"C’est une attaque contre la démocratie locale", a jugé un porte-parole du Labour, principal parti d’opposition.
Le gouvernement britannique a annoncé lundi qu'il allait interdire aux institutions recevant des fonds publics, telles que les universités ou les mairies, de boycotter des entreprises "non éthiques" ou des produits israéliens.
Les boycotts "empoisonnent et polarisent le débat, affaiblissent
l'intégration et alimentent l'antisémitisme", a estimé le gouvernement dans un
communiqué. Ils "peuvent entraver les exportations britanniques et nuire aux
relations internationales".
"De nouvelles directives sur les marchés publics, combinés à des
changements sur la façon dont les fonds de retraite pourront investir,
permettront d'empêcher des politiques locales néfastes, contre-productives et
menaçant notre sécurité nationale", doit déclarer le ministre du Cabinet
Office, Matthew Hancock, lors d'une visite dans les territoires occupés par Israël cette semaine.
En 2014, la mairie de Leicester a institué un boycott des produits
fabriqués dans les colonies israéliennes. Dans la même veine, le gouvernement
écossais "décourage fortement" les autorités locales de faire du commerce avec
les "colonies illégales".
Les nouvelles mesures vont s'appliquer à l'ensemble du secteur public, dont
le service national de santé (NHS). Elles concerneront aussi les boycotts à
l'encontre d'entreprises "non éthiques" comme celles impliquées dans le
commerce d'armes, les énergies fossiles ou encore le tabac.
Seuls les boycotts imposés par le gouvernement au niveau national dans le
cadre de sanctions pourront s'appliquer. "C'est une attaque contre la démocratie locale", a jugé un porte-parole du Labour, principal parti d'opposition. "Cette interdiction gouvernementale aurait empêché les mairies de prendre des actions contre l'apartheid en Afrique du Sud."
"Comment inciter les entreprises à s'assurer de ne pas commettre de
violations des droits de l'Homme (...) quand les organismes publics ne peuvent
pas leur demander de rendre des comptes", a critiqué Peter Frankental de l'ONG
Amnesty International, dans le quotidien The Independent.
Le gouvernement britannique continuera cependant de "soutenir l'étiquetage
clair et transparent des produits des colonies (israéliennes) afin que les
consommateurs puissent faire un choix éclairé avant d'acheter".
En novembre, l'Union européenne a approuvé la mise en oeuvre de
l'étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les
Territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967, à savoir la
Cisjordanie et le plateau du Golan.