Les liaisons dangereuses de certains membres du CNT avec des figures sionistes risquent de faire changer la position de Tripoli concernant l’entité sioniste.
Depuis que l’écrivain français judéo-sioniste Bernard Henri-Lévy s’est immiscé dans la révolution libyenne, lui accordant son appui, et persuadant le président français de même, les risques que la Libye dérape vers un rapprochement avec l’entité sioniste deviennent plausibles.
D’autant plus que BHL révèle dans sa rubrique publiée dans le magazine français le Point, avoir transmis un message verbale du Conseil national de transition au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour lui assurer que « le futur régime libyen entretiendra des relations normales avec les autres pays démocratiques, y compris Israël ».
Le démenti du chef du CNT, Moustapha Abdel Jalil, d’avoir évoqué quoique ce soit sur une normalisation avec Israël, n'a pu dissiper les doutes sur une éventuelle transformation d’alliance de ce pays.
D’autant plus que plusieurs membres de l’opposition libyenne semblent entretenir des liens avec des parties sionistes. Dont l’opposant résident à Londres et fondateur du parti Libye démocratique Ahmad Chibani qui ne s’est pas gêné d’accorder un entretien au quotidien Haaretz pour lui déclarer que la Libye de l’après Kadhafi œuvrera pour faire cesser la contrebande d’armes vers la bande de Gaza via l’Égypte.
Dans un premier moment, Chibani avait affirmé que son pays a besoin de l’aide de la Communauté internationale, y compris celle d’Israël.
Sur la nature de cette assistance, il a précisé qu’Israël pouvait utiliser son influence dans le monde pour mettre fin au régime de Kadhafi et de sa famille.
À noter que Chibani est le fils d’un ministre libyen qui faisait partie du gouvernement du roi de Libye Idriss Sannoussi qui avait été renversé en 1969. Sa famille avait fui en Grande Bretagne depuis la chute de la monarchie. Il n’y est retourné que ces dernières années et s’est activé dans les rangs de l’opposition.
Selon le Haaretz, Chibani compte se présenter aux élections prochaines, précisant que son poids politique n’est pas encore clarifié et qu’il avait fait son apparition à plusieurs reprises dans les médias occidentaux en tant que porte-parole de l’opposition.
Interrogé si le prochain gouvernement allait reconnaitre Israël, il a répondu que « cette question est sensible, la question est de savoir si Israël allait le reconnaitre ».
Commentant la proposition de Kadhafi d’instaurer un seul état qu’il a nommé « Isratine », Chibani l’a qualifié de « stupide », signalant qu’il opte pour « la solution des deux états, israélien et palestinien, qui vivent côte à côte et en paix ».
Le journal israélien a interrogé Chibani sur les craintes que la chute du régime de Kadhafi ne permette à « des groupes islamistes extrémistes de multiplier leurs activités. Ce à quoi il a signalé que « la situation était très complexe, contrairement aux déclarations de Kadhafi ». « L’organisation d’Al Qaeda recrute ces derniers temps en faveur de Kadhafi et de son régime » a-t-il ajouté.
Le Haaretz a évoqué les mises en garde proférées par plusieurs services de renseignements israéliens selon lesquels la Libye pourrait se transformer en un marché noir pour la contrebande d’armes dont vers la Bande de Gaza.
« Nous avons entendu à partir de sources sures que des armes ont été acheminées via l’Égypte vers la bande de Gaza… ce sujet nous préoccupe. Et nous allons lui mettre un terme », a signifié Chibani.
Par ailleurs, le secteur touristique israélien commence à se frotter les mains en vue de faire des affaires en Libye.
Selon le Yediot Aharonot, le directeur de l’agence « Tunisie Tours » Haim Demri qui prépare des voyages en Tunisie estime que les Israéliens pourront à partir de mai 2012 se rendre en Libye, durant leur voyage à Djerba en Tunisie.
Demri révèle avoir évoqué la possibilité d’accorder des visas libyens aux Israéliens avec l’ambassadeur de Libye à Tunis.
Il indique qu’il y a en Israël des milliers de familles juives d’origine libyenne qui voudrait se rendre à ce pays pour y visiter les cimetières et les synagogues.
Interrogé à quel point ces plans étaient envisageables, Demri a affirmé que l’opposition libyenne entretient des liens avec les juifs d’Italie.
Mais cet optimisme n’est pas partagé par tous. Le directeur d’une autre agence israélienne, « l’Agence Géographique », Demiona Yafi, a fait part de plus de scepticisme estimant qu’il est trop précoce pour en parler et qu’il fallait attendre la formation du gouvernement. À cet égard, il a rappelé que des espoirs similaires avaient été exprimés pour l’Irak sans jamais voir le jour.