Un remaniement réalisé sous l’impulsion de la baisse des recettes pétrolières et celle de donner une nouvelle image de cette monarchie: une femme a été désignée pour la première fois dans le cabinet.
L'émir du Qatar a procédé mercredi à un remaniement ministériel, marqué par la fusion de plusieurs ministères et l'arrivée d'un membre de la famille régnante à la tête des Affaires étrangères, au moment où l'émirat est touché par la chute des cours du brut.
Cheikh Hamed ben Abderrahmane Al-Thani a été nommé ministre des Affaires étrangères, succédant à Khaled ben Mohamed al-Attiya, désigné ministre d'Etat à la Défense, membre du Conseil des ministres, selon un décret de l'émir, cheikh Tamim ben Khalifa Al-Thani.
Cheikh Mohamed, qui était jusqu'ici en charge de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, est propulsé à l'âge de 35 ans à la tête de la diplomatie qatarie.
M. Attiya, dont le père a supervisé la création des forces armées du Qatar, avait dirigé la diplomatie depuis l'accession de cheikh Tamim au trône en juin 2013. Il a été à ce titre largement impliqué dans les contacts diplomatiques internationaux, en particulier sur le conflit en Syrie.
Au total, le remaniement a concerné 7 des 20 ministères du gouvernement, au sein duquel le portefeuille de la Défense relève toujours des prérogatives de l'émir.
Les ministères des Sports et de la Culture ont fusionné en un seul département, confié à Salah ben Ghanem al-Ali, qui était jusqu'ici en charge des Sports au Qatar, un pays toujours sous les projecteurs en vue du Mondial de football qu'il doit organiser en 2022.
Pour sa part, le ministre du Développement administratif, Issa Saad al-Jafali al-Naïmi, s'est vu en plus attribuer le ministère du Travail et des Affaires sociales, selon le décret publié par l'agence officielle QNA.
L'actuel ministre des Transports, Jassem Seif Ahmed al-Salliti, sera aussi ministre des Télécommunications.
Une femme à la Santé
Un haut responsable des Affaires étrangères, Mohamed ben Abdallah al-Rumaihi, a été nommé ministre des Municipalités et de l'Environnement, deux départements qui ont fusionné, alors qu'une femme, Hanane Mohamed al-Kawari, a été désignée ministre de la Santé.
Ces ministres ont aussitôt prêté serment devant le jeune émir Tamim, âgé de 35 ans, en présence du Premier ministre, cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, qui est également ministre de l'Intérieur.
La fusion de certains ministères dans le nouveau gouvernement intervient au moment où le Qatar est confronté à une baisse des recettes pétrolières en raison de l'effondrement des cours, à l'instar des autres monarchies du Golfe qui ont dû pour certaines adopter des mesures d'austérité et réduire les dépenses publiques.
Ce remaniement, le premier depuis le gouvernement formé par l'émir après son intronisation en 2013, "est sans doute destiné à réduire les dépenses", a déclaré Jamal Abdallah, spécialiste des affaires du Golfe au Centre d'Etudes d'Al-Jazeera.
"D'autant que certains ministères se rejoignent dans les tâches et les responsabilités, comme les ministères des Télécommunications et des Transports ou ceux des Municipalités et de l'Environnement", a-t-il ajouté.
Le Qatar a prévu un déficit de plus de 12 milliards de dollars dans son budget 2016, calculé sur la base d'un prix de 48 dollars le baril, mais tombé aujourd'hui autour de 30 dollars seulement.
En novembre, l'émir avait mis en garde contre les méfaits de l'Etat-providence dans le petit émirat gazier, dont les citoyens bénéficient de nombreux avantages comme la gratuité de l'enseignement et des services de santé, un accès facile aux emprunts et autres prestations sociales.