Voilà à quoi il faut faire attention pour ne pas perdre de vue ces élections: pas moins de 1 121 candidats qui se battent pour 30 sièges parlementaires..
Les élections iraniennes de cette semaine sont cruciales, car elles détermineront si une ouverture contrôlée de style persan, réalisée par le président Hassan Rohani et son premier ministre Javad Zarif, assurera la continuité, soutenue par un Majlis (parlement) favorable.
Non seulement les élections iraniennes mettent la lumière sur des acteurs politiques de premier plan, tels que le président du «dialogue des civilisations» [Mohammad] Khatami et le président immensément controversé [Mahmoud] Ahmadinejad ; les élections législatives, pour leur part, opposent un éventail de factions impliquées dans des alliances complexes quasiment opaques pour l’observateur extérieur.
Cette fois, sont en jeu : les affaires juteuses d’après l'accord nucléaire de Vienne et la fin des sanctions de l'ONU et de l'UE (des sanctions américaines importantes subsistant encore) et l'intégration progressive de l'Iran dans les nouvelles routes de la soie initiées par la Chine. La stratégie de l'Iran visant à récupérer des parts du marché mondial du pétrole, couplée à l'immense investissement nécessaire pour moderniser son industrie de l'énergie ; contrats après contrats conclus avec les partenaires européens (sans parler des partenaires asiatiques) ; l’entrée complète, et non partielle, de l'Iran sur les marchés de consommation mondiaux ; et dernier point mais pas le moindre – une chance d’être réélu pour Rohani lors du prochain scrutin présidentiel.
Alors, oubliez la désinformation occidentale proverbialement pathétique, en particulier l’habituelle diabolisation de tout ce qui est lié à l’Iran de la part des néo-conservateurs américains et des sionistes.
Selon l'analyste en géopolitique Pepe Escobar, "les élections en Iran qui ont lieu aujourd'hui seront «quelque chose d'énorme».
Voilà à quoi il faut faire attention pour ne pas perdre de vue ces élections:
Selon Escobar, la participation est importante . Lors des élections législatives de 2012, le taux de participation était de 64%. Plus il y a de gens à adhérer au système de Rohani, mieux c’est.
Il estime que quelque chose d’énorme se passe à Téhéran, avec pas moins de 1 121 candidats qui se battent pour 30 sièges parlementaires.
Les favoris :
Parmi les réformistes, c’est Mohammad Reza Aref, vice-président de Khatami de 2001 à 2005. Il ne s’est pas présenté aux élections présidentielles de 2013, suite à la suggestion de Khatami, ce qui a ouvert la voie à la victoire de Rohani. Il est fondamentalement modéré. Il y a aussi Kazem Jalali, membre d'une faction conservatrice, les partisans du Leadership.
Interrogé s'il y a une sorte de front uni d'anti-traditionnalistes, Escobar répond qu'"il regroupe les réformistes (toutes sortes de partisans de Rohani et de Zarif), les conservateurs modérés (y compris le président du Parlement, l’influant Ali Larijani) et les adeptes du leadership mentionnés ci-dessus".
Pour ce qui est des conservateurs, il y a Gholam-Ali Haddad-Adel, conseiller principal du Guide de la Révolution Ali Khamenei ; sa fille est mariée avec le fils de Khamenei, Mojtaba, il dirige la liste conservatrice composée de 30 candidats.
Pas vraiment. Leur liste comprend des durs - comme l'hodjatoleslam Morteza Agha-Tehrani (ancien conseiller de Ahmadinejad) et Esmail Kowsari (un membre clé de la Commission parlementaire de la sécurité nationale et de la politique étrangère).
Fait marquant : ils ne digèrent pas l'ouverture initiée par Rohani.
Toujours selon l'analyste géopolitique , ces élections ne vont pas changer la politique étrangère de Rohani ni vont interférer avec l'accord nucléaire de Vienne.
"Toutefois, le problème se situe dans les élections pour l'Assemblée des experts - parallèlement aux élections législatives. Parce que les 88 membres de l'Assemblée des experts, selon la Constitution iranienne, vont choisir le prochain Guide. Khamenei a 76 ans, son état de santé s’est amélioré, mais il y a une chance énorme que cette Assemblée – qui est élue pour huit ans – va finir par choisir le prochain leader.
Ce qui risque de se passer, c'est une bataille entre «Le Requin» Rafsandjani et les ultra traditionnalistes. Il est utile de rappeler que Rafsanjani – le conseiller le plus proche de l'ayatollah Khomeini – a joué un rôle décisif dans l’élection de Khamenei comme Guide suprême. Il a déjà présidé l'Assemblée des experts, de 2007 à 2011" a-t-il souligné.
Et de conclure qu'"il s’agit d’une étape importante pour l'Iran sur son chemin pour devenir la prochaine success story de l’économie mondiale. Mais de préférence, dans un avenir proche, à la faveur d'un second mandat de Rohani et non pas avec un prochain Guide suprême qui ne prône pas une ligne trop dure".
Avec RT