en Syrie». A l’époque certains responsables américains ont exprimé «leur préoccupation de voir cet argent et ces armes tomber entre les mains de groupes liés à Al-Qaïda.
À la fin de 2012 , une réunion secrète s’est tenue près de la mer Morte en Jordanie, entre le directeur de la CIA à l'époque, David Petraeus, et des responsables du renseignement des États du Golfe . A la réunion, Petraeus a reproché d’un «ton très sévère» aux participants leur «manque de coordination avec les agents de la CIA en Jordanie et en Turquie dans la distribution des armes», écrit l'article citant d'anciens hauts fonctionnaires.
Quelques mois plus tard, Obama a formellement modifié la mission de la CIA en y ajoutant la double mission « de la distribution d’armes aux combattants de l'opposition syrienne». "Depuis, la CIA s’occupe directement de l’opération de formation, tandis que le renseignement saoudien se contente de fournir l'argent et les armes", poursuit l’article.
L'agence supervise tout en pratique, au point même de jouer le rôle de médiateur entre les pays qui relèvent de son autorité, comme par exemple, résoudre le problème du retard de paiement saoudien à la Jordanie , pays d’accueil des cellules d'opération ...
L’article du New York Times souligne que «l'alliance entre l'Arabie saoudite et la CIA est encore forte» et que les relations entre le «ministre de l'Intérieur saoudien Mohammed bin Nayef et le directeur de la CIA John O. Brennan sont aussi intimes et ce depuis que Brennan était responsable de l'agence à Riyad au cours des années 90.»
«Les Saoudiens et les Américains savent qu'ils sont indispensables les uns pour les autres en de pareilles circonstances », souligne l’ancien chef de l’agence Mike Rogers au Congrés. Alors que pour les experts «l'alliance américano-saoudienne se poursuivra , baignée par l'argent saoudien et des intérêts particuliers partagés entre les deux parties ».
Traduit par notre site du journal al-Akhbar