Les détenus palestiniens dans les geôles de l’occupation victimes de mauvais traitements systématiques, selon deux ONG israéliennes. La maison des familles de martyrs dénonçant leurs fils ne sera pas détruite.
Le chef de la police d’occupation israélienne, Roni Alsheikh, a prononcé un discours mardi lors de la cérémonie de nomination du nouveau commandant de la police du district nord le major-général Alon Asor, en déclarant que son organisation se prépare à un grand effort de recrutement parmi les Palestiniens originaires des territoires occupés en 1948.
"La police est en constante coopération avec la population arabe (terme utilisé pour désigner les Palestiniens originaires des territoires occupés en 1948) " a déclaré Roni Alsheikh.
"Plus nous agirons avec la population, plus les arrestations seront perçues comme un service public" a-t-il ajouté.
La maison des familles de martyrs dénonçant leurs fils ne sera pas détruite
Par ailleurs, les autorités d’occupation ont décidé mardi d’adopter une nouvelle politique quant à la destruction des maisons de martyrs ou d’assaillants palestiniens.
Les familles qui dénonceront un de leur membre ayant commis des opérations de résistance seront assurées que leur maison ne sera pas détruite, a recommandé le procureur général du gouvernement israélien.
Ce dernier avait demandé à ne pas détruire la maison d’un assaillant qui a tué deux Israéliens en Cisjordanie occupée car le père avait dénoncé l’opération menée par son fils, rapporte les médias israéliens, dont i24.
Les forces d’occupation ont détruit dans la nuit de lundi à mardi près d’AlKhalil Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée, les maisons de deux Palestiniens auteurs d'opérations de résistance ayant fait cinq morts en novembre.
L'armée d’occupation israélienne a indiqué avoir détruit dans la nuit les maisons de Mohammed al-Harub et Raëd Masalmeh à Deir Sammit et Doura, deux localités proches d’AlKhalil Hébron.
Par ailleurs, 19 Palestiniens ont été arrêtés dans la nuit à Jénine et Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lors des perquisitions de l’armée d’occupation, a rapporté la police palestinienne.
Deux ONG israéliennes dénoncent les mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens
Les mauvais traitements infligés par le Shin Bet, le service de sécurité intérieur israélien, lors de ses interrogatoires sont si systématiques qu'ils laissent supposer que cela relève d'une politique délibérée, affirment mercredi deux ONG israéliennes dans un rapport.
L'étude de 70 pages, publiée par les organisations israéliennes de défense des droits de l'Homme B'Tselem et Hamoked, est basée sur les témoignages de 116 suspects interrogés à la prison de Shikma, dans la ville occupée d'Ashkélon, entre août 2013 et mars 2014.
Selon le rapport, le troisième d'une série d'études sur les interrogatoires de Palestiniens, les ressemblances sont frappantes avec les méthodes utilisées dans d'autres établissements.
"Les descriptions ressemblent de façon frappante aux témoignages déjà fournis par des détenus dans d'autres centres. Il semblerait que cette manière de procéder constitue en fait une politique officielle quant à la manière de conduire les interrogatoires", affirment les ONGs dans ce rapport intitulé "Soutenu par le système".
Selon le rapport, dans cette prison, le Shin Bet a notamment recours à la privation de sommeil pendant de longues périodes. Les détenus sont attachés par les pieds et les mains à des chaises pendant des heures et exposés à du froid ou de la chaleur extrêmes.
"L'interdiction aux détenus de prendre une douche ou de changer de vêtements pendant des jours et même des semaines, l'incarcération dans une cellule minuscule et sentant mauvais, en général en isolement total, pendant de nombreux jours (...) font partie des pratiques courantes", ajoute le rapport.
"La combinaison des conditions à l'intérieur et à l'extérieur de la salle d'interrogatoire constitue un traitement abusif, dégradant et inhumain, allant même dans certains cas jusqu'à la torture", peut-on lire.
Selon le texte, 39 des Palestiniens interrogés par « Israël » avaient été arrêtés et torturés par l'Autorité palestinienne avant d'arriver à la prison de Shikma.
Certains ont affirmé que les questions posées par les agents israéliens laissaient supposer que l'Autorité palestinienne avait transmis ses informations au Shin Bet.
Daniel Shenhar, un des auteurs du rapport, regrette le manque de réponses des autorités d’occupation israéliennes aux accusations contenues dans le document.
"L'absence d'enquête conduit à l'impunité, et à l'immunité de facto des interrogateurs et de ceux qui violent les droits de l'Homme", a-t-il dit à des journalistes.