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Paris, peut-il battre son record de ventes d’armes à l’étranger en 2016?

Paris, peut-il battre son record de ventes d’armes à l’étranger en 2016?

Les émirats envisagent d’acheter à Paris 60 chasseurs multirôles de quatrième génération (soit une quinzaine de milliards d’euros).

L’industrie militaire française s’est engagée dans une dizaine de campagnes commerciales, chacune peut rapporter plus d’un milliard d'euros au Trésor du pays d'ici à la fin 2016.

En 2015, l'industrie militaire française a établi un nouveau record en ayant vendu pour 16 milliards d'euros d'armements à l'international. Mais 2016 pourrait devenir une année unique pour les ventes d'armes de la France à l'exportation, car les groupes français sont actuellement engagés dans au moins une dizaine de campagnes commerciales dont le montant atteint ou dépasse un milliard d'euros, estime le quotidien économique et financier français La Tribune.

L'accord récent et le plus mentionné par les médias est l'achat des chasseurs français Rafale par l'Inde. Le président français lui-même, François Hollande, a signé le 25 janvier à New Delhi un protocole d'accord pour la vente de 36 avions de combat Rafale à l'Inde avec le premier ministre indien, Narendra Modi. Le montant de la commande est estimé aux alentours de 10 milliards d'euros. La Tribune affirme que le contrat entrera en vigueur cette année en soulignant que les chances de succès sont de 99%.

En fait, on peut diminuer ce taux de succès si on observe la partie indienne, qui agit de manière vague.

Tout d'abord ce protocole d'accord ne garantit toutefois en rien la vente future des avions Rafale. C'est un accord politique qui signifie tout simplement que la question sera discutée à l'avenir. D'habitude, selon la pratique du droit commercial et international de tels accords ne comportent pas d'obligations.

En 2007, l'Inde avait signé un accord similaire avec la Russie pour la coproduction d'un avion de combat de cinquième génération développé spécifiquement pour le compte de l'armée de l'air indienne (le Fifth generation fighter aircraft, FGFA) sur une base de l'avion PAK FA. Les Indiens expriment souvent leur mécontentement de l'avion russe. Et quelques heures avant les pourparlers Hollande-Modi, le journal indien Business Standard a annoncé que la Russie et l'Inde avaient convenu de réduire le prix du projet russo-indien de 10 milliards de dollars à 8 milliards. La partie russe n'a pas confirmé cette annonce, ce qui indique que l'Inde joue sur les contradictions entre la Russie et la France pour négocier de meilleurs termes de transaction.

De plus, il ne faut pas oublier que l'Inde avait déjà abandonné une première fois, en avril 2015, son appel d'offres portant sur 126 avions de combats français.

Un autre acheteur pour les appareils de Dassault Aviation est les Emirats Arabes Unis. Les émirats envisagent d'acheter à Paris 60 chasseurs multirôles de quatrième génération (soit une quinzaine de milliards d'euros). Le prince héritier d'Abou Dabi et ministre émirati de la Défense, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, en a fait la promesse à son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Un autre accord assez douteux car ce n'est pas la première fois que les Emirats Arabes Unis ont l'intention d'acheter ces avions. Au milieu du mois de novembre 2011, le ministère émirati de la Défense avait annulé les négociations sur l'achat des Rafales avec la France, en affirmant qu'ils étaient trop chers et qu'ils avaient de mauvaises performances techniques.

C'est DCNS, un groupe de l'industrie navale militaire qui peut rapporter le plus d'argent pour l'Hexagone. DCNS a pris part à la compétition "Sea 1000", organisée par l'Australie, qui vise à équiper la marine australienne de huit sous-marins océaniques de plus de 4.000 tonnes. Soit un contrat estimé à 30 milliards d'euros, dont un tiers pour les plateformes. DCNS a fait son offre technique avec un sous-marin de 90 mètres de long pour 4.000 tonnes de déplacement en plongée. Ce navire est dérivé du sous-marin nucléaire d'attaque de classe Suffren du programme Barracuda. En outre, remporter ce gigantesque projet serait un défi pour le groupe tricolore qui doit dépasser les deux autres candidats en lice: l'allemand ThyssenKrupp et un consortium japonais, composé des sociétés Mitsubishi Heavy Industries et de Kawasaki Heavy Industries.

L'industriel français peut également vendre sa production au Qatar, qui a l'intention d'obtenir trois frégates dans le cadre de son programme "Protector". A cet égard, DCNS a proposé à Doha ces frégates ATBM de 4.000 tonnes, armées de missiles Aster 30 et de missiles mer-mer Exocet. Le contrat est estimé à 2,5 milliards d'euros environ. Cependant, pour réaliser ce projet les Français doivent faire une offre plus attrayante que leurs concurrents italiens.

La Tribune rapporte aussi que le Qatar a signé en mars 2014 une lettre d'intention pour l'achat de 22 NH90 pour près de deux milliards d'euros à un consortium européen emmené par Airbus Group. Dans le détail, il s'agit de 12 NH90 pour le transport tactique et de 10 exemplaires de la version de lutte anti-sous-marine.

Airbus, l'un des plus grands avionneurs du monde, ayant conclu un accord sur 114 avions de ligne avec l'Iran peut également réussir à livrer 50 de ses hélicoptères Caracal à l'armée polonaise pour un montant de 3,1 milliards d'euros. Le groupe a même signé un accord avec le gouvernement polonais en avril 2015. Mais il y a une complication. Cet accord avait été conclu avec le gouvernement libéral précédent. La nouvelle majorité conservatrice (PiS) critique le choix d'Airbus Helicopters. La nouvelle direction du ministère polonais de la Défense a indiqué que la décision d'acheter des H-225M "Caracal" ne correspond pas au concept actuel de modernisation de l'armée. En outre, si l'offre est annulée, la Pologne devra payer une compensation à Airbus pour un montant d'au moins un milliard d'euros. Pour éviter les conséquences néfastes, la Pologne essayerait de négocier une réduction du nombre d'hélicoptères achetés. Cette mesure permettra au ministère polonais de la Défense d'organiser une autre compétition en invitant les concurrents d'Airbus — l'américain Sikorsky et l'italo-britannique AgustaWestland.

Airbus s'engage également dans le domaine spatial. Avec Thales Alenia Space, il pourrait conclure cette année un contrat avec l'Egypte pour deux satellites d'observation et un autre avec l'Arabie saoudite. Le montant total des projets est d'environ quatre milliards d'euros.

Enfin, les constructeurs de missiles MBDA et Thales négocient avec la Turquie sur un système de défense anti-aérien. Le consortium franco-italien Eurosam propose à Ankara son système de défense aérien de longue portée SAMP/T pour un montant de 3 à 4 milliards d'euros. L'accord prévoit, par ailleurs, un transfert de technologies. Si les négociations s'achèvent avec succès, les systèmes seraient déployés à la frontière avec la Syrie.