Ibrahim Charif a été condamné à un an de prison pour "incitation à la haine contre le régime".
Ibrahim Charif, figure de l'opposition bahreïnie, a été condamné mercredi à un an de prison pour "incitation à la haine contre le régime", selon une source judiciaire.
Amnesty International a aussitôt dénoncé ce "nouvel exemple de l'intensification de la répression contre les opposants pacifiques" dans le royaume de Bahreïn.
La Haute cour criminelle de Manama, qui a condamné Ibrahim Charif, n'a toutefois pas retenu contre cet opposant sunnite l'accusation d'"appel à changer le régime par la force", a précisé la source judiciaire.
Dans un communiqué, les services du procureur général se sont montrés déçus par le verdict et ont indiqué qu'ils examinaient la possibilité de faire appel.
Ils ont également rappelé que la loi bahreïnie donnait à M. Charif la possibilité de faire appel de ce jugement et de s'adresser en ultime recours à la Cour de cassation.
A l'ouverture de son procès en août 2015, M. Charif avait plaidé non coupable de l'accusation d'"appel à changer le régime par la force", estimant qu'elle ne reposait que sur des "présomptions" du parquet.
M. Charif avait été arrêté en juillet 2015, peu après avoir été libéré de prison, et la justice avait décidé de le juger pour "incitation à la haine contre le régime et appel à changer le régime par la force".
La décision de la justice était intervenue après une prise de parole publique de M. Charif pendant laquelle il avait critiqué le gouvernement lors d'une cérémonie à la mémoire d'une des victimes de la répression du soulèvement de la majorité chiite en 2011.
M. Charif avait été libéré en juin 2015 en vertu d'une amnistie royale, après avoir passé quatre ans derrière les barreaux, alors qu'il était condamné à cinq ans de prison pour implication dans les violences ayant accompagné la répression.
Cet opposant avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation.
Le chef de l'opposition chiite, cheikh Ali Salmane, purge quant à lui une peine de quatre ans de prison à laquelle il avait été condamné en juin 2015 pour incitation à la désobéissance.
Al-Wefaq, le mouvement que dirige cheikh Salmane, est le principal moteur de la contestation qui a débuté en février 2011 dans le petit royaume de Bahreïn où la majorité chiite réclame des réformes politiques et une vraie monarchie constitutionnelle à la dynastie des Khalifah, au pouvoir depuis deux siècles.
Amnesty International a vivement réagi au verdict de mercredi. "La condamnation d'Ibrahim Charif à une nouvelle année de prison simplement pour avoir appelé à la réforme dans un discours est une attaque scandaleuse contre la liberté d'expression", a dit James Lynch, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, dans un communiqué.
Avec AFP