L’utilisation possible d’agents chimiques par le groupe EI a également été rapportée par des sources locales le 21 août à Marea, principal bastion des miliciens dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie.
Du gaz moutarde a été utilisé en août en Irak, lors des attaques de deux villes à proximité d’Erbil, la capitale du Kurdistan, ont indiqué lundi des sources proches de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
« Des résultats de tests ont confirmé l’utilisation de gaz moutarde », ont indiqué ces sources, sous couvert de l’anonymat.
Selon le gouvernement de la région du Kurdistan irakien, le groupe terroriste takfiriste Daech (EI) a lancé une cinquantaine d’obus de mortier sur les villes de Gweyr et Makhmur, au sud-ouest d’Erbil.
Cette information intervient quelques jours après que le directeur de la CIA, John Brennan, a affirmé à la chaîne américaine CBS que le groupe Daech était en mesure de fabriquer des petites quantités de chlorine et de gaz moutarde.
Le gaz moutarde, qui provoque des détresses respiratoires, une cécité momentanée et des cloques très douloureuses, avait été utilisé pour la première fois par les Allemands en Belgique en 1917. Il a été banni par l’ONU en 1993.
Le gouvernement irakien travaille néanmoins toujours sur son rapport, avec l’aide de l’OIAC, a précisé une source diplomatique.
Après l’attaque, le ministère des peshmergas kurdes avait assuré que près d’une quarantaine de ces explosions avaient dégagé une poussière blanche et du liquide noir. Trente-cinq combattants avaient souffert de l’inhalation du gaz et certains avaient été transférés à l’étranger pour être soignés, avait-il affirmé.
Le gouvernement de cette région avait ajouté en octobre que les tests sanguins chez ces combattants confirmaient la présence de « traces de gaz moutarde ».
L’OIAC, de son côté, n’a pas souhaité confirmer l’information, rappelant qu’une équipe d’experts assistait le gouvernement irakien dans son enquête. « L’équipe a terminé sa mission et a partagé les résultats de son travail technique avec le gouvernement irakien », qui est chargé de la publication des résultats officiels de l’enquête, a affirmé le porte-parole de l’organisation, Malik Ellahi.
Selon le coordonnateur du renseignement américain, James Clapper, il s’agit de la première fois qu’un groupe extrémiste produit et utilise un agent chimique dans une attaque depuis un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, en 1995.
L’utilisation possible d’agents chimiques par le groupe EI a également été rapportée par des sources locales le 21 août à Marea, principal bastion des miliciens dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie.
L’OIAC fait néanmoins état depuis des mois du recours persistant — sans se prononcer sur les responsables — au gaz sarin, au gaz moutarde ou au chlore dans les combats qui ravagent la Syrie depuis cinq ans et ont fait plus de 260 000 morts.
Après une attaque chimique qui a tué des centaines de personnes dans la région de la Ghouta orientale, à l’est de Damas, en août 2013, la Syrie avait accepté de déclarer et de remettre son arsenal chimique dans le cadre d’un accord supervisé par l’OIAC.
Le groupe EI a lancé une offensive fulgurante en juin 2014 en Irak, qui lui a permis de prendre le contrôle de larges territoires au nord de Bagdad, dont certains proches du Kurdistan irakien.