"C’est le peuple qui est le grand perdant lorsque les autorités qualifient leurs critiques et leurs opposants politiques de «traitres» et de «terroristes»"..
Mû par ses "fantaisies néo-ottomanes", Erdogan semble prêt à tout pour asseoir son pouvoir en Turquie, quitte à sacrifier le bel héritage laissé par ses prédécesseurs.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui cherchait tout récemment encore à passer pour un réformateur et un libéral aux yeux de l'Occident, s'est querellé avec ses voisins, rapporte le quotidien britannique The Independent.
Le journal souligne que le dirigeant turc ne veut qu'une chose: un pouvoir absolu. Pour y parvenir, il est prêt à détruire ce pays prospère que ses prédécesseurs lui ont laissé en héritage.
"C'est le peuple qui est le grand perdant lorsque les autorités qualifient leurs critiques et leurs opposants politiques de «traitres» et de «terroristes»", peut-on lire dans le sous-titre de l'article.
Avant l'arrivée du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le pays suivait fidèlement le précepte de son fondateur Kemal Atatürk: "paix à la maison, paix dans le monde". Même les trois coups d'Etat opérés entre 1960 et 1980 n'ont pas empêché la Turquie de rester un "membre respecté de l'Otan" et même de briguer une place au sein de l'Union européenne.
Or, tout a changé avec l'apparition de l'AKP sur la scène politique turque en 2002. Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Ahmet Davutoglu, s'est empressé de remplacer la devise d'Atatürk "la paix dans le monde" par le slogan "zéro problème avec les voisins". C'est encore Davutoglu qui a inculqué à Erdogan ses "fantaisies néo-ottomanes". Les résultats ne se sont pas fait attendre: la Turquie est actuellement "à couteaux tirés" avec tous ses voisins, en premier lieu avec la Syrie. Pire, Ankara n'a pas hésité à gâter ses relations avec la Russie en abattant un de ses chasseurs.
"Désireux d'obtenir un pouvoir illimité, Erdogan a provoqué une guerre civile qui risque de démanteler la Turquie telle qu'elle a été créée par Atatürk et ses successeurs", affirme The Independent.
Selon le quotidien, c'est le peuple turc qui souffre le plus de ce qui se passe dans son pays et il n'entend pas les critiques étouffées par les autorités en place. Lors des prochaines élections législatives, le parti d'Erdogan a toutes les chances de décrocher 330 des 550 sièges au parlement. Ce nombre lui suffirait à amender la Constitution pour accorder au président "le pouvoir absolu qu'il recherche depuis si longtemps".