23-11-2024 09:41 AM Jerusalem Timing

Turquie: L’ambassadeur US convoqué pour un commentaire sur les Kurdes

Turquie: L’ambassadeur US convoqué pour un commentaire sur les Kurdes

Le leader du parti pro-kurde accuse le pouvoir de "massacre" dans une ville kurde.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Ankara a été convoqué mardi au ministère turc des Affaires étrangères après des déclarations réaffirmant que le principal parti kurde de Syrie n'était pas "terroriste", ont rapporté les médias.

Les autorités turques, qui considèrent le Parti de l'union démocratique (PYD) comme un groupe «terroriste», lui ont fait part de leur «malaise» après que le porte-parole du département d'État américain John Kirby eut rappelé lundi que le PYD n'était pas aux yeux de Washington un groupe «terroriste», selon le quotidien Hürriyet citant des diplomates turques.

Mardi, l'intéressé, M. Kirby, a confirmé que l'ambassadeur des États-Unis en Turquie John «Bass avait rencontré aujourd'hui des hauts responsables officiels turcs». Mais il n'est pas entré dans les détails de «conversations diplomatiques» sur la «complexité de la lutte contre Daesh en Syrie».

Interrogé lundi, M. Kirby avait répondu: «comme vous le savez, nous ne considérons pas le PYD comme une organisation terroriste».

«Notre politique n'a pas changé là-dessus. En revanche, nous considérons le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) comme une organisation terroriste étrangère», a réaffirmé, mardi, le porte-parole de la diplomatie américaine.

Depuis plusieurs mois, le soutien militaire apporté par les États-Unis au PYD et à ses milices, les Unités de protection du peuple (YPG), constitue une source de frictions récurrente entre Washington et Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en était irrité la semaine dernière devant la presse, en dénonçant la visite rendue récemment aux YPG qui contrôlent la ville syrienne de Kobané par Brett McGurk, l'émissaire du président américain Barack Obama pour la coalition internationale anti-takfiriste.

«Comment peut-on (vous) faire confiance? Est-ce que je suis votre partenaire? Ou alors ce sont les terroristes de Kobané?», avait lancé Erdogan.

Le leader du parti pro-kurde accuse le pouvoir de "massacre"

Entre-temps, le leader du parti pro-kurde de Turquie, Selahattin Demirtas, a accusé mardi les forces de l'ordre d'avoir commis un "massacre" contre des civils dans une ville kurde lors d'une opération contre les rebelles du PKK, ce que le gouvernement dément.

"Ils ont commis un massacre de masse à Cizre et ne veulent pas l'annoncer", a affirmé le leader du Parti de la démocratie des peuples (HDP), troisième force politique du parlement turc, lors d'un discours devant ses députés.

Il faisait référence à Cizre qui fait partie des villes kurdes du sud-est à dominante kurde où l'armée et la police mènent depuis deux mois des opérations d'envergure pour déloger des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui y ont proclamé une "insurrection", en creusant des tranchées et érigeant des barricades.

Selon des rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours, 60 habitants de Cizre dont des blessés qui se seraient retranchés dans la cave d'un bâtiment auraient été exécutés lors du week-end par les forces de sécurité.

Lundi, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a catégoriquement démenti toute attaque visant des civils, prétendant que "l'Etat turc lutte seulement contre les terroristes" et "fait tout pour épargner les civils".

M. Demirtas a pourtant affirmé que "70 à 90 personnes" s'étaient réfugiées dans le sous-sol en question, attaqué, selon lui, par des tanks. "D'après nous ils ont tué tous les occupants de ce lieu (...) Les autorités ont ensuite dispersé les corps des victimes dans les rues et les maisons dévastées (par les combats) comme si les cadavres étaient déjà là" dans l'objectif de dissimuler leur action, a-t-il dit.

Depuis l'été, les combats qui ont repris après une accalmie de deux ans entre l'armée, la police et les rebelles ont fait de nombreux tués dans les deux camps.

La reprise du conflit a également causé des dizaines de victimes civiles, plus de 200, selon les ONG, et provoqué l'exode de dizaines de milliers d'autres.

Avec AFP