"Dans le monde multipolaire en formation, la Russie doit être considérée comme un élément clé de tout nouvel équilibre global, et non pas comme une menace pour les Etats-Unis"..
"Dans le monde multipolaire en formation, la Russie doit être considérée comme un élément clé de tout nouvel équilibre global et non pas comme une menace pour les Etats-Unis", affirme-t-il.
L'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger estime que les relations russo-américaines sont actuellement bien plus mal en point que pendant la guerre froide. Dans un article pour le National Interest, il appelle à construire un "concept stratégiquement nouveau de partenariat entre la Russie et les Etats-Unis afin de rendre possible la résolution des questions en litige".
"La confiance est perdue des deux côtés. La confrontation a remplacé la coopération", note l'analyste. Il constate une tendance à "diaboliser les leaders des Etats voire les Etats eux-mêmes". Résultat: aux Etats-Unis comme en Russie, on parle d'une nouvelle guerre froide.
Or, ce n'est pas dans le retour à une confrontation militaire que Kissinger voit la principale menace, mais dans l'enracinement dans les deux pays d'une prophétie autoréalisatrice concernant la détérioration incessante des relations bilatérales.
"Les intérêts à long terme des deux pays exigent un ordre mondial dans lequel les bouleversements et changements actuels se transforment en un nouvel équilibre, de plus en plus multipolaire et globalisé", écrit le légendaire diplomate de 92 ans.
Dans le monde actuel, les menaces apparaissent non pas en raison de la concentration mais de la désintégration du pouvoir étatique, de la formation de territoires ingouvernables. Aucun Etat n'est capable de maîtriser ce vide croissant de pouvoir, estime le politologue. Une coopération durable entre les Etats-Unis, la Russie et d'autres Etats est nécessaire.
"Dans le monde multipolaire en formation, la Russie doit être considérée comme un élément clé de tout nouvel équilibre global, et non pas comme une menace pour les Etats-Unis", affirme M. Kissinger.
L'Ukraine, selon lui, "doit être incorporée à l'architecture de sécurité européenne et internationale de façon à servir de pont entre la Russie et l'Occident, et non pas d'un avant-poste à l'une des parties".
Des efforts conjoints de la Russie et des Etats-Unis coordonnés avec d'autres grandes puissances pourraient aboutir sur un modèle d'élaboration de solutions de paix au Proche-Orient et probablement dans d'autres régions, suppose l'auteur.
Le 3 février, Henry Kissinger a été reçu par le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence près de Moscou. Les deux hommes ne ratent jamais l'occasion de se parler, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Ils se sont rencontrés plus de dix fois au total. En octobre 2013, M. Poutine a déclaré que la Russie écoutait attentivement les estimations données par l'ancien diplomate.
Henry Kissinger, conseiller à la sécurité nationale américaine en 1969-1975 et secrétaire d'Etat américain en 1973-1977 a été l'initiateur de la politique de détente dans les relations entre les Etats-Unis et l'URSS.