Dans un message diffusé dans la soirée, Kadhafi, qui reste introuvable, dit s’être promené à Tripoli, appelle à la résistance.
Les rebelles libyens ont pris mardi le contrôle du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli, mais le dirigeant libyen, resté introuvable, a affirmé dans la soirée s'être retiré "pour des raisons tactiques".
Les rebelles ont défoncé les murailles en béton de l'enceinte et ont pénétré dedans. Ils ont pris Bab al-Aziziya (QG de Kadhafi), entièrement.
A l'intérieur de Bab al-Aziziya, immense complexe dont la plupart des bâtiments ont été touchés par les frappes de l'Otan, des centaines de rebelles ont crié victoire en déchirant allègrement les portraits du colonel Kadhafi et en s'emparant d'un stock d'armes.
Un rebelle juché sur une sculpture représentant un poing empoignant un avion, symbole des attaques aériennes américaines sur le complexe en 1986, s'est employé à briser cet emblème du pouvoir.
Mais après la tombée de la nuit, au moins 5 obus de mortier sont tombés sur le complexe, obligeant chacun à fuir dans le dédale de ruines.
Selon un combattant rebelle, l'attaque venait du quartier d'Abou Slim, l'un des derniers fidèles au colonel Kadhafi. "Nous allons l'encercler demain et si Dieu le veut, nous allons le prendre.
Après, nous devrons prendre la route de l'aéroport", a-t-il expliqué. "Mais aujourd'hui, nous faisons la fête. C'est une grande victoire".
Elections dans huit mois, Kadhafi sera jugé en Libye (n°1 du CNT)
Des élections seront organisées en Libye dans huit mois, affirme Mustafa Abdel Jalil, numéro un du Conseil national de
transition (CNT), l'organe politique des rebelles, dans un entretien publié mercredi par le quotidien italien La Repubblica.
"Dans huit mois se tiendront les élections législatives (...) et présidentielle. Nous voulons un gouvernement démocratique et une Constitution juste. Surtout, nous ne voulons plus être isolés du monde comme nous l'avons été jusqu'à maintenant", affirme-t-il.
"La +nouvelle Libye+ doit être un pays différent du passé, et fondé sur les principes de liberté, égalité et fraternité", souligne-t-il.
Concernant le sort de Mouammar Kadhafi, "l'opinion dominante parmi les membres du CNT est de juger le raïs et sa bande en Libye", indique-t-il. "Dans le cadre d'un procès équitable, mais qui doit se dérouler en Libye", insiste-t-il.
"Pour cela, nous voulons qu'ils soient pris vivants et traités différemment de la façon dont le colonel traitait ses adversaires. Lui restera dans les mémoires seulement pour les crimes, les arrestations et les assassinats politiques qu'il a commis", précise-t-il.
"L'ère de Kadhafi est terminée, même si tout finira seulement avec sa capture et sa condamnation pour les crimes qu'il a commis", explique-t-il. "Il reste encore des poches de résistance dans la ville (de Tripoli) et une grande concentration de troupes dans la région de Syrte, fief historique du raïs", ajoute-t-il.
Interrogé sur l'attitude du CNT vis-à-vis des autres pays, le leader du CNT a répondu: "Je veux confirmer que la nouvelle Libye aura des relations fortes avec les autres pays, fondées sur le respect mutuel et la coopération. Nous serons un membre actif de la communauté internationale et nous respecterons tous les traités signés par le passé".
"Nous nous assurerons en outre que le pays respecte les droits de l'Homme et l'Etat de droit, et que le pays contribue à stabiliser la paix et la sécurité internationales", affirme-t-il.
"La Libye de l'apès-Kadhafi aura des relations spéciales avec les pays qui ont soutenu notre combat de libération depuis le début. Parmi ceux-ci figure bien évidemment l'Italie", précise-t-il.
L’étau se resserre sur Syrte
Plus à l'est, les rebelles libyens ont resserré mardi leur étau sur Syrte, région d'origine et bastion du colonel Kadhafi, où des négociations ont été entamées avec les tribus locales pour obtenir une reddition pacifique de la ville.
Par l'ouest, des rebelles venus de l'enclave de Misrata ont annoncé se trouver à une centaine de kilomètres de Syrte. Par l'est, les rebelles qui avaient pris Brega ont fait un bond de 80 km et se sont emparés du portpétrolier de Ras Lanouf, à 130 kilomètres à l'est.
Les pro-Kadhafi ont tiré mardi soir plusieurs missiles Scuds depuis les environs de Syrte en direction de Misrata, où de puissantes explosions ont été entendues, selon les rebelles de cette ville.
Kadhafi dit s'être promené à Tripoli, appelle à la résistance
Le dirigeant libyen en fuite Mouammar Kadhafi a affirmé dans un nouveau message audio diffusé mercredi s'être promené incognito dans Tripoli et appelé les habitants à "nettoyer" la capitale des rebelles qui en ont pris quasiment le contrôle.
"Je me suis promené incognito, sans que les gens me voient, et j'ai vu desjeunes prêts à défendre leur ville", a affirmé le colonel libyen dans ce message diffusé par la chaîne Arrai basée en Syrie.
"Je rends hommage à ces jeunes", a-t-il ajouté, sans préciser quand s'était déroulée sa tournée. Il a appelé "les habitants de Tripoli, les tribus, les jeunes, les vieux à sortir dans les rues" et "nettoyer Tripoli des rats", dans une référence aux rebelles.
Le dirigeant libyen avait déjà affirmé dans un message sonore diffusé dans la nuit par la chaîne de télévision al-Orouba et repris par le site internet d'Al-Libiya, la chaîne de son fils Seif al-Islam, qui a cessé d'émettre, qu'il s'était retiré de son quartier général à Tripoli pour des "raisons tactiques".
"Bab el-Aziziya n'était plus qu'un tas de décombres (...) et nous nous en sommes retirés pour des raisons tactiques", a-t-il dit.
Son porte-parole, Moussa Ibrahim, a même lancé un appel aux volontaires pour rejoindre les rangs des partisans de Kadhafi, assurant que 6.500 s'étaient déjà présentés ces dernières heures et que le régime allait "transformer la Libye en un brasier" si les bombardements se poursuivaient.