"Vu l’amélioration de la situation sécuritaire, il a été décidé (...) de lever le couvre-feu sur tout le territoire"
Le couvre-feu a été levé ce jeudi en Tunisie après l'essoufflement de la plus importante contestation sociale depuis la révolution de 2011, mais les revendications contre le chômage et la misère demeurent entières dans un pays en plein marasme économique.
Après plusieurs jours de manifestations parties de Kasserine, dans le centre défavorisé, le gouvernement, confronté à une propagation et à un risque de dérapage du mouvement, avait été contraint le 22 janvier de décréter un couvre-feu nocturne.
Valable de 20H00 à 05H00, il avait ensuite été allégé à deux reprises, à la faveur de l'essoufflement de la contestation.
"Vu l'amélioration de la situation sécuritaire, il a été décidé (...) de lever le couvre-feu sur tout le territoire", a indiqué jeudi dans un bref communiqué le ministère de l'Intérieur, au sujet d'une mesure qui, depuis le 29 janvier, restait en vigueur chaque soir à compter de minuit.
Inédite par son ampleur et sa durée depuis 2011, la vague de contestation sociale avait débuté le 16 janvier à Kasserine, cité miséreuse de 80.000 habitants, après le décès d'un jeune chômeur, Ridha Yahyaoui, électrocuté alors qu'il protestait contre son retrait d'une liste d'embauche dans le public.
La colère s'était propagée au cours des jours suivants dans de nombreuses régions, les forces de l'ordre répondant dans certains cas à des jets de pierre avec du gaz lacrymogène.
Dans la nuit du 21 au 22 janvier, des saccages de commerces avaient été enregistrés dans un quartier populaire de la banlieue de Tunis, Cité Ettadhamen.
Le couvre-feu avait été instauré le lendemain, "au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées", et du "danger" "pour la sécurité de la patrie et des citoyens".
Quelques rassemblements pacifiques se sont un temps poursuivis à Kasserine mais aussi à Sidi Bouzid, où l'immolation du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi avait donné le départ de la révolte contre le régime de Zine el Abidine Ben Ali
fin 2010.