Les jeunes palestiniens se révoltent contre les oppressions sionistes de toutes sortes.
Quatre jours de siège, des arrestations, des démolitions punitives et des retraits massifs de permis de travail... Israël a frappé fort à Qabatia, comme pour faire un exemple, mais sans paraître entamer l'esprit de "résistance" dans l'indocile localité de Cisjordanie occupée.
Cette petite ville de 25.000 habitants perchée sur les collines du nord de la Cisjordanie s'enorgueillit d'une longue histoire de lutte. "Ici, on a résisté à toutes les occupations", affirme le maire Mahmoud Kemil, citant en vrac le mandat britannique sur la Palestine, l'Empire ottoman et aujourd'hui l'occupation israélienne.
Ce jour-là, il organise une visite d'officiels chez les familles des neuf jeunes de Qabatia qui ont été tués depuis début octobre en attaquant des Israéliens. La dernière attaque remonte au 3 février quand trois jeunes des grandes familles de la ville ont tué une garde-frontière israélienne de 19 ans, Hadar Cohen, à l'entrée de la Vieille ville de Jérusalem.
Parmi eux se trouvait Ahmed Zakarneh, 19 ans. Sa grande soeur Nisrine parle de lui les larmes aux yeux: Ahmed Zakarneh avait "une amoureuse, un travail et une famille qu'il adorait, qu'il a quittée pour défendre la cause palestinienne".
Dans la maison familiale, la mère, entourée de ses dix autres enfants, exprime sa "fierté". Au lendemain de l'attaque, des soldats israéliens sont venus prendre les dimensions de sa maison en vue de sa démolition.
« Tous solidaires »
"Nos maisons ne valent pas plus que nos enfants, alors qu'ils détruisent! Ils détruiront et nous reconstruirons", lance-t-elle.
Dans Qabatia, les posters célébrant l'attaque menée par son fils sont venus s'ajouter aux photos, aux couleurs passées, des autres "martyrs" qui ornent les rues depuis la première Intifada. "Tous les habitants sont solidaires avec nous", dit la mère d'Ahmed Zakarneh.
Plusieurs des attaques menées par des jeunes de Qabatia ont eu lieu au point de contact le plus proche avec les soldats israéliens: le checkpoint d'al-Jalameh, entre le nord de la Cisjordanie et les territoires occupés par Israël.
C'est par là que Mohammed Nazzal, 37 ans, passait chaque matin pour aller travailler, grâce à un permis délivré par les autorités israéliennes. Mais aujourd'hui, il ne peut plus s'y rendre.
"On est arrivé au checkpoint et les soldats ont refoulé tous ceux qui avaient une adresse à Qabatia sur leurs papiers", dit-il dans sa maison.
Depuis, cet homme qui a sept personnes à charge se ronge les sangs: "Personne ne nous a dit si c'était temporaire ou si nos permis étaient tout simplement annulés".
Selon la chambre de commerce de Jénine, la grande ville proche, cette mesure affecte au moins 300 hommes d'affaires et commerçants, 200 agriculteurs et 500 ouvriers.
"Tout d'un coup, le revenu que j'assurais à ma famille a disparu", dit-il, lui qui bénéficiait d'un salaire plus confortable que la plupart des familles de Qabatia, ville où l'on vit principalement de l'agriculture et de l'exploitation des carrières de pierres.
Sanctions contre-productives?
Depuis quatre mois, les violences ont tué 166 Palestiniens, pour beaucoup alors qu'ils attaquaient des soldats ou des civils israéliens, et 26 Israéliens.
Jeunes assaillants et manifestants palestiniens, émancipés des partis politiques, expriment leur colère contre l'occupation et ses multiples déclinaisons: les checkpoints, les brimades et la colonisation qui grignote du terrain, notamment dans le nord de la Cisjordanie où se trouvent les colons les plus extrémistes.
Pour tenter d'endiguer la vague de violence, l'establishment politique et militaire israélien se divise entre ceux qui veulent sanctionner tous azimuts, et ceux qui prônent au contraire plus de développement économique, avec des permis de travail supplémentaires et des liens commerciaux renforcés.
Car entraver encore plus les mouvements n'y fera rien, assurent unanimes dirigeants et anonymes palestiniens. "Pendant le ramadan, j'ai voulu aller prier avec mon fils sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem", raconte la mère d'Ahmed Zakarneh. "Je suis passée, mais lui a été refoulé".
Huit mois plus tard, il parvenait avec ses deux amis à entrer illégalement dans la Ville sainte et y tuait une policière de son âge.