Les 15 membres du Conseil de sécurité critiquent les frappes turques contre les positions kurdes en Syrie
La Turquie se rétracte. Après ses déclarations belliqueuses sur sa volonté d’intervenir militairement en Syrie, avec l’Arabie saoudite, elle a baissé de ton ce mardi.
« Il n'y aura pas d'opération militaire unilatérale de la Turquie", a déclaré à la presse un responsable turc qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, a rapporté l’AFP. "Nous voulons une opération terrestre avec nos alliés internationaux" avait-il dit auparavant.
Samedi, la Turquie avait déclaré qu'elle pourrait, avec l'Arabie saoudite, mener une intervention terrestre avec pour prétexte de combattre la milice wahhabite Daesh (Etat islamique-EI).
La plupart des observateurs sont persuadés que les réels motifs d’une telle intervention est de venir en aide aux miliciens en déroute au nord de la Syrie, dont le front al-Nosra (branche d’Al-Qaïda), et ses alliés, Ahrar al-Cham, Jaïch al-Islam et autres…
Selon l’interlocuteur turc, une intervention militaire, si elle a lieu, doit viser citant aussi bien Daesh que l’armée syrienne, et les groupuscules kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), les taxant tous de « groupes terroristes", d’après ses termes.
L'Iran, allié de poids de Damas, a averti mardi que le déploiement de troupes par l'Arabie saoudite viole "le droit international".
Nouvelles frappes turques
En revanche, sur le terrain, la Turquie a poursuivi mardi, pour la quatrième journée consécutive, ses bombardements contre les positions kurdes au nord d'Alep, a rapporté l'AFP.
Son artillerie a bombardé Tall Rifaat, bastion des milices tombé Lundi aux mains des forces kurdes.
Ce mardi, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) négociaient pour pénétrer sans combat à Marea, l'un deux derniers bastions encore aux mains des insurgés dans la province d'Alep.
Condamnation du CS
Ces frappes turques ont fait l'objet l'une réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU , convoquée à la demande de la Russie, au terme de laquelle les 15 membres ont "exprimé leur inquiétude".
"Les membres du Conseil ont exprimé leur inquiétude à propos des attaques de le Turquie dans le nord de le Syrie", a déclaré l'ambassadeur vénézuélien le président du Conseil, l'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez Carreno.
Les 15 pays membres du Conseil ont exprimé "des niveaux différents de préoccupation (...) mais tout le monde était d'accord" pour critiquer ces frappes, a-t-il souligné.
Le Conseil n'a cependant pas publié de déclaration formelle condamnant les tirs d'artillerie turcs.
L'ambassadeur syrien Bachar al-Jaafari, dont le pays avait demandé au Conseil de condamner une violation par la Turquie de sa souveraineté, s'est réjoui de cette "unanimité" des 15 pays membres à "se déclarer inquiets de l'attitude irresponsable de la Turquie".
Les Etats-Unis et la France, pourtant alliés d'Ankara au sein de l'Otan, ainsi que le gouvernement syrien et la Russie avaient déjà condamné individuellement ces bombardements turcs.
De l'aide pour 8 villes
Alors que les combats ne connaissent aucun répit et que la situation humanitaire empire, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura a réussi à obtenir un feu vert pour la livraison d'aide dans huit villes assiégées, quatre par les forces gouvernementales, trois par les miliciens et une par Daesh.
Plus d'un million de personnes vivent avec "un risque accru de décès" à cause du manque de nourriture, d'électricité et d'eau courante dans 46 localités encerclées, selon l'ONU.