Ces propos confirment ce qui était un secret de polichinelle.
Un haut dirigeant du Pakistan a reconnu publiquement pour la première fois que son pays offrait un asile sûr aux dirigeants des talibans afghans, ajoutant que cela permettait à Islamabad de pousser les insurgés à la négociation.
Les propos du conseiller aux Affaires étrangères Sartaj Aziz interviennent après des années de démenti de la part d’Islamabad, accusé de soutenir les talibans, et en pleines discussions pour relancer un dialogue entre Kaboul et les insurgés.
Évoquant les talibans afghans devant un centre de recherches américain, le Conseil des Affaires étrangères (CFR), mardi à Washington, il a assuré : « nous avons de l’influence sur eux, car leur direction est au Pakistan, et ils y sont soignés, leur famille est là ».
« Nous pouvons donc utiliser ces moyens de pression pour leur dire “venez à la table” » des négociations, a-t-il ajouté selon une transcription de ses propos publiée sur le site Internet du CFR.
Ces propos confirment ce qui était un secret de polichinelle, surtout depuis que le Pakistan est devenu un médiateur pour organiser un dialogue direct entre le gouvernement afghan et les insurgés.
Le pays avait accueilli l’été dernier une première session de ce dialogue, qui avait tourné court après l’annonce de la mort du dirigeant historique des talibans, le mollah Omar, décédé en 2013.
La plupart des dirigeants talibans afghans sont considérés comme basés à Quetta, ville du sud-ouest pakistanais, tandis que d’autres habitent à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, ou dans la ville portuaire de Karachi (sud).
Les représentants du Pakistan, d’Afghanistan, des États-Unis et de la Chine se sont retrouvés fin février pour une quatrième session de pourparlers quadripartites visant à relancer le dialogue afghan.
Au cours de cette rencontre, les quatre pays ont invité les représentants talibans à s’asseoir à la table des négociations avec Kaboul d’ici la première semaine de mars — mais un porte-parole du mouvement a par la suite assuré que les insurgés n’avaient pas encore reçu d’invitation.
Aziz a indiqué qu’Islamabad avait déjà menacé les talibans d’expulsion afin de les forcer à participer au premier dialogue direct.
« Avant la rencontre du 7 juillet dernier, nous avons eu à utiliser certains de ces moyens de pression, nous avons restreint leurs mouvements, leur accès aux hôpitaux et autres infrastructures, et nous les avons menacés : si vous ne venez pas négocier, alors évidemment nous allons vous expulser », a-t-il dit.