"il ne faut pas laisser les politiques manipuler les verbes et les faits"..
Tandis que l'équipe de Nicolas Sarkozy s'évertue à présenter un bilan "propre" des années durant lesquelles l'ancien président était à la barre du pays, le père d’une des victimes de la tuerie perpétrée à Montauban en mars 2012, interrogé par Sputnik, dénonce une utilisation politique.
"Il n'y a pas eu d'attentats terroristes sous Sarkozy. Le niveau de sécurité sous Sarkozy n'a jamais été aussi élevé (…). Quant à l'affaire Merah, ce n'est pas un attentat, c'est le crime d'un furieux. Ce n'est pas Daech, ce n'est pas un réseau international", a déclaré jeudi le député Éric Woerth (les Républicains) dans une interview accordée à la chaîne iTélé.
Ces propos n'ont pas tardé à soulever un tollé général. "Scandaleux", "abjects", s'indigne, Albert Chennouf-Meyer, le père d'Abel Chennouf, l'une des sept victimes du tueur au scooter, abattue à Montauban en mars 2012.
Selon lui, il ne faut pas laisser les politiques manipuler les verbes et les faits:
"Le 2 décembre 2015, Nicolas Sarkozy a affirmé sans vergogne, sans scrupules, sans que quelqu'un lui objecte la vérité, qu'il n'y a pas eu d'attentats lors de son quinquennat. (…) On voit ce qui s'est passé avec Éric Woerth qui est l'ancien ministre du budget de Sarkozy, son bras droit, un chef de camp actuellement. Bien entendu, il y a une stratégie qui consiste à effacer les faits qui se sont produits en 2012 pour embellir, pour "nettoyer" un quinquennat qui n'était pas si propre que ça", a-t-il confié à l'agence Sputnik.
Albert Chennouf-Meyer voit d'un œil très critique le système politique français. D'après lui, il y a toutefois une solution susceptible d'y remédier, notamment laisser plus de place à la société civile dans la prise de décisions.
"La société civile, c'est ce que nous sauvera un jour. Je me contenterai bien d'un pouvoir politique… mais fort. La société civile est éveillée, mais elle n'a pas de pouvoir actuellement. Le système en France ne permet pas que les membres de la société civile prennent le pouvoir. Au moins qu'on révise la Constitution (rire) ou on fait un coup d'état (rire encore)".
"Je ne suis pas quelqu'un de très procédurier, je n'ai pas que ça à faire. J'ai d'autres combats. Ce soir, sur France 2, Nicolas Sarkozy participe à une émission de deux heures. Il n'a qu'à dire un mot, seulement un mot: +Je m'excuse d'avoir été maladroit, d'avoir éludé les attentats de Toulouse et de Montauban+. C'est tout! Demain je retire ma plainte. Voilà!", a conclu Albert Chennouf-Meyer.
Les propos d'Éric Woerth ont été vivement condamnés par des organisations et des responsables politiques, allant du frontiste Florian Philippot, jusqu'au Conseil représentatif des institutions juives de France.
En mars 2012, Mohamed Merah a perpétré plusieurs attentats à Toulouse et Montauban au nom de l'islam radical, tuant sept personnes (trois militaires ainsi qu'un professeur et trois enfants d'une école juive) avant d'être abattu alors qu'il était retranché à son domicile, d'où il avait ouvert le feu sur les forces de l'ordre.