La décision du royaume de déployer des forces au sol en Syrie était "irréversible".
Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a souhaité ce jeudi à Bruxelles que la coalition anti Daech (EI) engrange rapidement "des gains tangibles" grâce à l'augmentation des contributions militaires des pays participants.
"Cette réunion ministérielle marque le début d'une nouvelle étape dans la
campagne de la coalition pour vaincre l'EI", a déclaré Ashton Carter devant ses
homologues de 49 pays, dont l'Irak et l'Arabie saoudite, réunis à Bruxelles.
Les Etats-Unis demandent à leurs partenaires de contribuer davantage en
armements, équipements, troupes et contributions financières, pour mettre en
oeuvre le "plan de campagne militaire" de la coalition, qui vise en premier
lieu à "reconquérir" Mossoul, deuxième ville d'Irak, et le fief syrien de l'EI,
Raqa, a expliqué Carter.
"La discussion d'aujourd'hui va inciter chacun d'entre nous à faire
davantage et à examiner comment nous pouvons aligner nos ressources de manière plus efficace sur la stratégie" de la coalition, a plaidé Carter.
Après cette réunion des ministres de la Défense de la coalition, une
première dans ce format depuis le lancement de la campagne il y a plus de 18
mois, les chefs d'état-major de la coalition se retrouveront "dans quelques
semaines", puis une "conférence de génération des forces" sera organisée,
a-t-il expliqué.
"D'ici là, au plus tard, nous devrions commencer à voir des gains tangibles
grâce à ces capacités additionnelles", espère Ashton Carter, qui a rappelé que
la puissante entité jihadiste "menace non seulement les vies des Irakiens et
Syriens, mais aussi la sécurité des citoyens de tous nos pays".
De son côté, le porte-parole du ministre saoudien de la Défense, le
vice-prince héritier Mohammed ben Salmane, a assuré que la décision du royaume de déployer des forces au sol en Syrie était "irréversible".
"Le royaume se tient prêt pour mener des opérations aériennes ou terrestres
(...) dans le cadre de la coalition et sous le commandement des Etats-Unis", a
expliqué le porte-parole, Ahmed Assiri.
Mais ce dernier s'est refusé à donner des précisions sur les effectifs que
l'Arabie saoudite pourrait engager au sol. "Les détails seront étudiés
ultérieurement", a-t-il dit.
Les Etats-Unis mettent aussi en garde leurs partenaires contre le
déplacement d'une partie des combattants de l'EI vers la Libye, où ils seraient
désormais quelque 5.000.
Carter a utilisé une combinaison de diplomatie discrète et de reproches
publics pour inciter ses partenaires à faire davantage, allant jusqu'à accuser,
sans les nommer, certains des 66 membres de la coalition anti-EI de "ne rien
faire du tout".
Le Pentagone estime que l'EI a perdu environ 40% des territoires qu'il
occupait en Irak, dont la ville de Ramadi, et environ 10% de ceux qu'il
contrôlait en Syrie. Mais la reconquête de Mossoul et Raqa n'est pas envisagée
avant plusieurs mois.
Les efforts de Carter ont déjà porté quelques fruits. Le Canada va
tripler l'effectif de ses forces spéciales formant des milices kurdes dans le
nord de l'Irak, le portant à 210 hommes.
La Slovénie a promis d'envoyer des instructeurs militaires et la Pologne
pourrait se joindre aux opérations contre l'EI, possiblement en dépêchant des
forces spéciales selon un expert à Varsovie.
L'Otan a donné ce jeudi son accord de principe pour déployer ses avions de
surveillance Awacs au-dessus des Etats-Unis, de façon à permettre à l'armée
américaine de libérer ses propres avions pour des opérations dans le ciel
irakien et syrien.