L’ouverture de ce bureau risque tout de même d’alimenter un peu plus la tension entre Moscou et Ankara.

Une délégation de Kurdes syriens a ouvert mercredi un bureau de représentation à Moscou, un choix symbolique à l'heure où le Kremlin cherche à les inclure dans les négociations de paix sur la Syrie malgré l'opposition d'Ankara.

"C'est une étape politique importante pour les Kurdes syriens et un moment historique pour le peuple kurde", a déclaré lors de l'inauguration du bureau dans un quartier excentré de Moscou Merab Shamoïev, dirigeant de l'Union internationale des associations publiques kurdes.

"La Russie est un acteur important au Moyen-Orient. Elle n'en est pas seulement un acteur, elle écrit aussi le scénario", a-t-il ajouté.

Selon M. Shamoïev, plusieurs membres de la délégation kurde syrienne présente à Moscou pour l'inauguration de ce bureau sont liés au Parti de l'union démocratique (PYD), le principal parti kurde syrien.

Le ministère russe des Affaires étrangères, cité par les agences, a pris ses distances avec cette initiative, assurant que les intérêts kurdes continueraient d'être représentés par les diplomates syriens et irakiens.

Les autorités russes n'ont conféré aucun statut diplomatique à ce bureau, dont l'ouverture risque tout de même d'alimenter un peu plus la tension entre Moscou et Ankara, dont les relations sont gelées depuis que la Turquie a abattu un bombardier russe à la frontière syrienne le 24 novembre.

Les Kurdes syriens ont été exclus des négociations de paix tentées sans succès la semaine dernière à Genève entre le pouvoir syrien et les différents groupes de l'opposition malgré les demandes de Moscou qui estime qu'aucune négociation ne pourrait donner de résultats sans eux.

Mais le PYD, en pointe dans la lutte contre le groupe takfiriste Daesh dans le nord de la Syrie, est une "organisation terroriste" aux yeux d'Ankara, qui le considère comme une émanation du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi numéro 1.

Les Kurdes syriens ont également annoncé leur intention d'ouvrir des bureaux à Washington, Berlin, Paris et dans plusieurs pays arabes. Ils avaient ouvert leur première représentation diplomatique dans la région autonome du Kurdistan irakien l'an passé.

Avec AFP