"feu vert americain pour se débarrasser d’Erdogan?!"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a consacré l'essentiel de son discours de Jeudi à attaquer tout ceux qu'il considère comme des ennemis de la nation et de l'Etat turcs. Comme dit le dicton turc, «le seul ami de la Turquie est le turc».
Dans son discours flamboyant, Erdogan n’a épargné personne ni ses ennemis ni ses alliés.
A commencer par le président syrien Bachar al-Assad qui était au centre de toutes les attaques d’ Erdogan, puis la Russie, accusée de "massacres ethniques" contre le peuple syrien et contre les Turkmènes dans la province de Lattaquié, en passant par l’Iran qui soutient Assad en envoyant ses «milices chiites» afin de «tuer des groupes sunnites».
Puis vint le tour de ses alliés, à leur tête les Etats-Unis, où Erdogan s’adresse à son homologue américain Barack Obama et lui demande «Qui est un allié, nous sommes des terroristes ou les Kurdes?», en référence à aux unités de protection du peuple (Wahdat Himayat achaab).
L'ONU a eu aussi droit aux flèches d'Erdogan, accusé de ne point assumer ses responsabilités dans la protection du peuple syrien, notamment en rejetant la demande d'Ankara de déclarer une zone d'exclusion aérienne dans le nord de la Syrie, sous prétexte de vouloir instaurer une «zone de sécurité pour protéger les réfugiés», selon ses termes. Enfin, l'Union européenne, accusée d'hypocrisie et de tromperie dans la plupart des questions , surtout dans celle des réfugiés syriens.
Reste que le plus frappant dans le discours d’ Erdogan est sa confirmation sur la véracité des informations diffusées par les médias occidentaux, concernant la volonté du président turc de chercher à obtenir d’avantages de milliards de dollars de la part de responsables européens, faute de quoi il les menace d'envoyer des centaines de milliers de réfugiés syriens vers le continent européen, par terre et par mer.
Erdogan a déclaré sans équivoques: «Oui, je leur ai dit et je le répète. Nous ne sommes pas stupides pour assumer à nous seuls la responsabilité des réfugiés»!
Or, non seulement le discours d’Erdogan résume la situation turque, après l'échec de la politique d’Ankara en Syrie et dans la région, mais tout autant elle reflète la psychologie d’Erdogan qui vraisemblablement souffre d’amis tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mis à part le roi Salmane encore moins le Prince Tamim, qui a perdu toute influence dans les équations régionales et internationales, Erdogan est seul dans son arène.
Même… l’armée turque – cette armée avec qui il veut combattre tout le monde- est mal à l’aise en raiosn de ses alliances avec des pays «arriérés», comme l'Arabie Saoudite, «l'ennemi des Turcs et de la République turc ottoman.»
Or, tout le monde sait que l’ institution militaire refusera de s’aventurer dans une guerre d’ores et déjà condamnée à l’échec, au cas où elle recevrait des ordres de M. Erdogan de lancer une attaque contre la Syrie, dans le but de frapper les «unités de protection du peuple » soutenus par les USA et les pays occidentaux, ou pour combattre l'armée syrienne dans le nord d'Alep soutenue par l'Iran, la Russie et le Hezbollah.
Le parti d'Erdogan menacé de rebellion
Sur le plan interne, Erdogan est menacé d’une bataille sanglante qui risque d’éclater à tout moment entre l'armée turque et les membres et les partisans du PKK, dans le sud-est du pays . Tout dépend de la décision de ce dernier, parfaitement conscient de pouvoir noyer le pays dans un bain de sang , compte tenu du fait que le Kurde dispose d’un soutien populaire à travers le pays, et pas seulement dans ses bastions connus.
Toutefois, la crise la plus grave qu’Erdogan risque d’affronter dans les semaines qui viennent, est l’éclatement d’une forme de rébellion au sein du parti au pouvoir.
En effet, le ton a été donné par l'ancien vice-premier ministre, Bulent Aring, soutenu par quatre anciens ministres ayant exprimé leurs mécontentements à l’égard des politiques générales du gouvernement, tant sur le plan interne qu’externe. Allant jusqu’à affirmer que les politiques d’Erdogan sont autoritaires et sanglantes voire elles dérangent un grand nombre de représentants du parti au parlement.
Bien entendu, la réaction de la part d’Erdogan ne s’est pas fait attendre, non seulement il a déclenché contre eux une campagne médiatique virulente à travers les medias qu’il contrôle, mais en plus il les a accusé de trahison et de collaboration avec le prédicateur Fethullah Gülen.
De plus, il a invité à son domicile l'ancien président, Abdullah Gul, afin de le persuader d'intervenir auprès des «rebelles» du parti au pouvoir, dans une tentative de les convaincre pour se calmer.
Sachant que, selon des informations citées par le quotidien libanais alAkhbar, les Américains auraient accordé leur «feu vert » à ses rebelles de se débarrasser de M. Erdogan, ou au moins de le contraindre à respecter ses limites constitutionnelles, à la fois interne et externe, voire à abandonner ses efforts de faire du régime turc un régime présidentiel.
De toute évidence, la Turquie sera témoin d’une série de développements dramatiques et soudaines dans les procgains mois, surtout qu’ Erdogan n’est pas une personne qui abandonne facilement ..