La propagation de l’idéologie mortifère saoudienne est financée avec l’argent du pétrole, ce pétrole que la France achète allègrement.
Le 19 février, l’Arabie Saoudite annulait la commande de 3 milliards de dollars d’armement français divers pour l’armée libanaise. Mauvaise nouvelle pour notre pays. Et accroc pour notre politique d’entente à tout prix avec cette monarchie islamo-puritaine.
Fabius avait clamé que cet accord illustrait « la qualité exceptionnelle de la relation franco-saoudienne ».
Le contrat avait été signé pour éviter que l’Iran ne propose ses propres armes au Liban. Il a été annulé parce que le Liban aurait des positions hostiles à l’Arabie Saoudite en raison de l’importance du Hezbollah dans la vie politique libanaise.
Notre allié extrémiste nous fait faux bond dans cette affaire. Et pourtant, le gouvernement français a multiplié les visites en Arabie Saoudite en 2015. Fabius régulièrement, Hollande en mai et Valls en octobre. Cela va porter ses fruits: en 2015, la France va conclure d’énormes marchés avec l’Arabie Saoudite : réacteurs nucléaires, navire patrouilleurs, airbus, hélicoptères, et 50 airbus pour 10 milliards d’Euros.
Depuis quelques années, l’Arabie Saoudite est le premier client de l’industrie français d’armement.
Vieille tradition
Les pays du Golfe ont toujours été des clients privilégiés de l’industrie française de l’armement (45% des exportations dans les années 80). En octobre 1981, le contrat dit Sawari – portant sur 4 frégates de 2 000 tonnes, 2 pétroliers-ravitailleurs, 28 hélicoptères, mais prévoyant aussi la formation des personnels et l’assistance technique initiale – représente un budget de 14 milliards de dollars.
Il s’ajoute à toute une série d’autres conclus depuis 1972, comme le contrat Shahin (équipements de trois brigades blindées).
Faire des affaires avec l’Arabie Saoudite est l’unique obsession de nos gouvernants actuels. Il faut dire que rééquilibrer la balance commerciale avec l’Arabie Saoudite est loin d’être une tache facile. En 2014, le déficit commercial de la France avec l’Arabie Saoudite est de plus de 4 milliards d’euros, avec 3 milliards d’euros d’exportation contre sept milliard d’euros d’importation. La France a reculé de la 8e à la 9e place dans le classement des fournisseurs de l’Arabie Saoudite.
Pour réduire ce déficit commercial, depuis quelques années, la France s’aligne sur les positions des Saoud pour pouvoir faire affaire avec eux.
Dernier exemple en date, le conflit au Yémen. Il a tué plus de 35.000 personnes et déplacés 2.5 millions de civils depuis moins d’un an. Amnesty International a appelé à arrêter de vendre des armes à l’Arabie Saoudite. L’organisation dénonce des crimes de guerre commis par la coalition menée par l’Arabie Saoudite. Pourtant, notre ancien ministre des affaires étrangères, candidat au prix Nobel de la paix, soutenait cette intervention. En avril 2015, il déclarait lors d’une visite à Riyad: « la France se tient naturellement aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité du Yémen » et soutenait les raids saoudiens.
La France soutient sans nuance la position de l’Arabie Saoudite en Syrie: faire partir Assad à tout prix. C’est sans doute cela qui avait poussé Fabius à déclarer, en 2012: « Le Front Al Nosra fait du bon boulot ».
Inutile de rappeler que le Front Al Nosra est la filiale syrienne d’Al-Qaïda. Comme l’a déclaré par inadvertance Biden en 2014 « ils (l’arabie saoudite, les Emirats, la Turquie) ont déversé des centaines de millions de dollars et des dizaines de tonnes d’armes sur toute personne qui combattrait Assad. » Seulement, les groupes qui ont été fournis se sont avérés être Al-Nosra et Al-Qaïda et les extrémistes jihadistes qui arrivaient de toutes les parties du monde.
Après le placement d’Al Nosra sur la liste des organisations terroristes par les USA en 2012, décision critiquée par Fabius au passage, les Saoudiens ont officiellement décidé de lutter contre Al-Nosra. Mais l’Arabie Saoudite continue à financer l’Armée de la Conquête en Syrie, coalition dont le principal membre est Al Nosra. Lequel Al-Nosra s’est réjoui des attentats de Paris.
Cela n’a pas empêché notre cher président Hollande de déclarer pendant sa visite en Arabie Saoudite:
« Lutter contre le terrorisme et faire en sorte que nous ne puissions pas rester indifférents face au chaos qui menace plusieurs Etats de la région».
Pourtant l’Arabie Saoudite n’est pas un très ardent combattant du terrorisme islamique. Dans un article du 20 janvier 2015, Yousaf Butt explique que l’Arabie Saoudite a dépensé environ 100 milliards de dollars en trente ans pour répandre le wahhabisme dans le monde. Par comparaison, l’URSS a dépensé environ 7 milliards de dollars en 70 ans pour promouvoir le communisme.
Il est aussi probable que les 28 pages expurgées du rapport sur l’attentat du 11 septembre pointaient l’Arabie Saoudite comme principal sponsor des pirates de l’air. L’auteur du rapport, Bob Graham, a déclaré que nos ennemis mortels, les djihadistes de l’Etat Islamique étaient soutenu par de l’argent Saoudien, et étaient des purs produits de l’idéologie rétrograde saoudienne, le wahhabisme. Le wahhabisme est une idéologie de haine envers les incroyants incluant les chrétiens, les juifs, les chiites, les soufis, les sunnites qui ne suivent pas la doctrine wahhabites, les hindous, les athéistes, en résumé, le monde entier.
Hillary Clinton, dans un mémo publié par Wikileaks, a écrit en 2009 :
« Des donneurs en Arabie Saoudite constituent la source de financement la plus importante des groupes terroristes sunnites mondiaux ». « L’Arabie Saoudite reste une base essentielle du financement d Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes ».
Un document hallucinant sur Zacarias Moussaoui décrit comment il collectait l’argent auprès des membres haut-placés de la famille princière pour le compte de Ben Laden.
Mais finalement, la propagation de l’idéologie mortifère saoudienne est financée avec l’argent du pétrole, ce pétrole que la France achète allègrement. Il serait peut-être temps, pour lutter vraiment contre le terrorisme de trouver d’autres fournisseurs ou mieux, de développer des énergies alternatives…
Source : Beerblog