Bras de fer entre la Russie et l’Arabie-saoudite à la prochaine séance du Conseil de sécurité..
Un changement important est intervenue dans la position de la Russie à l’égard de la crise yéménite et ce suite à la demande du Conseil de sécurité de discuter de cette crise une fois par semaine. Jusqu'à présent, la Russie avait adopté la neutralité envers le conflit yéménite.
Mais la semaine dernière, suite aux accusations saoudiennes et occidentales contre la Russie de viser des civils en Syrie et après l’obstruction de Riyad des pourparlers de Genève quelque chose a changé.
Selon un diplomate à New York , cité par le quotidien libanais alAkhbar les pays occidentaux ne sont pas satisfaits de la décision 2216, la qualifiant de copie des résolutions de la conférence de Riyad, surtout qu’elle empêche toute solution politique avec l’autre partie au Yémen..
Certes Moscou n’était pas préoccupée par les affaires yéménites, d’où la surprise de la voir s'abstenir de voter afin de satisfaire des contrats militaires et d’obtenir des informations de renseignement et gagner plus de parts dans le marché du pétrole avec Riyad. Mais 10 mois après la publication de la décision, la plupart des «offres saoudiennes se sont évaporées, et aujourd’hui il semble que la Russie soit résolue à se lancer dans une guerre diplomatique contre l’Arabie.
La séance du Conseil de sécurité de l'ONU de Mardi: quelles options?
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit demain en séance publique pour discuter de la situation au Yémen : séance dans laquelle la Russie compte insister sur l’importance de prêter attention à la situation là-bas surtout que les conditions humanitaires se sont détériorées à des niveaux intolérables.
D’ailleurs, le ton a déjà été donné par le représentant de la Russie à l’ONU, Vitaly Churkin, qui a accusé les pays occidentaux d’exploiter la question humanitaire syrienne, tout en fermant les yeux sur les crimes commis contre le Yémen de manière quotidienne. Crimes qu’il a tenu directement pour responsables les États-Unis et d'autres nations occidentales, se moquant « de leurs larmes de crocodile versées sur les victimes en Syrie sans distinguer la victime du bourreau».
Il n’a pas hésité à pointer du doigt les Etats-Unis sachant que ce sont eux qui supervisent les objectifs fixés et assurent une couverture et un soutien aérien en munitions.
Lors de la réunion de demain, au cas où le différend reste limité avec la Russie, le Conseil pourrait renouveler la résolution des sanctions contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh et les dirigeants de «Ansar Allah» ainsi que le mandat de la commission d'experts.
Peut-être aussi il assortira ladite résolution de recommandations du Comité d'experts concernant la fourniture d'armes aux forces impliquées dans le conflit, voire d'y inclure l'alliance saoudienne, qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, tels que le bombardement de civils et des hôpitaux, des monuments, des infrastructures civiles. Ces recommandations pourraient exiger la rédaction de rapports réguliers sur les procédures d’inspection des Nations Unies de toutes les marchandises qui entrent au Yémen.
En cas d’entente entre les États membres, le Conseil pourrait élaborer une déclaration présidentielle qui consacre les accords précédents. Ce qui semble difficile alors que les membres du Conseil se livrent à une partie de bras de fer dans le dossier syrien. Ou encore, les membres du Conseil voteront une décision pour cesser les hostilités et revenir à la table des négociations sans conditions préalables : une sortie acceptable pour tous les membres dans les circonstances actuelles.
Le Japon et la Corée du Sud..
A ce titre, l'envoyé de l’ONU, Ismail Would Cheikh semble absent de la scène. Il a été soumis à de nombreuses critiques de la part de Téhéran et de Sanaa, surtout après sa récente visite au Japon et en Corée du Sud , prétendue liée au règlement de la crise.
Concernant le Japon, membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, il n’est toujours pas influent, sauf dans le domaine de l'aide financière ou l'envoi d'observateurs et d’experts civils ou militaires. Bien sûr, tous les pays n'oseraient envoyer leurs soldats au Yémen surtout que des organisations terroristes contrôlent de vastes zones dans la côte sud.
Quant à la Corée du Sud, il ne semble pas avoir de rôle sinon dans la reconstruction du Yémen soit après la cessation des hostilités, ce qui rend la visite de Would Cheikh ambigüe.
Et l'Egypte?
Faut-il rappeler dans la réunion de demain le rôle de l'Egypte : cette dernière qui remplace la Jordanie au Conseil de sécurité, deux pays alliés de l'Arabie saoudite. Et donc, il est tout naturel de la voir soutenir les positions de Riyad ..
Les pays occidentaux..
Pour ce qui est des pays occidentaux, ils soutiennent tous Riyad sur la base des avantages financiers et politiques qu’ils récoltent du conflit. Au point que Riyad n'a pas hésité à recourir à l'intimidation contre eux.. Sauf que ces pays ne souhaitent pas se porter préjudice à cause de violations excessives du droit international.
Les Etats-unis
Enfin, les États-Unis, qui selon des sources bien informées, sont responsables de l’échec du dialogue yéménite à Genève, et pour cause. Ils soutiennent la poursuite de la campagne militaire saoudienne parce que le contrôle par «Ansar Allah» et leurs alliés de vastes étendues est pire que le contrôle par alQaida et Daech . En effet, ils préfèrent le chaos que de permettre à leur adversaire de gagner des positions nuisant à leurs intérêts stratégiques.