24-11-2024 07:03 PM Jerusalem Timing

Medvedev: nous avons glissé dans une période de nouvelle guerre froide

Medvedev: nous avons glissé dans une période de nouvelle guerre froide

"Il n’y a plus d’îlots de sécurité dans le monde, je dirais même plus, ce mot "sécurité" est devenu plutôt une aspiration qu’une réalité".

Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, forum annuel consacré aux questions de sécurité et de défense, le premier ministre russe Dmitri Medvedev a non seulement  constaté "une dégradation grave des relations internationales au cours de la dernière décennie" mais en plus il a estimé que le monde a glissé "dans une période de nouvelle guerre froide".

En effet, il a souligné que "les hommes politiques européens ont toujours pensé que la création d'une "ceinture d'amis" autour des frontières de l'UE pourrait constituer une garantie de sécurité . Quels sont les résultats de cette politique? Pas de "ceinture d'amis" mais une "zone d'isolement" ajoutant "On peut dire les choses plus clairement: nous avons glissé dans une période de nouvelle guerre froide".

 

Crise de confiance avec l'Otan et l'Europe

Medvedev a également appelé les Européens à réfléchir sur les contradictions entre l'Europe et la Russie. Sont-elles vraiment si grandes qu'il faille accepter en leur nom les pertes dues aux sanctions antirusses?

"Nous avons toujours dit que les sanctions frappent ceux qu'elles visent mais aussi ceux qui les introduit. Combien d'initiatives communes ont été suspendues à cause des sanctions? Les frais directs et indirects des entreprises européennes et russes ont-ils été calculés? Nos contradictions sont-elles vraiment si profondes qu'il faille accepter tout cela? Avez-vous vraiment besoin de tout cela?", a-t-il demandé du haut de la tribune.Le premier ministre russe a également appelé à conjuguer les efforts en vue de répondre aux défis actuels.

"Il existe différents avis sur les perspectives de la coopération avec la Russie. (…) Avons-nous une chance de nous unir afin de répondre aux défis qui s'imposent? (…) Je suis absolument certain que oui", a-t-il dit.

Et de poursuivre : "Ce qui reste c'est une politique inamicale et fermée, selon nous, de l'Otan vis-à-vis de la Russie".

Le rétablissement de la confiance est, selon lui, une chose difficile mais il importe de mettre ce processus en marche.



La situation internationale: la grande désullision des pays arabes


Evoquant sa vision de la situation internationale, Medvedev a indiqué que "les tentatives infructueuses d'implanter des modèles "occidentaux" de démocratie dans un milieu social qui n'y est pas du tout préparé ont causé la disparition d'Etats entiers, en transformant d'immenses territoires en zones de conflits".

Le chef du gouvernement russe a évoqué à cette occasion le "printemps arabe" et la réaction qu'il avait produite à l'époque.

"Je me souviens de cette joie avec laquelle mes collègues ont accueilli à l'époque le printemps arabe (…) Et où est maintenant la fameuse démocratie moderne dans ces pays? Tout porte à croire qu'elle se présente sous le forme de Daech", a-t-il supposé.

Il convient de rappeler que l'édition bahreïnie Akhbar Al-Khaleej avait écrit à ce sujet que les pays arabes regrettaient déjà de s'être tournés vers l'Occident.

"Les pays arabes ont commis une erreur stratégique irréparable, en ayant misé sur les relations avec les Etats-Unis et les autres pays occidentaux dans différents domaines clés, qu'il s'agisse de l'économie, de la politique ou de la sphère militaire. (…) Les +alliés+ occidentaux ont ourdi un complot contre nous (pays arabes, ndlr), en projetant de ruiner nos pays, de les plonger dans le chaos et d'y renverser les régimes au pouvoir. Ils soutenaient des sectes qui se proposaient de perpétrer des coups d'Etat dans nos pays", lit-on dans l'article.


"Notre monde empire et devient plus dangereux"


Auparavant, Medvedev avait déclaré dans une interview accordée à la revue allemande Handelsblatt avant cette rencontre au sommet: "Le dialogue est rompu. Les problèmes se multiplient et pourtant, des pays entiers ne se parlent pas. Je pense que nous ne sommes pas responsables de cette situation. Nous n'avons jamais renoncé au dialogue, nous étions prêts à échanger dans divers formats mais les contacts ont été sciemment rompus avec nous, aussi bien du côté de l'UE que de l'Otan. C'est pourquoi je conclus, en prévision de la conférence qui se tiendra à Munich, que notre monde empire et devient plus dangereux".

Dans ce même entretien, il a appelé les partenaires occidentaux de la Russie à "trouver le courage de reconnaître qu'il est temps de cesser les sanctions économiques, qui ne mènent à rien de bien ni pour l'Europe, ni pour la Fédération de Russie". Et d'ajouter: "Notre pays est prêt, mais nous attendons un premier pas de nos collègues de l'UE".

Medvedev a affirmé dans une interview  à Sputnik que "la menace terroriste est actuellement de plus en plus palpable, suite à quoi la sécurité globale est remise en question".

"Il n'y a plus d'îlots de sécurité dans le monde, je dirais même plus, ce mot "sécurité" est devenu plutôt une aspiration qu'une réalité. Il y a des pays où les terroristes se sont substitués à l'Etat. Leur idéologie est de réprimer les gens, leurs méthodes, ce sont les exécutions de masse et les attentats terroristes ", a affirmé M. Medvedev.


Guerre mondiale ou guerre permanente?

Enfin, pour ce qui est de la menace d’une guerre mondiale que Medvedev aurait exprimé dans ses propos au cours d'une interview accordée à un journal allemand, il semblerait selon Sputnik, une   erreur de traduction de l’agence Reuters.

Evoquant la Syrie,  Medvedev a seulement souligné que "toute opération terrestre a pour conséquence de transformer la guerre en une guerre permanente".

Mais l'agence Reuters a traduit l’adjectif "permanent" par l’adjectif "mondial", finalement repris par tous les médias anglophones qui ont rivalisé d’inventivité dans la recherche de titres toujours plus effrayants.

De son côté, Reuters décline toute responsabilité et assure avoir traduit les propos de M. Medvedev de l'allemand et pas du russe.