Les combattants irakiens n’ont pas touché leurs salaires depuis trois mois.
Les forces de la mobilisation populaire en Irak ont été écartées de la bataille de libération de Ramadi à l’ouest du pays. Des pressions américaines ont été exercées sur les autorités de Bagdad en ce sens.
Ces forces paramilitaires formées de volontaires irakiens s’attendent à une décision similaire en ce qui concerne la libération de Mossoul.
S’exprimant il y a quelques jours à l’agence de presse Reuters, le chef de l’organisation Badr, principale force qui chapeaute les forces de mobilisation populaire, Hadi el-Amiri, a clairement déclaré que ses forces n’entendent pas pénétrer dans la ville de Mossoul, disant préférer « une intifada interne de la part de ses habitants contre Daech ».
Selon le journal libanais al-Akhbar, citant une source gouvernementale irakienne, les forces irakiennes seront convoquées au cours de ce mois aux confins de Ninive, et se positionneront dans la base de Makhmour, d’où elles lanceront les opérations militaires à Mossoul.
Le début de la bataille est fixé pour la mi-2016, soit deux ans après l’occupation de la ville par les terroristes wahhabites takfiristes.
Dans le cadre des scénarios prévus pour cette bataille, des informations font état du recours aux forces accusées d’avoir comploté avec Daech pour assurer la chute de la ville ! Partant de là, les critiques virulentes lancées contre les forces de la mobilisation populaire s’éclaircissent.
Les hauts responsables de Ninive, qui ont été démis de leurs fonctions, tablent sur un rôle turc accru dans cette bataille, dans l’attente d’un rôle arabe !
Le commandant des forces nationales et le gouverneur de Ninive, Athil Noujeifi, également démis de ses fonctions, a souligné que les forces turques auront un rôle clé dans la libération de Mossoul. Selon lui, la participation turque montrera « l’ampleur de la contribution mondiale sunnite dans l’élimination de Daech ».
Pour le chercheur d’études géopolitiques, Zayd al-Khafaji, « la Turquie considère Mossoul comme une partie vitale de son territoire, et les Etats-Unis comprennent ce sujet du point de vue géopolitique. La mise en place d’une nouvelle équation à Mossoul après l’élimination de Daech se fera dans le cadre d’une entente turco-américaine, surtout que la Turquie s’est imposée de facto dans cette région et que la position du gouvernement irakien était vaine ».
D’après ce chercheur irakien, la présence turque à l’ouest de l’Irak vient en parallèle à l’intervention russe en Syrie.
Le président du centre de réflexion politique irakien, Ihsan Chommari, fait état d’une entente turco-américaine pour utiliser la base militaire turc à Incirlik dans la bataille de libération de Mossoul, en échange d’une contribution plus importante d’Ankara dans les négociations sur la crise syrienne et le démantèlement du principal parti kurde en Turquie, le PKK.
Crise financière
Entretemps, la polémique s’enfle sur le sol irakien au sujet des rémunérations des forces de la mobilisation populaire. Sachant que les combattants des forces paramilitaires n’ont pas touché leurs salaires depuis trois mois, alors que les salaires ont été revus à la baisse, soit une réduction de 30%.
Ainsi, le combattant touchera 500 mille dinars au lieu de 700 mille. Si une partie de ce problème est liée à la crise financière qui frappe l’Irak et qui menace les salaires des employés des services publics, la deuxième partie est certes en rapport avec les pressions grandissantes sur le gouvernement irakien pour réduire le rôle des forces de la mobilisation populaire.