22-11-2024 10:16 PM Jerusalem Timing

L’Arabie Saoudite infiltre l’Irak, de la porte diplomatique!

L’Arabie Saoudite infiltre l’Irak, de la porte diplomatique!

Les différents partis irakiens ont toujours évoqué un rôle négatif de Riyad dans leur pays.

Depuis toujours, l'Arabie Saoudite a adopté de multiples approches politiques envers l'Irak, adaptées aux vicissitudes permanentes dans ce pays. Mais quels que soient les calculs saoudiens, avoir un voisin fort, uni, stable et prospère n'est pas dans l'intérêt de Riyad, qui cherche à éliminer les facteurs de concurrence et à garder sa suprématie dans la région.

D'après le chercheur britannique John Wilkinson,  dans son livre "Les frontières de la péninsule arabe: l'histoire du rôle britannique dans la délimitation des frontières dans le désert", l'émirat de Najd (gouverné par Ibn Saoud) réclamait l'annexion de larges pans de territoires comprenant la zone située à l'ouest de l'Euphrate jusqu'à Alep en Syrie.

A cette époque, les Saoud ont avancé que des tribus liées aux celles de Najd vivaient dans ladite région. Quelques décennies après le congrès d'al-Aqir (novembre 1922), le prétexte saoudien pour s'ingérer en Irak a changé: à la place de l'esprit tribal, les dirigeants saoudiens usent du facteur sectaire.

Depuis 2003, les efforts saoudiens visant à créer un courant hostile à l'Iran pour prendre les rênes du pouvoir en Irak ont échoué. Ceci fut derrière le gel diplomatique et les tensions entre les deux pays, qui se sont accrues lors du mandat de l'ancien Premier ministre Nouri Maliki.

Mais ceci ne signifie pas que l'intérêt saoudien porté pour l'Irak a changé. Les différents partis irakiens ont toujours évoqué un rôle négatif de Riyad dans leur pays.

Les documents publiés par Wikileaks ont dévoilé tout un dispositif saoudien qui œuvre discrètement pour renforcer la mainmise saoudienne en Irak, en achetant la loyauté de certaines forces politiques.

A titre d'exemple, Riyad a beaucoup œuvré auprès des chefs de tribus, des oulémas et des médias irakiens, pour avorter un projet stipulant la mise en place d'un tribunal international afin de juger les terroristes takfiristes, par peur de dénoncer l'implication des cheikhs wahhabites saoudiens dans les actes terroristes!   

Le changement gouvernemental en Irak et le départ de l'ancien Premier ministre Nouri Maliki, bête noire des Saoudiens, ont entravé une étude minutieuse et sérieuse des documents de Wikileaks. Mais l'arrivée au pouvoir de Haydar Ibadi qui a prôné une relation plus "calme" avec Riyad n'a pas changé l'approche saoudienne envers Bagdad.

La famille royale saoudienne a persisté dans sa vision hautaine et a maintenu son agenda traditionnel envers son voisin.

Preuve tangible sur cette idée, défendue par plusieurs forces irakiennes: la nomination de Thamer Sabhane comme ambassadeur saoudien  en Irak.
Sabhane avait joué un rôle central dans la "lutte contre la domination iranienne au Liban" lorsqu'il était attaché militaire au Liban. Cet officier est expert dans le domaine sécuritaire, loin de toute expérience diplomatique.


Il était chargé de la protection des sites du commandement central américain lors de la guerre du Golfe entre 1990 et 1991.  Il avait assuré la protection de plusieurs sites américains, britanniques et français dans la capitale Riyad. De plus, il fut chargé de la protection de certains responsables occidentaux comme le ministre de la défense Dick Cheney et le chef des forces interarmes (ancien chef de la diplomatie US) Colin Powell.

Bagdad n'a point utilisé son droit de veto sur la nomination de cette personne controversée comme ambassadeur de Riyad, malgré la large opposition interne. Les portes de l'ambassade se sont ouvertes dans la zone verte. Sabhane a entamé ses fonctions simultanément aux appels irakiens religieux et officiels de ne pas exécuter cheikh Nimr al-Nimr. 

L'ambassadeur Sabhane est le premier responsable de la fitna à Diyala. Il s'en est immédiatement pris aux forces de la mobilisation populaire et ne cesse de jeter de l'huile sur le feu de la division sunnite-chiite en Irak.

Le plus dangereux dans les déclarations de Thamer Sabhane ce sont ses propos sur l'embarras de certaines forces irakiennes face à l'action des forces de la mobilisation populaire. D'après lui, ces forces se sont plaintes de l'abandon saoudien des sunnites, "qui ont été abandonnés à leur propre sort".

Des propos qui laissent présager des tentatives de division accrues par l'ambassade saoudienne en Irak!

Traduit du site al-Akhbar