29-04-2024 05:06 PM Jerusalem Timing

Poignées de mains entre un prince saoudien et le ministre de la guerre israélien

Poignées de mains entre un prince saoudien et le ministre de la guerre israélien

Moshé Yaalone a parlé au nom des "Etats sunnites" durant la conférence de Munich.

Les liens israélo-saoudiens deviennent de plus en plus visibles, et les rencontres plus fréquentes.

Dimanche, une photo d’une poignée de mains entre l’ancien chef du renseignement saoudien le prince Turki al-Fayçal, et le ministre de la guerre de l’ennemi sioniste Moshé Yaalone a fait le tour des réseaux sociaux.  

Elle a été prise ce jour-même, lors du forum sur la sécurité organisé à Munich.

Yaalone venait de terminer son discours au terme d’une séance consacrée au Moyen-Orient, au cours duquel il a abordé les relations entre Israël et l’Arabie saoudite et tous les autres pays arabes qui n’ont pas encore de relations officielles avec l’entité sioniste.

Il a vanté que les Israéliens ont d’ores et déjà des canaux de dialogue avec « les Etats arabes sunnites, selon ses termes. «  Je ne parle pas de l’Egypte et de la Jordanie seulement. Mais aussi des pays du Golfe et d’Afrique du nord », a-t-il signalé.

Il a surtout mis l’accent sur ce qu’il a considéré être « des intérêts communs entre Israël, les Etats-Unis et l’Europe d‘une part, et les régimes sunnites », à leur tête d’après lui « le conflit contre l’Iran ».

« Nous considérons l’Arabie saoudite comme étant le leader du camp sunnite contre l’Iran. L’Iran constitue l’Etat maléfique pour nous et pour les régimes sunnites», a-t-il ajouté.


Le ministre de la guerre israélien en est même arrivé à parler au nom des Etats sunnites, arguant qu’ils sont frustrés et en colère contre l’Occident parce qu’il ne les soutient pas contre l’Iran et parce qu’il veut arrêter la guerre en Syrie.

Après lui avoir serré la main chaleureusement, le prince saoudien n’a pas du tout démenti ce Yaalone a dit, et lui aurait dit: «  le serrement de mains n’a pas servi les Palestiniens ».

Turki al-Fayçal est connu parmi les émirs saoudiens d'être celui qui affiche le plus ses rencontre avec des personnalités israéliennes et qui excelle dans ses déclarations destinées à la presse, afins qu'il ne soit pas embarassé .

 

Cette phrase qui ne veut pas dire grand-chose aurait toutfois servi de couverture pour les médias arabes pro saoudiens pour faire oublier cet acte qui ne peut être qu’un geste de reconnaissance contre un ennemi usurpateur et colonisateur.

La plupart de ces médias l’ont mis en exergue, et l’ont affichée en titre.

« Une gifle saoudienne au ministre de la guerre israélien », a même commenté le site saoudien « Moufakiratou al-Islam » (Agenda de l’Islam) les propos rapporté de Fayçal.

Bien sûr, aucun de ces médias ne s’est efforcé de constater que l’émir saoudien n’a pas démenti les propos du ministre israélien.

Les critiques sont venues d’autre part.  

L’une des plus acerbes a été celle du rédacteur en chef du journal en ligne ar-Ray al-Yaoum,  M. Abdel Bari Atouane. «  Ils sont cléments avec les sionistes, sévères à l’encontre des Musulmans et des Arabes »,  a-t-il lancé, inversant une recommandation cité dans un verset coranique sur les qualités des Croyants, qui se doivent d'être  "cléments avec les Musulmans, sévères à l’encontre des impies".

L’activiste politique saoudien Hamza al-Hassan a commenté pour sa part, en rappelant des propos ultérieurs de Yaalone, lorsqu’il avait dit «  ils ne nous serrent pas la main mais nous rencontrent dans des pièces fermées » en postant sur son compte : « cette fois-ci la poignée de mains se fait publiquement ».

Pour un autre opposant saoudien, l’historien Abdallah al-Chumary : « maudites soient ces mains polluées, et ces visages austères ».

Quant au journaliste libanais, il a rappelé que l’émir saoudien n’en est pas à son premier rapprochement avec les responsables israéliens. « La première fois il avait salué Ayalone, aujourd’hui Yaalone ».


Pour un observateur avisé, "ce n'est pas l'animosité saoudienne à l'encontre de l'Iran qui jette l'Arabie dans les bras d'Israël. Mais l'affinité saoudienne à l'égard de l'entité sioniste qui alimente cette phobie saoudienne anti iranienne. L'avantage de la crise actuelle est qu'elle a dévoilé au grand jour ce qui a été dissimulé pendant des décennies".

Durant la rencontre de Munich, le représentant de quelques factions de l’opposition syrienne soutenue par l’Arabie saoudite, Riad Hijab  était présent. La photo qui lui a été prise le montre en train de prononcer son discours, pendant que le ministre israélien de la guerre, assis au premier rang,  l’écoutait attentivement.