Les conditions ont été créées pour lancer une offensive généralisée en Syrie qui pourrait être déclenchée au début de Mars 2016
Au cours des années 2014 et 2015 les actions de combat de l’aviation militaire syrienne étaient presque imperceptibles en raison du manque de pièces de rechange, du nombre restreint de bases aériennes et de centres de réparation contrôlés par l’armée arabe syrienne, ainsi que l’usure des avions due à quatre années de guerre civile.
Paradoxalement, les avions qui étaient le plus souvent utilisés étaient les 52 MiG-21 MF/Bis, les 24 Su-22M4 et les 36 L-39 qui n’étaient pas modernisés et étaient les plus anciens de l’armée arabe syrienne.
Un contrat de 2010 a permis d’envoyer à l’usine d’aviation russe N° 514 ARZ de Rzhev 21 bombardiers Su-24MK de l’armée syrienne, pour être re-motorisés au standard des Su-24M2. Les Su-24M2 syriens sont équipés de système intégré de navigation et de guidage des armes de précision (NSP-M) comme ceux qui opèrent à la base aérienne russe de Hmeymim.
Tous les 21 Su-24M2 sont actuellement opérationnels en Syrie. Ces bombardiers seront extrêmement utiles pour les actions futures de l’armée arabe syrienne, car ils ont un grand rayon d’action et peuvent accrocher jusqu’à 8 tonnes de bombes ou de missiles.
Après la signature d’un soutien militaire entre la Russie et la Syrie, le 26 Août 2015, un détachement d’ingénieurs et de techniciens russes, ainsi que des équipements et les machines de la société Mikoyan, ont été déployés par voie aérienne, sur la base de réparation de Mezzeh, située au sud-est de Damas.
La Russie a fourni à la Syrie des moteurs neufs ou réparés, des kits de modernisation et des sous-ensembles de pièces pour plusieurs types d’avions de l’armée arabe syrienne. La base de réparation de Mezzeh a réparé une première tranche des vieux MiG-21, Su-22M4 et L-39, dont on a étendu les ressources de vol. La Syrie dispose de 34 MiG-29 A / B qui n’avaient pas été modernisés et qui ont été amenés à la base de réparation de Mezzeh, où des spécialistes russes ont procédé à leur modernisation et remplacé les installations de bord et l’ancienne avionique.
Après la destruction du bombardier Su-24 russe par un avion F-16 turc, les MiG-29A syriens fraîchement réparés ont commencé à escorter des bombardiers Su-25, en supplément de la mission des 16 avions Su-30 SM russes déployés en Syrie.
À la fin de 2013, la Syrie a signé avec la Russie un contrat pour un milliard de dollars qui comprenait l’achat de 24 nouveaux avions MiG-29 SMT ou M / M2. Les neuf premiers MiG-29 SMT vont arriver en Syrie dans le premier trimestre de 2016, le reste en 2017. Le MiG-29SMT est un avion multi-rôles, dont le radar N019MP détecte des cibles à une distance de 150 km et génère une carte numérique avec des objectifs au sol sur le terrain survolé. Il peut ainsi être utilisé pour attaquer des objectifs terrestres en utilisant des bombes et des missiles intelligents.
En 2012, la Syrie a signé un contrat de 550 millions de dollars pour 36 nouveaux avions Yak-130. Le Yak-130 est un avion-école avancé, destiné à faire passer aux avions de combat de génération 4 ++, avec un plafond pratique de 12 500 m et une vitesse maximale de 1050 km / h. Le Yak-130 possède l’avionique du Su-35 et, sous le fuselage, est monté un container de type Platan pour guider les armes intelligentes, ce qui lui permet d’exécuter des missions d’attaque au sol. Il peut emporter trois tonnes de bombes (deux à trois fois plus que les MiG-21 et MiG-23), de missiles air-sol intelligents et de missiles air-air.
Selon le contrat, les Yak-130 auraient dû être livrés à la Syrie depuis 2014, mais avaient été stockés à l’usine d’Irkoutsk en Russie, à la demande des États-Unis. Le Yak-130 étant un nouveau type d’avion, avec le début des bombardements en Syrie, les Russes veulent le tester dans des conditions de combat réelles et sont déterminés à livrer la totalité du lot de 36 avions dans la première moitié de l’année 2016.
L’avion de chasse MiG-23 et sa variante d’attaque au sol MiG-27 sont équipés de moteurs Tumansky R-29-300 avec une poussée de 12 500 kgf (le moteur F-16 développe 10 800 kgf). En 2015, la Russie a livré les moteurs et les composants à l’aviation syrienne pour la revitalisation de 64 MiG-23BN/MLD. Des sources russes affirment que des pourparlers ont eu lieu en vue de moderniser ces avions aux standards des MiG-23-98, une variante destinée à l’exportation en 2013 vers l’Angola. Le radar de bord, le RP-23 Sapfir, qui a un rayon de détection de 40 à 60 km et un poids de 500 kg, a été remplacé par le Moskit-23, avec un rayon de détection étendu, de 90 à 100 km. La version de chasse est armée de missiles air-air R-77 et R-27 (portée de 80-120 km).
Le MiG-23-98 est également doté d’équipements OLS-M, de classe LANTIRN permettant une navigation de nuit, la détection infrarouge de cibles terrestres et le guidage des armes intelligentes utilisées par les bombardiers russes en Syrie. On ignore si les avions syriens amenés à la base de réparation de Mezzeh ont été seulement réparés ou s’ils ont été modernisés au standard du MiG-23-98, mais ils sont revenus dans le ciel syrien à la fin de Décembre 2015 et ont effectué des missions d’attaque au sol à Damas.
Toujours en Décembre 2015, la Russie a transféré à l’aviation militaire syrienne, une grande quantité de missiles et de bombes, y compris les munitions intelligentes. Sous la supervision des pilotes-instructeurs Russes, les Syriens ont effectué les premiers bombardements avec des armes intelligentes. [1]. Dans les 30 derniers jours, l’aviation syrienne est devenue de plus en plus active, et a exécuté 481 missions, au cours desquelles ils ont frappé 1 662 cibles au sol de djihadistes.
Dans un précédent article j’ai expliqué que les bombardements de l’aviation russe et l’avance des troupes terrestres syriennes, au cours des trois derniers mois, avaient créé les conditions pour lancer une offensive généralisée en Syrie qui pourrait être déclenchée au début de Mars 2016 [2]. Une opération terrestre à grande échelle en Syrie exigerait de doubler le nombre de missions quotidiennes des bombardiers russes existants actuellement à la base aérienne de Hmeymim. Et la Russie a trouvé une solution très ingénieuse pour ne pas avoir à augmenter le nombre de ses bombardiers en Syrie, en modernisant à la place la flotte des avions de l’armée arabe syrienne.
Ce qui fait que maintenant, la Russie peut compter sur une flotte supplémentaire de 66 à 130 avions syriens modernisés (9 MiG-29SMT, 21 Su-24M2, 36 Yak-130 et probablement 64 MiG-23-98), en plus de 64 avions de combat russes déployés à la base aérienne de Hmeymim, dans le gouvernorat de Lattaquié (24 Su-24M2, 12 Su-25, 12 Su-34 et 16 Su-30SM). En plus de cela, la Russie peut compter sur 112 autres avions non modernisés mais réparés et prêts de type MiG-21, Su-22M4 et L-39. Un autre avantage est que les bases aériennes syriennes sont moins embouteillées que Hmeymim, chacune d’elle pouvant faire fonctionner 24-36 avions.
L’aviation syrienne dispose de 10 bases réparties dans de nombreux gouvernorats: Homs (bases aériennes d’Al-Qusayr, Tiyas et Shayrat), Hama (base aérienne de Hama), Damas (bases aériennes de Sayqal, Al-Nassiriya, Al Dumayr et Marj Ruhayyil) et As-Suwayda (bases aériennes de Tha’lah et Khalkhalah).
Par Valentin Vasilescu
Source : Traduction Avic – Réseau International