22-11-2024 04:50 PM Jerusalem Timing

Les Sahwas d’Irak relancées à Falloujah: Vers le partage final du pays?

Les Sahwas d’Irak relancées à Falloujah: Vers le partage final du pays?

Des développements très dangereux ont lieu ces jours-ci à l’Ouest de l’Irak.

Avec l’annonce faite par le mouvement “le Hamas d’Irak”, qui faisait partie des sahwas de 2006,  d’avoir attaqué les terroristes de Daech à Falloujah (ouest), des interrogations se posent sur l’intention de raviver le projet des sahwas. 

Ces sahwas ont été formées au lendemain de l’invasion américaine de l’Irak pour lutter contre l’organisation terroriste d’al-Qaïda. Elles comprennent surtout des jeunes de tribus irakiennes sunnites de l’ouest de l’Irak.

Le plus dangereux dans ce projet, c’est qu’il coïncide avec des efforts sérieux pour dissoudre les forces de la mobilisation populaire, et de propulser sur le devant de la scène des personnalités scissionnistes, ce qui renforce les plans de Joe Biden soutenant le partage du pays. 

Les autorités locales et les tribus à Falloujah -- à leur tête Abdel Rahmane Zawbai, chef du conseil des tribus de Falloujah -- placent les derniers développements dans le cadre de « la révolution contre Daech qui multiplie les atrocités contre les habitants ».

Mais plusieurs faits sur le terrain infirment ces allégations :

-    Depuis l’occupation par Daech de la région de Falloujah en 2014, les voix des tribus et des notables se sont élevées pour prêter allégeance à ce groupe wahhabite takfiriste, le considérant comme une alternative à l’Etat. En mai 2015, un nombre de chefs de tribus de Falloujah ont joint « le premier congrès des tribus d’al-Anbar ». Dans la déclaration finale, les participants ont indiqué que « l’Etat islamique (soit Daech) est venu s’installer à al-Anbar pour défendre le Vrai et combattre l’oppression envers les sunnites. Nous acceptons de bon gré que les hommes de l’Etat islamique nous représentent sur terre ».

-    Quelques semaines plus tard, « le deuxième congrès des tribus d’al-Anbar » s’est tenu avec la participation de notables de Falloujah. Leur porte-parole était clair dans ses propos : « Depuis la ville de Ramadi-- celle qui a vaincu les croisés et les râfidhites--  cheikhs, notables et fils de tribus félicitent la population d’al-Anbar pour la victoire écrasante contre les mécréants. Nos épées combattent avec les soldats de l’Etat islamique contre un seul ennemi. Nous sommes à bord du même navire et nous ne permettrons à personnes de le perforer ».

-    Ensuite, une réunion élargie a été tenue sous le titre « les tribus de Falloujah, une épine dans les yeux des ennemis ». Une diatribe violente a été prononcée contre « la coalition safavide contre les sunnites ». Les jeunes de tribus qui combattent avec l’armée et les forces de la mobilisation populaire ont été traités de traitres et les participants ont affiché leur solidarité avec le dirigeant de Daech Abou Bakr Baghdadi.

Partant de là, comment ces mêmes personnalités optent-elles aujourd’hui pour changer leur fusil d’épaule et prétendent-elles combattre Daech ?

Dans le but de justifier leurs allégations, ces responsables tribaux avancent que Daech pratique une politique de famine et de torture contre la population. Il suffit de mentionner les derniers rapports des agences internationales (comme le rapport de REUTERS en décembre 2015) selon lesquels les conditions de vie difficiles et le manque de nutrition sont le résultat normal de l’état de guerre et du siège imposé sur la ville. Donc, cette situation n’est pas récente !

Le Hamas d’Irak et Issaoui

A peine quelques heures aux combats survenus à l’ouest, au centre et au sud de Falloujah, le mouvement Hamas d’Irak, affilié à l’ancien ministre des Finances Rafeh Issaoui, a posté sur internet une vidéo sur les combats contre Daech.
En effet, Issaoui est recherché par la justice irakienne pour implication dans des actes terroristes, et il est le premier responsable de l’installation des fameuses tentes à Ramadi. Ses gardes du corps ont avoué avoir commis des massacres sur ordre direct d’Issaoui.

Par ailleurs, ce responsable fut, avec l’ancien vice-président Tarek Hachémi, les premiers dirigeants ayant réactivé le rôle d’al-Qaïda et de l’armée irakienne libre à l’ouest de l’Irak. Ils ont joué le rôle primordial dans le passage des miliciens de Daech à al-Anbar et Ninive.

Rafeh Issaoui était également commandant des unités de Falloujah et d’Amiriya al-Falloujah aux conseils des sahwas formés par les Américains fin 2006.
Il semble donc que le même scénario américain se répète.

Le nouveau projet US se base sur l’implication des tribus d’al-Anbar dans la bataille de Ramadi et l’entrainement des forces de la mobilisation nationale à Mossoul dans les combats contre les miliciens de Daech en échange d’engagements d’autonomie sunnite similaire à la version en place dans le Kurdistan.

Donc, les propos américains sur la nécessité d’impliquer les sunnites dans les combats en Irak sont tout sauf innocents.

Ces dernières heures, le commandement des opérations conjointes américaines a  parlé d’une possible révolution populaire à Falloujah et de la présence de canaux de communication avec les tribus révoltées. Ce commandement a affiché sa disposition à fournir l’aide militaire à ces tribus, ce qui laisse présager des développements très dangereux qui met en vigueur le projet de Joe Biden : le partage de l’Irak en trois Etats : chiite, sunnite et kurde !
   

Traduit du site al-Akhbar