Un élève sur cinq quitte l’école sans savoir lire.
La position de l’Académie française est claire : elle s’oppose à toute réforme de l’orthographe. Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’institution, est venue le rappeler dans une interview publiée dans Le Figaro ce samedi 13 février.
« La position de l’Académie n’a jamais varié sur ce point : une opposition à toute réforme de l’orthographe mais un accord conditionnel sur un nombre réduit de simplifications qui ne soient pas imposées par voie autoritaire et qui soient soumises à l’épreuve du temps. »
Et l’historienne spécialiste de la Russie d’enfoncer le clou, insistant sur le fait que l’Académie française n’avait eu « aucune part » dans cette réforme, « à l’inverse de ce que l’on a voulu faire croire ».
En 1990, un travail de révision du français avait en effet été mené par le Conseil supérieur de la langue française, un groupe de travail mis en place par le premier ministre d’alors, Michel Rocard. Ce groupe de travail composé d’« experts de grande valeur, professeurs, grammairiens, linguistes, correcteurs, éditeurs de dictionnaire » avait notamment proposé des harmonisations lexicales (« charriot » avec deux « r » pour être similaire à « charrette »), le regroupement de noms composés (« portemonnaie » plutôt que « porte-monnaie ») et la suppression de certains particularismes, dont l’accent circonflexe.
Maurice Druon, alors secrétaire perpétuel de l’Académie, était certes président du Conseil supérieur de la langue française et rapporteur devant l’Académie de ses propositions, mais c’est bien ce groupe de travail qui les avait formulées, et non l’Académie. Une nuance importante aux yeux de Carrère d’Encausse.
« Un élève sur cinq quitte l’école sans savoir lire »
Reste que les éditeurs de manuels scolaires ont décidé d’appliquer à la rentrée cette réforme élaborée en 1990 et mise en place depuis 2008, provoquant une vive polémique. Ce que l’académicienne a encore plus de mal à comprendre.
« Je n’ai pas compris les raisons qui expliquent l’exhumation d’une réforme de l’orthographe élaborée il y a un quart de siècle », s’étonne ainsi Carrère d’Encausse, pour qui la situation est « radicalement différente » en 2016.
Avec un système éducatif qui « s’est écroulé » au point « qu’un élève sur cinq quitte l’école sans savoir lire », elle estime que « le problème n’est donc plus d’offrir des facilités aux élèves, de conserver ou non l’accent circonflexe, mais de revoir totalement notre système éducatif ».
Source: Le Monde