25-11-2024 11:10 PM Jerusalem Timing

Londres va publier les statistiques ethniques et sociales de ses universités

Londres va publier les statistiques ethniques et sociales de ses universités

Oxford a indiqué ne pas « voir la nécessité » d’une telle loi.

On ne peut pas encore parler de quotas ethniques dans les universités du Royaume-Uni, mais ce pourrait bien être la prochaine étape. Alors qu’une étude du Congrès des syndicats britanniques, publiée le 1er février, révèle que les salaires des jeunes diplômés noirs sont en moyenne inférieurs de 23 % à ceux des diplômés blancs, le premier ministre britannique accentue sa campagne de lutte contre les discriminations.

Une loi gouvernementale devrait prochainement contraindre les universités à publier les origines sociales et ethniques, ainsi que le genre des étudiants qui y sont inscrits.

Les mauvaises élèves montrées du doigt

« Cette nouvelle obligation va révéler les universités qui affichent une faible représentation des minorités ethniques ou des classes défavorisées », justifie dans un communiqué le 10 Downing Street. Le gouvernement britannique souhaite donc montrer du doigt les mauvaises élèves en termes de diversité.

David Cameron s’y est d’ailleurs immédiatement attelé en expliquant, dans une tribune du Sunday Times publiée le 31 janvier, qu’en 2014 « seuls 27 étudiants noirs » étaient entrés à la prestigieuse université d’Oxford, qu’il a lui-même fréquentée, sur un total de 2 500 nouveaux inscrits. Il en est de même pour les élèves de la classe ouvrière blanche, qui ne représentent que 10 % des nouveaux entrants.

Les universités pas convaincues

« Je suis convaincu que ce nouveau devoir de transparence sera une réelle chance d’aider les universités à faire les bons choix et à avancer dans la bonne direction », explique le premier ministre. La critique n’a évidemment pas été bien accueillie par les universités concernées. Oxford a indiqué ne pas « voir la nécessité » d’une telle loi, puisque « les inégalités sociales et leurs effets apparaissent avant même que les enfants ne commencent leur scolarité ».
Formellement interdites dans l’Hexagone, les statistiques ethniques font depuis de nombreuses années l’objet de débats en France. Dernier en date, celui lancé par François Fillon en septembre 2015, qualifiant, après tant d’autres, ces statistiques de « tabou » à faire « sauter ».

Aux Etats-Unis, où celles-ci sont un non-débat, tant leur utilisation est ancienne, des quotas ethniques sont appliqués depuis les années 1960 dans la plupart des universités. Mais la case « race » sur les demandes d’inscription sert une politique d’affirmative action – discrimination positive – régulièrement remise en question. Ses détracteurs lui préféreraient des critères socio-économiques, car ces quotas permettraient, certes, de recruter des étudiants de toutes les couleurs…, mais des étudiants toujours riches.

Source: Le Monde