A Téhéran, contrairement à ce qui se passe dans les pays arabes en ébullition, ce sont les manifestants qui ont tué un membre des forces de l’ordre, lundi.
A Téhéran, le cortège funèbre du membre bassidji ( armée idéologique de volontaires) iranien Saneh Jaleh, tué lundi par des éléments anonymes s’est transformé ce mercredi en une marche de colère contre ceux qui veulent semer la zizanie en Iran, selon les manifestants.
« À mort les leaders de la sédition, à mort des mounafikines » scandaient les participants au cortège funèbre, en allusion aux chefs de l’opposition, Mir Hussein Moussaoui et à Mehdi Karroubi et à l’organisation iranienne terroriste en exil « les Moudjahidines du peuple ».
Selon le correspondant d’AlJazira, il n’y a pas eu d’affrontement durant la marche, contrairement à ce qui est véhiculé par certaines agences de presse internationales .
Jaleh qui était également étudiant à l’université des lettres de l’université de Téhéran avait été abattu lundi à bout portant, et huit passants iraniens ont été blessés, lors de la manifestation que l’opposition iranienne proche de l’ex-président et de l’ancien chef du parlement a organisée en guise de soutien aux révolutions d’Égypte et de Tunisie, malgré l’interdiction des autorités.
Ces dernières soupçonnent des éléments des « mounafikines », pseudonyme accordé par les Iraniens à l’organisation terroriste iranienne en exil « les Moudjahidines du peuple » d’avoir perpétré l’assassinat contre ce jeune homme de 26 ans.
Selon les autorités iraniennes, c’est l’administration américaine qui a exhorté l’opposition afin d’effectuer ces manifestations, en raison de ses positions de soutien aux révolutions tunisienne et égyptienne.
La semaine dernière, alors que la révolution égyptienne battait son plein, le ministère américain des affaires étrangères lançaient sur Twitter des appels en direction d’Iran pour exhorter les protestataires à manifester contre le régime.
Pour sa part, le New York Times a constaté que les États-Unis entretenaient un langage double avec le Bahreïn et avec l’Iran, ce qui permet d’entrevoir deux méthodologies différentes.
S’adressant aux dirigeants iraniens, le président américain les avait accusés d’hypocrisie, relève le journal, car selon lui, ils encouragent la révolution égyptienne, et jugent qu’elle est le prolongement de leur révolution, alors qu’elles refusent d’accorder aux protestataires iraniens l’autorisation de manifester.
Alors qu’en s’adressant aux autorités du Bahreïn, où se trouve une base américaine, constate toujours le quotidien américain, Obama leur demande tout juste de prendre en considérations les injustices de leur peuple. S’adressant aux autres régimes alliés des américains, Obama leur conseille d’adopter des mesures préalables au changement.
Selon le New York Times, cette différence de langage reflète la complexité de la diplomatie américaine dans la région.
Le journal américain enregistre aussi que le président américain s’est adressé aux protestataires iraniens, les exhortant à poursuivre leur action, alors qu’il s’est abstenu de le faire avec les manifestants bahreïnis.
Sachant qu’il s’était abstenu de s’adresser aux Iraniens durant les émeutes pos électorales en 2009, de crainte que son ingérence ne porte atteinte à l’efficacité de la révolte.
Ce qui permet au journal américain de conclure que les dirigeants américains œuvrent à l’heure actuelle pour consacrer les divisions inter iraniennes afin de compliquer la tâche au régime « des Mollahs ».
Entre temps, les autorités ne comptent rester les bras croisés. En plus de la marche organisée dans le cadre du cortège funèbre, plusieurs rassemblements ont eu lieu à Téhéran et à Qom, exigeant de traduire en justice « les dirigeants de la sédition ».
D’autres manifestations populaires auront également lieu vendredi prochain contre « les crimes sauvages et répugnants des chefs de la sédition et leurs alliés hypocrites », selon les termes du Conseil pour la coordination et la propagande islamique.