23-11-2024 06:26 AM Jerusalem Timing

Après l’attentat d’Ankara, le pouvoir accuse le PKK et les kurdes de Syrie

Après l’attentat d’Ankara, le pouvoir accuse le PKK et les kurdes de Syrie

L’attentat de mercredi intervient alors que l’artillerie turque bombarde depuis cinq jours des positions des YPG.

 La Turquie a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les kurdes de Syrie d'avoir perpétré l'attentat qui a fait 28 morts mercredi soir en plein centre d'Ankara et menace d'accroître un peu plus les tensions autour du conflit syrien.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Ahmet
Davutoglu ont affirmé ce jeudi sans l'ombre d'un doute que l'attaque, qui a visé
un convoi de bus transportant des militaires, avait été planifiée par le PKK et
les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) kurdes.

"Cette attaque terroriste a été commise par des éléments de l'organisation
terroriste (PKK) en Turquie et un milicien des YPG", a lancé Davutoglu lors
d'une visite à l'état-major. "L'attaque a un lien direct avec les YPG", a-t-il
ajouté.

Directement mis en cause, le chef de Parti de l'union démocratique (PYD),
Saleh Muslim, a démenti à l'AFP "toute implication" de son bras armé, les YPG.

L'un des chefs du PKK a lui aussi réfuté ces allégations.
Erdogan a balayé ces dénégations. "Bien qu'ils disent n'avoir rien à voir avec cette attaque, les informations du ministère de l'Intérieur et des services de renseignement montrent qu'ils sont les responsables", a-t-il déclaré devant la presse.

Dernier en date d'une série d'attaques meurtrières qui ont frappé la
Turquie depuis l'été, l'attentat s'est produit au coeur de la capitale turque,
à proximité de nombreux ministères, de l'état-major des armées et du Parlement.

D'une violence telle qu'elle a été entendue dans une bonne partie de la
ville, la déflagration a tué au moins 28 personnes et en a blessé 81 autres,
selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé. Vingt-deux étaient toujours hospitalisées jeudi, dont 7 en soins intensifs.

Il y a à peine quatre mois, Ankara avait déjà été visée par un attentat
suicide, attribué par les autorités au groupe terroriste Daech (EI), qui avait
fait 103 morts.

L'attentat de mercredi intervient alors que l'artillerie turque bombarde
depuis cinq jours des positions des YPG, qui ont profité de l'offensive des
forces syriennes dans la province d'Alep (nord), appuyées par les
raids aériens russes, pour prendre le contrôle de nouveaux territoires proches
de la Turquie.

  Mercredi, les Turcs ont également fait passer la frontière à 500 miliciens
syriens venus "prêter main forte aux insurgés face à la progression des forces
kurdes" dans la région d'Azaz, au nord d'Alep, selon l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH).

  Le gouvernement  d'Ankara accuse les YPG et le PYD d'être des organisations "terroristes" car proches du PKK. A l'inverse, les Etats-Unis arment ces deux mouvements, à la pointe du combat contre les terroristes.

   "L'hypocrisie de ceux qui envoient des armes aux organisations terroristes
et nous envoient des messages de condoléances doit cesser", a déploré sur
Twitter son vice-Premier ministre Yalçin Akdogan, très agacé par ce soutien.

   Les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne ont d'ailleurs été "invités" jeudi au ministère turc des Affaires étrangères pour y être informés des détails de l'enquête, a indiqué à l'AFP un de ses responsables, notamment sur l'implication kurde dans l'attaque.

  Damas et Moscou en cause

   Selon Davutoglu, le chauffeur de la voiture bourrée d'explosifs qui a
détruit les bus militaires a été identifié comme un Syrien de 23 ans, Salih
Necar.

Les quotidiens Yeni Safak (progouvernement) et Sözcü (opposition) ont
rapporté que le kamikaze, déchiqueté par l'explosion, avait été identifié grâce
à ses empreintes digitales, enregistrées lors de son arrivée en Turquie en tant
que réfugié.

Quatorze personnes liées à l'attentat ont été arrêtées, a annoncé 
Erdogan. "Cela va continuer car on a vu que les auteurs de ce crime ont des
ramifications à l'intérieur et à l'extérieur", a-t-il ajouté.

  Fidèle à sa rhétorique,  Davutoglu a mis en cause la "responsabilité" du
président syrien Bachar al-Assad, accusé d'instrumentaliser les YPG. "Nous nous réservons le droit de prendre toute mesure contre le régime syrien", a-t-il
menacé.

Le chef du gouvernement turc a également mis en garde la Russie, alliée de
Damas. "Si ces actes terroristes continuent, elle sera tenue pour responsable",
a-t-il averti.

Après deux ans de cessez-le-feu, des affrontements meurtriers ont repris
l'été dernier entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à
majorité kurde du pays.

Jeudi matin, un convoi militaire a été visé par une attaque dans la
province de Diyarbakir, tuant au moins six soldats et faisant de nombreux
blessés, a-t-on appris auprès des services de sécurité.