02-05-2024 10:24 AM Jerusalem Timing

L’Allemagne redoute un enracinement de la xénophobie dans l’ex-RDA

L’Allemagne redoute un enracinement de la xénophobie dans l’ex-RDA

Le phénomène n’est pas nouveau mais prend avec l’afflux d’un nombre record de migrants une nouvelle dimension.

  L'Allemagne s'inquiète d'une forme de dérive xénophobe dans l'ancienne RDA, amplifiée avec l'arrivée des migrants et aiguillonnée par des mouvements politiques comme Pegida, après plusieurs incidents dont l'incendie d'un foyer sous les vivats de la foule.

"La honte de Saxe", titre lundi le quotidien de gauche TAZ en résumant un sentiment largement partagé: le pays est scandalisé par les événements survenus dans cet Etat régional oriental, qui ont réveillé de mauvais souvenirs.

Il s'agit en premier lieu de l'incendie vraisemblablement criminel d'un bâtiment devant accueillir des réfugiés à Bautzen. Au-delà de l'acte --il s'en est produit beaucoup de ce type ces derniers mois-- ce sont les quelques dizaines de badauds "manifestant une joie non dissimulée", selon la police, voire gênant l'intervention des pompiers, qui ont choqué.

   L'Allemagne se remémore le traumatisme causé par la vague de violence anti-immigrés de la période post-réunification, lorsqu'un foyer à Rostock, déjà dans l'ex-RDA, avait été pris d'assaut en août 1992 et incendié sous les applaudissements d'une foule de 3.000 personnes.

"De nouveau on se réjouit quand ça brûle" en Allemagne, déplore lundi le quotidien populaire berlinois B.Z.

   L'incendie de Bautzen est survenu après qu'un bus de réfugiés arrivant dans un autre foyer, à Clausnitz toujours en Saxe, eut été accueilli jeudi soir par une centaine de manifestants très remontés. Les images d'un policier évacuant de force un adolescent du car et les révélations sur l'appartenance du responsable du foyer au parti anti-réfugiés Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont ajouté à la polémique.
   La chancelière Angela Merkel, par la voix de son porte-parole Stefan Seibert, a parlé lundi d'un événement "profondément honteux" et accusé la foule de "lâcheté".

 Ces actes soulignent une nouvelle fois l'écho particulier que rencontre le discours hostile aux migrants auprès d'une frange radicalisée de l'opinion dans l'ex-RDA.
   "La haine et la violence sont davantage visibles à l'Est", a reconnu lundi l'ancien président de la chambre des députés, Wolfgang Thierse, issu lui-même de RDA et figure morale très respectée en Allemagne.

   "Ceux qui au cours des 25 dernières années" depuis la chute du Mur de Berlin "ont dû surmonter tant de changements ont manifestement des convictions démocratiques et morales moins solides" qu'à l'Ouest, a-t-il indiqué au groupe de presse régional Funke.

   Le phénomène n'est pas nouveau mais prend avec l'afflux d'un nombre record de migrants une nouvelle dimension.

Avec AFP