Les 28 aborderont la question des réfugiés.
Les dirigeants européens vont tenter d'arracher un compromis d'ici vendredi à Bruxelles pour garder le Royaume-Uni dans l'UE et sauver l'unité de l'Europe, déjà menacée par la pire crise migratoire depuis 1945.
Le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, s'est dit "assez
confiant" et convaincu que la Grande-Bretagne sera "un membre constructif et
actif de l'UE", avant ce sommet qui s'ouvrira à 16H00 GMT.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui préside la réunion, a
toutefois averti qu'il restait "des divergences sur certains points politiques,
qu'il sera difficile de les surmonter", dans sa lettre d'invitation aux 28
chefs d'Etat et de gouvernement.
Des migrations de travail intra-européennes à la zone euro, les dirigeants
européens ont encore plusieurs contentieux à trancher afin de répondre aux
demandes de réformes du Premier ministre britannique David Cameron. Ce dernier a promis d'organiser un référendum sur le maintien ou la sortie (un "Brexit") de son pays de l'Union européenne, sans doute dès juin s'il obtient un accord.
Le texte de 18 pages qui sert de base de négociation, selon une copie
circulant jeudi matin, contenait encore plusieurs passages entre parenthèses,
c'est-à-dire non agréés, illustrant les divergences qui persistent.
Le "Brexit" n'est pas la seule pomme de discorde au menu. Les 28 aborderont
la question des réfugiés au dîner, conscients qu'ils ont tardé à appliquer les
décisions prises à l'automne pour endiguer les flux.
S'ils sont disposés à reconnaître la "spécificité britannique", les
Européens veulent éviter toute "contagion" à d'autres Etats membres des
concessions accordées à Cameron, comme la possibilité de restreindre les
prestations sociales aux ressortissants européens travaillant en
Grande-Bretagne.
Cette mesure controversée, jugée "discriminatoire" au regard du principe
"fondateur" de l'UE de libre circulation, inquiète les pays d'Europe centrale
et de l'est dont elle vise les travailleurs.
Tusk a donc proposé un "mécanisme de sauvegarde" --en clair un "frein
d'urgence"-- autorisant Londres à limiter temporairement les allocations
sociales aux migrants européens. "Un costume taillé sur mesure pour le
Royaume-Uni", selon un diplomate européen.
Mais le diable est dans les détails, en ce qui concerne notamment la durée
des coupes sociales. "La question reste grande ouverte, ça sera aux dirigeants
de décider", a confirmé mercredi un diplomate d'Europe centrale.
Le dirigeant conservateur britannique a reçu mercredi le soutien de la
chancelière Angela Merkel, selon laquelle plusieurs revendications de Londres
sont "justifiées".
Même sur le thème de la gouvernance économique et du renforcement de la
zone euro, cher à Paris, Merkel a dit "partager" avec Cameron le point
de vue que "les Etats membres qui n'ont pas l'euro comme monnaie ne doivent pas être ignorés sur les questions importantes pour eux".
Pour la France, cependant, pas question "d'ouvrir la possibilité d'un veto"
de Londres qui n'est pas membre de l'union monétaire.
"Notre position, c'est ni +Brexit+, ni veto britannique sur l'intégration
future de la zone Euro", a répété jeudi le secrétaire d'Etat aux Affaires
européennes, Harlem Désir.
A Downing Street, on affiche un certain optimisme: "Nous pensons avoir fait
beaucoup de progrès et nous allons à ce sommet pour enfoncer les derniers clous des détails restants", a assuré un responsable gouvernemental britannique.
Mais pas de quoi convaincre l'influente presse eurosceptique: "Deux
millions de migrants européens volent nos jobs", martelait jeudi le Daily
Express. Ni le chef du parti anti-immigration Ukip, Nigel Farage, qui dénonce
d'ores et déjà un accord "franchement pitoyable".
Migrants: Merkel isolée
Angela Merkel, elle, arrive affaiblie à Bruxelles, de plus en plus isolée
au sein de l'Union sur la crise des réfugiés.
La chancelière a exhorté mercredi ses collègues européens à une action
"commune" pour protéger les frontières extérieures de l'Union au moment où la
politique d'ouverture de l'Allemagne suscite des critiques de plus en plus
vives.
Les Européens n'ont pu jusqu'ici se répartir que quelque 500 réfugiés
arrivés en Grèce et en Italie sur un total de 160.000 qu'ils avaient fixé en
septembre, et la proposition allemande de créer un mécanisme permanent de
répartition a été enterrée.
La chancelière comptait discuter des réfugiés avec l'Autriche, un groupe de
pays "volontaires" de l'UE et surtout la Turquie, en première ligne, mais le
Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annulé sa visite prévue à Bruxelles
après un attentat sanglant à Ankara.