Selon Bachar al-Jaafari, le dialogue n’a pas encore été entamé à Genève.
La Russie a annoncé mercredi qu'elle ne cesserait pas ses frappes militaires en Syrie avant d'y avoir "réellement vaincu" les groupes "terroristes", rejetant implicitement les demandes d'un arrêt des bombardements réclamé par des opposants syriens et des puissances occidentales, au moment où se tiennent des discussions unilatérales à Genève, sans accéder au stade du dialogue.
"Les frappes aériennes russes ne s'arrêteront pas tant que nous n'aurons pas réellement vaincu les organisations Etat islamique et le Front Al-Nosra", la branche syrienne d'Al-Qaïda, a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov en visite à Mascate.
"Je ne vois pas pourquoi ces frappes devraient s'arrêter", a-t-il ajouté, cité par l'agence Interfax.
A la demande du gouvernement syrien, l'armée russe mène depuis le 30 septembre une intense campagne de frappes aériennes contre les
Celle-ci a permis à l'armée syrienne de reprendre la main sur le terrain.
"Espérer que des conditions formulées sous la forme d'ultimatums aident à régler les problèmes constitue une politique à courte vue et sans avenir", a poursuivi M. Lavrov.
Le Haut comité des négociations (HCN), coalition d'opposants politiques syriens et de milices armées, parrainée par l’Arabie saoudite, réclame l'arrêt des bombardements depuis que des dicussions sont tenues à Genève de négociations de paix sous l'égide de l'ONU.
Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius avaient également plaidé mardi à Rome pour "l'arrêt des frappes russes contre l'opposition syrienne".
"Des gens capricieux sont apparus (au sein de l'opposition syrienne, ndlr), qui commencent à avoir des exigences qui n'ont rien à voir avec les principes" devant régir les pourparlers de paix, a martelé mercredi le chef de la diplomatie russe.
M. Lavrov a par ailleurs estimé qu'un cessez-le-feu en Syrie passait d'abord par un "arrêt de la contrebande à travers la frontière turco-syrienne", qui "ravitaille les combattants".
Le chef de la diplomatie russe s'est en outre interrogé sur les "buts réels" de la coalition internationale menée par les Etats-Unis en Syrie.
"Nos partenaires continuent de fuir le dialogue pragmatique que nous proposons depuis le tout début. C'est suspect et suscite des questions sur les buts réels de la coalition", a-t-il déclaré sans plus de précisions.
Pas encore de dialogue
L'accord conclu sous les auspices des Nations unies prévoit qu'une trêve dans les combats soit instaurée au moment où commence un dialogue politique sur l'avenir du pays entre le pouvoir syrien et l'opposition.
Mais selon le représentant de Damas au sein de l’ONU, Bachar al-Jaafari, le dialogue n’a pas encore entamé, d’autant que la liste qui distingue les factions de l’opposition des groupes terroristes n’a pas été établie.
"Nous sommes encore dans la phase préparatoire (...). Nous attendons toujours de savoir avec qui nous allons négocier et sur quel ordre du jour", a-t-il déclaré, répétant que la partie adverse n'était "pas sérieuse" et "ne traitait pas les questions comme des politiciens professionnels".
Mardi, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura avait mis en garde mardi soir contre un "échec" des discussions de Genève.
Ces discussions sont d’autant plus mises en cause que certains opposants insistent pour une cessation des hostilités, au moment où les milices subissent revers après revers sur le terrain. Depuis lundi, l’armée syrienne réalise une progression importante dans sa reconquête de la province nord d’Alep, limitrophe de la Turquie. Elle avait fait de même à Deraa, au sud de la Syrie, et à Lattaquié, où elle a délogé les miliciens pro turcs.
Avec AFP