27-11-2024 05:24 AM Jerusalem Timing

Assad déterminé à reconquérir toute la Syrie, mais cela pourrait être "long"

Assad déterminé à reconquérir toute la Syrie, mais cela pourrait être

Assad a expliqué pourquoi les Européens sont responsables de l’exode des réfugiés syriens.

Le président syrien Bachar al-Assad s'est dit déterminé à reprendre le contrôle de toute la Syrie, mais a averti que les combats contre les miliciens qui cherchent depuis près de cinq ans à le renverser pourraient être "longs".
   
Dans une interview exclusive à l'AFP réalisée jeudi dans son bureau à Damas, M. Assad a affirmé vouloir mener des négociations avec l'opposition tout en poursuivant la guerre contre la rébellion armée.
 "Il n'est pas logique de dire qu'il y a une partie de notre territoire à laquelle nous renoncerons", a-t-il dit.
  La reconquête de tout le territoire syrien est « un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation (...) que nous soyons capables de le faire ou non", a poursuivi le président âgé de 50 ans.
   "Depuis le début de la crise, nous croyons totalement aux négociations et à l'action politique. Cependant, négocier ne signifie pas qu'on arrête de combattre le terrorisme. Les deux volets sont indispensables en Syrie (...) Le premier volet est indépendant du second", a souligné M. Assad.
   
Selon l’AFP, il s'agit de la première interview de M. ASsad à un média depuis l'échec le mois dernier des pourparlers de Genève et le lancement par l’armée syrienne au début du mois d'une vaste offensive militaire dans la région d'Alep (nord) appuyée par les bombardements de l'aviation russe.
   
Selon M. Assad, la "bataille principale" d'Alep dans le nord de la Syrie a pour but de "couper la route" entre cette province et la Turquie, et non pas de prendre la deuxième ville du pays, qui est divisée entre secteurs tenus par les rebelles et quartiers contrôlés par le régime.
   
L'importance de couper cette route tient au fait qu'elle constitue "la voie principale de ravitaillement des terroristes", a-t-il dit, en référence aux miliciens soutenus par la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar.
La province nord d’Alep est départagée entre Daesh d’un côté, et front al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda, de l’autre. Celle-ci combat aux côtés d’autres milices à l'instar d'Ahrar al-Cham, Jaïch al-Islam et autres...
   
M. Assad n'a d'ailleurs pas écarté le risque d'une intervention militaire turque et saoudienne en Syrie mais a affirmé que ses forces y feraient face.
   
"C'est une possibilité que je ne peux pas exclure pour la simple raison que (le président turc Recep Tayyip) Erdogan est quelqu'un d'intolérant, de radical, un pro-Frères musulmans et qui vit le rêve ottoman (...)  Il en est de même pour l'Arabie saoudite. De toute manière, une telle action ne sera pas facile pour eux et nous allons très certainement y faire face", a-t-il indiqué.
 
Evoquant la crise des migrants, le président syrien a affirmé que l'Europe devait créer les conditions pour aider au retour des réfugiés dans leur pays.
"Je vais appeler les gouvernements européens qui ont contribué directement à l'exode (des réfugiés syriens) en fournissant une couverture aux terroristes et en imposant un embargo à la Syrie à aider au retour des Syriens chez eux", a-t-il dit.
   
Il a par ailleurs catégoriquement rejeté les accusations de l'ONU rendant son pouvoir responsable de crimes de guerre. Affirmant que la plupart des rapports des institutions des Nations unies étaient "politisés" et infondés.
   
Les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie ont accusé lundi Damas d'"extermination" de détenus dans les prisons.
"Les institutions onusiennes (...) sont essentiellement dominées par les puissances occidentales et la plupart de leurs rapports sont politisés" et "n'avancent pas de preuves", a-t-il soutenu.
   "C'est pourquoi je ne crains ni ces menaces ni ces allégations", a-t-il répondu lorsque les journalistes de l'AFP lui ont demandé s'il ne craignait pas de devoir rendre des comptes un jour devant un tribunal international.
   
Par ailleurs, M. Assad a appelé la France à "changer de politique" en Syrie afin de "combattre le terrorisme",  estimant que ce n'était pas à son pays de faire "un geste envers" Paris pour améliorer les relations entre les deux pays.
   
Interrogé sur le départ de Laurent Fabius du poste de chef de la diplomatie française, M. Assad a déclaré que "le changement de personnalités (n'était) pas vraiment d'une grande importance" et que c'était "plutôt le changement de politique" qui (compte).

Avec AFP