Le parti travailliste est profondément divisé sur ce dossier.
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à Londres pour protester contre le renouvellement du programme de dissuasion nucléaire britannique Trident, voulu par le gouvernement conservateur.
L'un des organisateurs, l'ONG "Campaign for Nuclear Disarmament" a annoncé
que 60.000 personnes s'étaient rassemblées à Trafalgar Square, le point
d'arrivée du défilé à travers le centre de la capitale.
La police n'a, elle, pas voulu communiquer de chiffre sur cette manifestation considérée comme "la plus importante en une génération" par les
militants anti-nucléaire.
La Première ministre de l'Écosse, Nicola Sturgeon, et le leader de
l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, ont dénoncé à la tribune un programme
"immoral".
Caroline Lucas, l'ancienne leader du parti vert, a évoqué "une relique de
la guerre froide".
Une décision doit être prise cette année sur le remplacement des quatre
sous-marins nucléaires Trident, pour un coût d'au moins 31 milliards de livres
(39 milliards d'euros).
Le gouvernement de David Cameron est favorable au renouvellement de cette
flotte nucléaire vieillissante, basée à Faslane, dans l'ouest de l'Écosse,
soulignant qu'elle était vitale pour la sécurité du pays.
Il veut remplacer les quatre sous-marins, dont un est toujours en mission
quelque part dans le monde, 24 heures sur 24, par des submersibles "Successor" pour une entrée en service au début des années 2030.
"Désarmer en ce moment reviendrait à jouer avec notre sécurité nationale un
jeu qui serait irresponsable et qui profiterait à nos ennemis", a souligné
Philip Dunne, secrétaire d'État à la Défense, avant la manifestation.
Le parti travailliste est lui profondément divisé sur ce dossier. Son chef
de file, le pacifiste Jeremy Corbyn, veut abolir le programme. "Je suis ici
aujourd'hui parce que je crois dans un avenir sans nucléaire", a-t-il dit
samedi.
Mais cette position est loin de faire l'unanimité au sein de son parti. Le Parti national écossais SNP est, lui, davantage uni dans son opposition, comme l'a rappelé Nicola Sturgeon. "Le non-nucléaire est devenu la norme et posséder des armes nucléaires une exception", a-t-elle insisté.
Les manifestants brandissaient des posters sur lesquels on pouvait lire des
slogans tels que "des livres, pas des bombes" ou "des bus plutôt que du
nucléaire".
"Les armes nucléaires sont dépassées, une manière datée de considérer la
guerre. Nous jetons littéralement de l'argent par la fenêtre pour des jouets",
a déclaré Owen Black, venu du sud de Londres, à l'AFP-TV.