Son juge juridique est un religieux saoudien connu pour avoir prêté allégeance au roi saoudien défunt Abdallah.
Le Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie, exclue de l'accord de cessez-le-feu comme son rival l'Etat islamique (EI), est selon la définitin de l'AFP, "un groupe jihadiste aguerri aux combats, bien organisé et allié avec la rébellion anti-Assad".
Tous deux appartiennent à l'école religieuse wahhabite, religion d'Etat en Arabie saoudite.
Cette milice est apparue officiellement en janvier 2012, soit huit mois après le début de la contestation pacifique qui s’est mue en une insurrection militaire contre le président syrien Bachar al-Assad, en raison de l’ingérence des puissances occidentales et des monarchies arabes. La Syrie faisant partie de l'axe de la Résistance contre le projet sioniste au Proche-Orient.
L'entrée du front al-Nosra en Syrie avait été saluée par l'opposition pro occidentale, dont à cette époque le Conseil national syrien, et son bras armé, Armée syrienne libre (ASL).
En cette année, il a réalisé la plupart des attentats suicides aux voitures piégées perpétrées dans les quartiers loyalistes des différentes villes syriennes, surtout Damas. Dont le quartier Jaramana .
Il est d'abord un prolongement de Daesh, (la milice Etat islamique d'Irak-EII), branche irakienne d'Al-Qaïda. Son chef actuel, un Syrien qui a pris le nom guerre d'Abou Mohammad al-Joulani, a fait ses premières armes en Irak où il est devenu un chef dans la province de Ninive, une place forte des miliciens takfiristes dans le nord, notamment dans sa capitale Mossoul.
En avril 2013, le Front Al-Nosra refuse de fusionner avec l'EI, et prête allégeance au chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri. En novembre, ce dernier proclame cette organisation comme l'unique branche d'Al-Qaïda en Syrie.
Des combats violents l'opposent à l'EI qui le chasse de son fief de Deir Ezzor, une province de l'est riche en pétrole.
Les rebelles syriens coexistent avec eux
Les combattants d'Al-Nosra tournent autour de 7 à 8.000 selon Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie. "Il y a pas mal d'étrangers parmi les cadres et dans une moindre mesure parmi les combattants".
Pour Aymenn al-Tamimi, chercheur sur les mouvements jihadistes takfiristes en Syrie et en Irak, ils sont entre 5 et 10.000 dont 80% de Syriens.
"Il n'y a pas de territoire contrôlé de manière exclusive par Al-Nosra. Même dans les régions où ils sont très influents, comme certaines parties de la province d'Idleb (nord-ouest), d'autres groupes coexistent avec eux, estime Thomas Pierret.
Parmi ces groupes proches du front al-Nosra figurent en tête Ahrar al-Sham, et Jaïch al-Fateh, une coalition formée de nombreuses milices.
Selon Pierret, son "centre de gravité" est la province d'Idleb et par extension le sud de la province septentrionale d'Alep.
Le chef d'Al-Nosra avait même affirmé son ambition en juillet 2014 de constituer un "émirat islamique" à l'instar du "califat", proclamé juste avant par Daesh dans la province syrienne de Raqqa et à Mossoul en Irak.
Il l'a mis en exécution son intention dans la province d'Idleb, depuis 2015, avec l'aide de religieux saoudiens n'ayant aucun lien avec al-Qaïda, dans le passé. Son juge religieux est cheikh Abdallah Mahaycini, connu, selon le journal libanais Assafir pour avoir prêté allégeance au roi saoudien défunt Abdallah et à la dynastie des Saoud.
"D'une manière générale, il est beaucoup moins influent dans le Sud (...) c'est un acteur mineur sur le front sud (Deraa et Quneitra) et dans les banlieues de Damas", note M. Pierret.
Financement obscur: le Qatar
Le financement du groupe est assez obscur.
Pour Aymenn al-Tamimi, "le Front Al-Nosra a des relations avec les services de renseignement turcs et des donateurs du Golfe".
Selon Thomas Pierret, "le Qatar a longtemps toléré des levées de fonds privés au profit d'Al-Nosra à partir de son territoire et la Turquie a facilité les opérations d'Al-Nosra le long de sa frontière".
Pour lui, Al-Nosra "demeure un groupe jihadiste transnational fermement attaché à son allégeance à Al-Qaïda" et qui a "toujours refusé de dialoguer avec l'opposition politique".
La différence entre Al-Nosra et l'EI tient, selon M. Pierret, à leurs relations avec les autres factions rebelles. "L'EI se considère comme +l'Etat+ et estime que les autres groupes armés sont illégitimes tant qu'ils ne lui prêtent pas allégeance".
"Al-Nosra se comporte lui comme un groupe armé parmi d'autres, pouvant affronter certaines factions rebelles au nom de différends idéologiques mais ne rejetant pas en principe la légitimité de l'existence d'autres groupes", résume l'analyste.
Selon Aymen al-Tamimi, les deux groupes ont le même objectif, "à savoir créer un califat (...) mais Al-Nosra joue plus subtilement avec une approche à long terme en essayant de se constituer un soutien populaire".
Avec AFP