Devant le Conseil de Sécurité, notre ami Ban Ki-moon a presque failli se fâcher à propos de la situation en Palestine… C’est dire… Des propos plus que mesurés qui ont mis en transe les Israéliens.
Devant le Conseil de Sécurité, notre ami Ban Ki-moon a presque failli se fâcher à propos de la situation en Palestine… C’est dire… Des propos plus que mesurés qui ont mis en transe les Israéliens, pendant que les Etats-Unis approuvent, et que les Palestiniens tirent contre leur camp… ce qui est le vrai problème.
Ban a condamné les attaques menées depuis plusieurs mois par des Palestiniens contre des civils israéliens mais a ajouté qu’il était « dans la nature humaine de réagir face à l’occupation qui sert d’incubateur à la haine et à l’extrémisme », ajoutant :
« Les mesures sécuritaires ne pourront pas réduire à elles seules les violences. Elles ne peuvent pas résoudre le profond sentiment d’aliénation et de désespoir ressenti par certains Palestiniens – en particulier les jeunes. La force de la loi doit être exercée sur tous ceux qui commettent des crimes – avec une justice s’appliquant de manière égale aussi bien à l’encontre des Israéliens qu’à l’encontre des Palestiniens. La frustration palestinienne grandit sous le poids d’un demi-siècle d’occupation et la paralysie du processus de paix. »
Le secrétaire général s’est ensuite déclaré « profondément inquiet » de nouveaux projets israéliens de construction de logements en Cisjordanie : « Ces initiatives provocatrices ne peuvent que faire monter encore la tension et nuire à toute perspective de règlement politique ».
Et Ban a souligné : « Pour faire des progrès vers la paix il faut un gel de l’entreprise de colonisation. La poursuite des implantations est un affront fait à la population palestinienne et à la communauté internationale et soulève des questions fondamentales sur l’engagement d’Israël envers une solution à deux Etats. Les parties doivent agir, et agir immédiatement, pour éviter que la solution à deux Etats ne disparaisse pour toujours. Mettre en œuvre cette vision – deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité – offre le seul moyen à Israël de conserver à la fois sa majorité juive et son statut démocratique. Alors que l’ensemble du Moyen-Orient continue d’être en proie à une vague incessante de terreur extrémiste, Israéliens et Palestiniens ont l’occasion de redonner espoir à une région déchirée par l’intolérance et la cruauté. Je leur demande instamment d’accepter ce défi historique ».
Ban n’a pas oublié les réalités palestino-palestiniennes : « Je continue à penser que les conditions à Gaza posent une menace grave pour la paix et la sécurité sur le long terme dans la région ».
Ce texte n’est pas un exploit, mais le service minimum du rappel des réalités, et il faut prendre cinq minutes pour rappeler les responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien.
La première est celle de l’ONU, qui en 1947 a adopté un plan de partage de la Palestine. Or, l’ONU – celle d’avant la décolonisation qui était le club des puissances impérialistes – n’avait aucun droit pour donner ce qui ne lui appartenait pas et elle ne pouvait donner ni la terre de Palestine, ni la souveraineté du peuple palestinien. Jusqu’à preuve du contraire, on ne partage que ce qui existe, et il est bien évident que la Palestine existait, une Palestine de toutes les religions. Cette recommandation a donc conduit à la violence, la Nakba, et n’a jamais pris fin.
La seconde est celle d’Israël, avec son armée professionnelle du crime de guerre.
La troisième est celle des puissances occidentales qui soutiennent les yeux fermés la politique annexionniste de l’État d’Israël, quelles qu’en soient les méthodes, quel qu’en soit le coût. Pour en rester à 1967, il ne serait pas difficile pour les Etats européens de condamner la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, reconnue comme violation flagrante du droit international par le Conseil de sécurité, non par des jolis mots mais par des mesures efficaces, en poursuivant toutes les entreprises européennes impliquées et en refusant tout statut aux produits issus de ce crime de colonisation.
La quatrième est celle des dirigeants palestiniens qui se sont laissés engluer dans des négociations-reddition, conduisant au dépeçage de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et la marginalisation de Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert : 1,8 millions de personnes.
Après des évènements qui ont brassé toute la société palestinienne et tant de fausses pistes, déserteur de la justice, Abbas s’est finalement résolu à ratifier le Traité de la Cour Pénale Internationale, mais en renonçant à déposer plainte contre Israël, et en dissimulant cette énième rouerie par des déclarations de perroquet énervé. La CPI peut agir demain: il suffit d’un fax de Ramallah déposant plainte.
Par Gilles Devers
Source: Actualités du droit